Pour le Jour de la Terre, parlons d’économie circulaire

L’économie circulaire est un modèle économique encore relativement peu connu en Amérique du Nord, dont les opportunités ainsi que les bénéfices pour l’ensemble de la société sont sous-estimés.

Lettre d’opinion cosignée par le PDG du Conseil du patronat du Québec, Yves-Thomas Dorval, publiée sur le site du quotidien Le Soleil le 20 avril 2019.

Le Jour de la Terre, événement annuel mondial, permet à tous de prendre une pause afin de réfléchir à notre impact sur l’environnement autant de façon individuelle que collective. C’est ce que nous proposons de faire en nous attardant à un nouveau modèle économique qui prend de plus en plus de place dans la conversation publique, à savoir l’économie circulaire.

L’économie circulaire est un modèle économique encore relativement peu connu en Amérique du Nord, dont les opportunités ainsi que les bénéfices pour l’ensemble de la société sont sous-estimés. Pourtant, dans le contexte où nous devons absolument réduire les impacts négatifs de l’activité humaine sur l’environnement, elle représente une véritable voie de l’avenir pour accélérer notre transition vers une économie plus verte. Mais les trois paliers de gouvernement (fédéral, provincial et municipal) doivent arrimer leurs efforts et se montrer innovants afin d’agir pour lever les barrières réglementaires et favoriser sa pleine intégration.

Ce concept consiste à optimiser l’utilisation des ressources aux différentes étapes du cycle de vie d’un bien ou d’un service, tout en réduisant l’empreinte environnementale et en contribuant au bien-être des individus ainsi que des collectivités. Elle permet également d’obtenir des gains de productivité, d’efficacité et de rentabilité, en plus de stimuler la recherche d’innovation et de disposer d’un fort potentiel entrepreneurial tout en offrant de nombreuses occasions d’affaires aux entreprises.

La récupération et le recyclage, au cœur de ce modèle, offrent un système visant à donner une deuxième vie aux matières recyclables, et ce, localement. Plusieurs conditionneurs et recycleurs sont déjà bien implantés au Québec et il faut poursuivre les efforts pour stimuler l’innovation et créer de la valeur ajoutée avec ces matières qui doivent être considérées comme de véritables ressources secondaires et non plus comme des déchets.

De plus, les nouvelles attentes des consommateurs, conjuguées aux efforts planétaires de réduction des impacts de l’activité humaine, justifient pleinement que l’on s’intéresse à de nouveaux modèles tels que l’économie circulaire, qui nous rendent plus efficaces et productifs, tout en réduisant les coûts sociaux et environnementaux. Nous avons donc tout à gagner à améliorer notre compréhension de ce concept et de ces retombées, ainsi que de développer les outils permettant d’identifier les secteurs et les flux de matières à potentiel de débouchés commerciaux.

Il reste que plusieurs freins à son implantation sont présents dans les politiques publiques. Une étude publiée l’année dernière par le CPQ (Conseil du patronat du Québec), le Conseil Patronal de l’Environnement du Québec (CPEQ) et Éco Entreprises Québec (ÉEQ) a permis d’identifier diverses stratégies, mécanismes et outils qui peuvent être adoptés pour reconnaître et stimuler les secteurs et les procédés à fort potentiel d’implantation de l’économie circulaire.

Conditions réglementaires facilitantes

Pour ce faire, il est primordial que les différents paliers de gouvernement mettent en place des conditions réglementaires facilitantes et des mesures fiscales et financières susceptibles de favoriser les entreprises et les institutions dans leurs démarches. Il importe donc, d’une part, de développer davantage notre savoir-faire et, d’autre part, d’accompagner le marché et les entreprises pour une assimilation réussie de ce modèle.

L’étude identifie des secteurs à fort potentiel au Québec, tels que l’agroalimentaire, l’énergie ainsi que la construction. Elle identifie également des obstacles comme le manque d’incitatif favorisant l’achat de produits à contenu recyclé ou la présence de freins législatifs et ce, que ce soit au niveau municipal, provincial ou fédéral.

Un constat demeure, l’exploitation de certaines matières résiduelles, qui sont dirigées actuellement vers les lieux d’élimination, représente des occasions d’affaires en or et ouvre la porte à l’innovation allant du développement de nouveaux procédés de fabrication jusqu’à la création de nouveaux types de produits et services.

Voilà pourquoi nous croyons que le gouvernement devrait lever les freins à l’implantation de l’économie circulaire afin de faire profiter le plus rapidement possible le Québec de son plein potentiel et de devenir un chef de file dans le domaine. Il en va non seulement de notre vitalité économique, mais du bien-être de l’ensemble des citoyens par le maintien d’un environnement viable et d’un développement social équitable.

Signataires :

Yves-Thomas Dorval, président-directeur général, Conseil du patronat du Québec (CPQ)
Hélène Lauzon, présidente, Conseil Patronal de l’Environnement du Québec (CPEQ)
Maryse Vermette, présidente-directrice générale, Éco Entreprises Québec (ÉEQ)

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