Lettre ouverte du PDG du Conseil du patronat du Québec, Yves-Thomas Dorval.
Classe Affaires, p. 26 – 30 avril 2018
Depuis toujours, les changements sont source d’inquiétude et d’instabilité. Par contre, ils peuvent aussi être une occasion en or de prendre les devants pour profiter des avantages d’une nouvelle situation en décidant de s’adapter rapidement afin de se retrouver à l’avant-garde. C’est l’occasion que nous offre la transition énergétique. Déjà enclenché depuis un bon moment, le cheminement vers une économie sobre en carbone est en train d’opérer une transformation en profondeur de notre société. Parmi tant d’autres domaines, la main-d’œuvre et le marché du travail en subiront les impacts et il en va de la prospérité de la province de bien s’y préparer pour rester à l’avant-garde afin de garder nos entreprises compétitives.
Une étude, à laquelle le CPQ a participé, regroupant des acteurs québécois provenant des milieux économiques, syndicaux, environnementaux, de la recherche et de l’économie sociale rendue publique à la mi-janvier, se penche sur le phénomène.
Effectivement, la transition énergétique entrainera nécessairement une mutation en profondeur du marché du travail modifiant (de près ou de loin) la description de certains postes tout en créant de nouveaux emplois. Cette transformation affectera plusieurs secteurs et sous-secteurs comme l’électrification des transports, la construction, la rénovation des bâtiments ainsi que des formes d’énergie prometteuses comme la géothermie et la biomasse. Plus de 700 000 travailleurs et travailleuses, actuels et futurs, verront leurs secteurs et leurs emplois se transformer ce qui va entrainer un sentiment d’insécurité autant pour les employés que les employeurs.
Pour pouvoir profiter au maximum des occasions engendrées par cette mutation sociétale, il est primordial de s’y préparer, afin d’en faire bénéficier toutes les régions de la province. Des programmes de formation initiale et continue, notamment en entreprise, devront être développés ou bonifiés pour outiller les jeunes qui entreront sur le marché du travail afin de leur permettre de saisir les opportunités qu’introduira la transition énergétique. Les travailleuses et travailleurs actuellement en emploi devront quant à eux s’adapter aux nouvelles technologies ou procédés. Il est aussi nécessaire de prévoir des mesures pour accompagner les employés ainsi que les employeurs dans cette mise à jour.
Lorsqu’on considère les gains en efficacité qui découleront de la transition énergétique, c’est l’ensemble de la société qui sortira gagnant grâce à une augmentation de la productivité et de la compétitivité de notre société. À l’instar de notre groupe de travail, qui réunit autour d’un même objectif, les entreprises, les syndicats, les groupes environnementaux et le milieu communautaire, nous avons la possibilité de travailler ensemble pour enrichir notre société et faire face aux défis qui nous attendent.