Lettre ouverte par Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ, publiée le 18 mars 2023 dans Le Soleil.
La beauté de notre Québec, c’est, entre autres, de voir des entreprises faire le choix de s’établir en régions. Elles deviennent de véritables moteurs économiques pour les communautés qui l’entourent. J’en sais quelque chose, après avoir habité longtemps dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Nous avons un tissu socioéconomique particulier basé sur les ressources naturelles de notre territoire. C’est une source de fierté et de prospérité.
C’est pourquoi je suis si sensible à la vitalité et au futur de nos régions. Par exemple, le cas de la Fonderie Horne à Rouyn-Noranda me préoccupe beaucoup. L’éventualité qu’elle puisse fermer ses portes serait lourde de conséquences autant au niveau économique que social.
J’aimerais d’abord insister sur le fait que le développement économique va de pair avec l’acceptabilité sociale et que la qualité de vie d’une population est incontournable. Les inquiétudes environnementales qui ont été soulevées dans ce cas-ci demandent des réponses importantes.
Cela m’amène à dire que le débat qui fait rage est nécessaire. Il invite à une discussion plus large sur qu’est-ce qu’un bon modèle de développement régional. Serait-il temps de le repenser? À mon avis, oui.
On doit se doter d’une vision pour le futur et on doit le faire avec tous les acteurs qui sont concernés : les municipalités, le gouvernement, les employeurs et la population locale. Cet exercice ne peut être fait à la pièce en fonction des différentes problématiques qui émergent. Donnons-nous l’espace pour entamer cette grande réflexion objective qui nous permettra de construire l’avenir de façon stratégique, en fonction du Québec que nous voulons.
Je suis convaincu qu’il est possible de préserver l’attrait des régions pour les entreprises, de créer de la richesse et de garantir leur vitalité économique. Dans le cas de Glencore, rappelons que la Fonderie Horne est la seule au Canada qui exploite la filière du cuivre.
Si elle fermait, cela serait également la fin d’une filière cruciale de l’économie circulaire avec des centaines d’emplois perdus à Rouyn-Noranda, mais aussi des centaines d’autres emplois pour l’Est de Montréal et pour l’ensemble du Québec. La présentation de son plan de transition nous indique qu’elle est sérieuse et prête à faire son bout de chemin. Sachant que les procédés technologiques pour réduire ses émissions prennent un certain temps à atteindre sa pleine maturité, les actions de l’entreprise qui totalisent des investissements de plus de 500 millions vont dans la bonne direction.
Avoir un portrait actualisé et nuancé
Tout n’est pas noir ou blanc. Notre société évolue et c’est tant mieux. Le discours que nous avons aujourd’hui n’est plus le même qu’il y a dix, vingt, voire cinquante ans. Nos normes en acceptabilité, en santé ou en environnement ont également changé au fil du temps. La science a progressé. Les élus, les entreprises et la population doivent jongler avec de nouvelles composantes pour répondre à la mise à jour des exigences.
Ce que j’en retiens, c’est que la recherche de solutions doit se poursuivre avec le gouvernement, les entreprises, les municipalités et la population locale, en lien avec la science et les technologies disponibles. Les gouvernements ont un rôle de les accompagner de façon responsable, selon des délais réalistes, dans cette transition.
Laissons la chance au coureur d’accélérer le rythme et de s’adapter pour la vitalité de nos régions.