On ne traverse pas un demi-siècle sans réaliser quelques gains. En utilisant son expertise et ses convictions dans de nombreux débats qui ont animé la vie économique et sociale québécoise depuis 1969, le CPQ est parvenu à faire progresser la société sur plusieurs questions. De l’immigration aux lois du travail, du libre-échange à la fiscalité des entreprises en passant par les accidents de travail, ou encore, l’essor de plusieurs filières industrielles, le CPQ a remporté des victoires morales dans certains cas, des batailles importantes dans d’autres.
De 1969 à 1998, Ghislain Dufour a successivement occupé les postes de vice-président exécutif, de président et de président du conseil d’administration du CPQ, avant d’écrire un ouvrage de 541 pages témoignant des 30 premières années du CPQ. Pour lui, la création même du CPQ représente un gain extraordinaire pour les employeurs et la société québécoise. « C’était la première fois qu’en matière de relations de travail, il y avait une concertation entre le monde syndical, gouvernemental et patronal, dit-il. Avant, ce triangle indispensable n’existait tout simplement pas ! »
Une contribution à la paix sociale
L’évolution des relations de travail n’a jamais cessé d’être au cœur des préoccupations du CPQ. « On a toujours fait valoir notre point de vue dans un esprit de dialogue, dit Ghislain Dufour. Et à force de se parler et de faire comprendre à toutes les parties impliquées qu’une grève n’est jamais payante, ni pour l’employeur ni pour les employés, je crois que si l’on cumule aujourd’hui beaucoup moins de jours-personnes non travaillés en raison d’un conflit de travail, c’est en grande partie grâce aux efforts du CPQ. Cependant, il faut rester vigilant, car de nouveaux dossiers pointent à l’horizon. »
Le français, langue du travail au Québec
La langue a suscité au sein même du CPQ de vifs débats. « À l’époque, au Québec, on travaillait beaucoup avec des employeurs anglophones, rappelle Ghislain Dufour. Les directives venaient souvent de Toronto ou des États-Unis. Alors, avoir des négociations syndicales en français au Québec, ce n’était pas toujours facile ! On a réussi, avec d’autres, à vendre l’idée que le français était la langue officielle au Québec, et que les négociations devaient se dérouler en français. En ce qui me concerne, ce fut un gain important. »
Positionner la notion de prospérité inclusive dans un contexte d’austérité
Après l’introduction de son Bulletin sur la prospérité, publié régulièrement depuis 2010, et après s’être doté de la nouvelle signature « S’allier pour la prospérité » en 2013, le CPQ a décidé d’aller plus loin. « En 2014, grâce à l’appui de ses membres, le CPQ a mis en œuvre la campagne PROSPÉRITÉ .QUÉBEC, par tous, pour tous et
avec tous, et ce, jusqu’en 2016 », dit le président du CPQ, Yves-Thomas Dorval. Ainsi, non seulement l’organisme a pu faire ressortir sur la place publique la notion d’une nécessaire prospérité inclusive, alors que de nombreux groupes criaient à l’austérité, mais sa campagne de trois ans a permis de réunir, comme il l’avait fait en relations de travail, des intervenants de tous les horizons afin de témoigner des enjeux et des pistes de solution pour contribuer à la prospérité économique de toute la société. Pas étonnant, alors, que plusieurs attribuent au CPQ l’étiquette de promoteur officiel de la prospérité au Québec.
Une stratégie nationale sur la main-d’œuvre
Déjà en 1987, le CPQ sonnait l’alarme en anticipant les enjeux liés au vieillissement de la population. Dès lors, le CPQ a commencé à militer contre les « entraves à la croissance démographique » afin de pallier les importantes pénuries de main-d’œuvre à venir en raison, notamment, de la baisse de la natalité et des départs à la
retraite des baby-boomers. « Quand je suis arrivé au CPQ en 2009, raconte Yves-Thomas Dorval, les données indiquaient qu’autour de 2015, il y aurait chaque année plus de gens qui quitteraient le marché du travail que de gens qui s’y ajouteraient. » En 2016, le CPQ a approché le gouvernement du Québec en lui demandant d’adopter
une stratégie nationale sur la main-d’œuvre. « On a développé les grandes orientations de cette stratégie, et après des consultations régionales, le gouvernement québécois a accepté d’aller de l’avant. » Dévoilée en mai 2018, la Stratégie nationale sur la main-d’œuvre (SNMO) prévoit des investissements de 1,3 milliard de $
et une quarantaine de mesures pour s’attaquer au défi qu’est la rareté de main-d’œuvre, dans un contexte de grandes mutations technologiques de surcroît. « Une grande victoire pour le CPQ », rappelle Yves-Thomas Dorval.