Lettre ouverte par Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ, publiée le 7 mai 2024 dans Le Devoir.
Il y a près de 60 ans, le maire Jean Drapeau inaugurait le métro de Montréal. Un projet ambitieux de longue haleine, dont les premières réflexions avaient débuté au siècle dernier. Rappelons que ce projet a eu une renommée mondiale grâce à ses choix de matériaux et à sa conception distincte. Au début, il y avait seulement une vingtaine de stations, mais, rapidement, d’autres stations sont sorties de terre à une vitesse qui nous dépasse encore aujourd’hui, quand je compare au prolongement de la ligne bleue. Même si les coûts importants ont dû faire couler beaucoup d’encre à l’époque, nos gouvernements et nos municipalités ont pris leurs responsabilités.
Il y a bien longtemps que notre société a décidé que le transport collectif serait financé essentiellement par le public et géré par des organisations paramunicipales ou gouvernementales. Ce sont des choix de société que nous avons faits, comme celui d’avoir un système de garderie universel ou encore un système de santé public.
Aujourd’hui, on se retrouve face à des décisions difficiles parce que les finances de l’État et celles des municipalités sont fragiles, parce que la poche du citoyen et des entreprises est sursollicitée et parce qu’on a plus que jamais besoin de se décarboner. La solution n’est pas simple, mais elle ne peut pas être un désengagement de la responsabilité de l’État.
Le financement des transports collectifs est une responsabilité collective, tout comme la construction et la réparation des infrastructures routières.
Arrêtons de nous lancer la balle sur le financement et revenons à la base, soit au principe de bénéficiaire payeur. Les solutions que nous trouverons pour maintenir une offre de transport en commun attractif, étendu et performant seront au bénéfice de tous. Tant les automobilistes que les usagers du transport collectif, les gouvernements ou les municipalités bénéficient d’un système de transport en commun développé et performant.
L’une des solutions sera certainement d’être plus productif et plus efficient à même nos sociétés de transport et de revoir nos méthodes de fonctionnement pour y arriver. Cela voudra donc dire aussi revoir certains acquis.
Le transport collectif est la pierre angulaire d’un aménagement du territoire qui soutient la qualité de vie, le développement économique et qui permet de réduire les gaz à effet de serre. Si le gouvernement aspire à la carboneutralité d’ici 2050, il faut que nos choix soient conséquents. On se doit d’être ambitieux, de renforcer et développer la mobilité aux quatre coins du Québec.
J’invite les gouvernements, les groupes sociaux et les entreprises à y réfléchir ensemble et à faire preuve de créativité.
Le financement et la performance de nos systèmes de transport en commun ne devraient pas nous diviser. Ils devraient au contraire nous rassembler dans le but commun de faire du Québec un exemple parce que, tout en faisant preuve d’efficience, nous aurons aussi fait preuve d’ambition dans le déploiement de notre offre en transport collectif.