Depuis 50 ans, l’économie québécoise a changé du tout au tout. Le Québec a fait de grands progrès sur les plans du revenu, de l’éducation et de la participation des femmes au marché du travail. Toutefois, il lui reste bien des défis à relever, à commencer par celui d’augmenter sa productivité. Victoires, enjeux et pistes de solutions.
Dans les 50 dernières années, le Québec a fait de prodigieux bonds en avant. Selon Statistique Canada, depuis 1966, le revenu disponible des ménages s’est multiplié par 20, une croissance un peu plus élevée que celle de l’ensemble du Canada.
Le niveau d’éducation a lui aussi augmenté radicalement. En 1960, 71 % des Québécois n’avaient pas de diplôme d’études secondaires. Aujourd’hui, seulement 6 % échouent à obtenir leur diplôme d’études secondaires.
L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) rapporte que les femmes sont plus actives au Québec que nulle part ailleurs dans le monde. De 1976 à aujourd’hui, le pourcentage de femmes de 25 à 44 ans sur le marché du travail est passé de 44 % à 87 %, notamment en raison des services de garde à coût abordable, des congés parentaux étendus et de la politique familiale québécoise.
Un retard de productivité
Toutefois, malgré ces avancées notables, le Québec fait encore face à de nombreux obstacles, qui freinent sa productivité et sa capacité d’innover. Selon l’OCDE, le Québec est en effet sous la moyenne de la productivité mondiale, et légèrement en retard par rapport au reste du Canada. « Le Québec s’est doté d’importants programmes sociaux, ce qui entraîne une fiscalité — et une dette — parmi les plus lourdes au Canada. De plus, nous avons choisi de mettre en place une réglementation exigeante,
qui nuit à la productivité et à l’innovation », explique Norma Kozhaya, vice-présidente Recherche et économiste en chef au CPQ.
Ainsi, les entreprises québécoises portent un fardeau administratif plus lourd qu’ailleurs au Canada. D’après une enquête de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, menée en 2015, les sommes qu’elles investissent pour se conformer à ces exigences représentent 2,2 % du PIB au Québec, soit un peu plus que la moyenne canadienne, qui se situe à 1,9 %. « Ces dépenses sont improductives. Les tâches administratives sont nécessaires, mais on aurait tout intérêt à réduire le temps perdu en paperasserie », souligne Norma Kozhaya.
L’éducation : le nerf de la guerre
À ce défi s’ajoutent ceux de la pénurie de main-d’œuvre, de plus en plus criante, et de la compétition internationale, de plus en plus féroce. La solution à ce double problème ? L’éducation, à la base de la compétitivité du Québec. « Pour relever le défi du capital humain, nous devons former des employés polyvalents et compétents, et adapter la formation aux besoins réels, immédiats et futurs, du marché du travail », indique Norma Kozhaya
Pierre Fortin, professeur émérite de sciences économiques à l’Université du Québec à Montréal, abonde dans le même sens. « Les entreprises québécoises doivent se mesurer aux meilleures au monde, devenir plus performantes, innover. Il faut donc favoriser rapidement la scolarisation collégiale et universitaire en sciences, en technologies, en ingénierie et en mathématiques. Le Québec a aussi besoin de bons gestionnaires, ouverts sur le monde, qui maîtrisent une troisième langue. Aujourd’hui, l’anglais et le français ne suffisent plus, surtout lorsqu’on sait que l’avenir économique mondial n’est plus aux États-Unis ou en Europe, mais en Asie. »
Le mot d’ordre : l’innovation. « C’est en innovant que les entreprises, les institutions d’enseignement et les gouvernements réussiront à surmonter les obstacles pour assurer la compétitivité et l’avenir économique du Québec », conclut Norma Kozhaya.