Les défis économiques du nouveau gouvernement du Québec

Le nouveau gouvernement du Québec aura du pain sur la planche afin de maintenir la vitalité économique actuelle. La grande priorité économique demeure la disponibilité et le développement de la main-d’œuvre.

Lettre ouverte d’Yves-Thomas Dorval, Adm.A., ASC, ARP, PDG du CPQ, publiée dans Le Devoir du 19 octobre 2018 et sur les sites du Soleil, du Nouvelliste, du Quotidien, de La Tribune, de La Voix de l’Est et du Droit le 20 octobre 2018.

Le nouveau gouvernement du Québec aura du pain sur la planche afin de maintenir la vitalité économique actuelle, alors que le vieillissement démographique, les évolutions technologiques, les incertitudes du marché mondial, la réforme fiscale américaine et la transition énergétique demeurent les balises à l’intérieur desquelles va devoir évoluer notre économie au cours des prochaines années.

Main-d’œuvre : le défi économique numéro un

La grande priorité économique demeure la disponibilité et le développement de la main-d’œuvre. Du travail, il y en a : manqueront de plus en plus de travailleurs ! Voici le message que martèlent les employeurs québécois depuis des mois, car plusieurs secteurs et régions enregistrent une préoccupante rareté qui se traduira forcément par un ralentissement économique, si on ne trouve pas de solutions à court terme.

Les pistes sont variées, mais l’éducation, la formation, l’immigration et l’intégration joueront un rôle clef dans cette équation. C’est sur les bancs d’école qu’est en train de se former aujourd’hui la main-d’œuvre de demain : un système d’éducation de grande qualité et capable de s’ajuster aux besoins des employeurs est la clef de voûte pour permettre une prospérité durable au Québec, et il en va de même pour la formation des travailleurs en emploi. Parallèlement, il faut faciliter l’intégration des nouveaux arrivants au marché du travail et à notre société, et des bassins de travailleurs demeurent sous-utilisés — pensons aux personnes en situation de handicap ou aux autochtones, par exemple.

Rappelons que notre province est un des endroits en Amérique du Nord où le fardeau réglementaire et législatif notamment en matière de normes du travail est le plus lourd, et représente une entrave majeure à la compétitivité de nos entreprises face à leurs concurrents canadiens ou étrangers. Or, la nouvelle Loi sur les normes du travail, tout en voulant améliorer les conditions des travailleurs, nécessitera une amélioration marquée au cours des prochains mois afin de tenir compte davantage des réalités des employeurs. À tout le moins, ce fardeau ne devrait pas être augmenté.

Pour des finances publiques résistantes aux chocs

Au niveau des finances publiques, la prospérité du Québec va dépendre aussi du maintien d’un équilibre budgétaire adéquat pour l’avenir et d’une provision en cas de cycle baissier qui permette de garder une certaine capacité d’investissement de l’État sans augmenter le fardeau fiscal des entreprises et des particuliers. De plus, le portrait de la fiscalité en Amérique du Nord a changé radicalement au cours des derniers mois : il importe que l’environnement fiscal demeure compétitif, ce qui devrait se traduire, entre autres, par une réduction des cotisations sur la masse salariale pour nos entreprises. Le Québec est un petit marché au niveau mondial, nous devons offrir des leviers financiers intéressants pour permettre d’améliorer la productivité et la diversification de nos entreprises.

Puisque l’efficacité de l’État a été le mot d’ordre du nouveau gouvernement pendant la campagne électorale, la modernisation de l’appareil étatique doit lui permettre d’accroitre son agilité tout en conférant la vigueur nécessaire aux institutions publiques. Le gouvernement doit se concentrer particulièrement sur des mesures d’amélioration de la productivité de la fonction publique et doit encourager des investissements ciblés, prévisibles et suffisants en infrastructures de transport. Il doit également continuer de reconnaître l’autonomie et le dynamisme économique des municipalités tout en garantissant des initiatives adaptées aux besoins de développement local et régional.

Le Québec et les potentiels de l’économie verte

De plus, les préoccupations liées à la lutte aux changements climatiques font désormais partie intégrante du développement économique. La nécessaire transition vers une économie plus verte passe par des stratégies d’investissement judicieuses dans la conversion énergétique ou la création de nouvelles filières industrielles à valeur ajoutée, ainsi que des projets structurants en mobilité durable au bénéfice des personnes et des marchandises. Et pour ce faire, il est nécessaire d’adopter une approche stratégique qui maximise à la fois les retombées et la rentabilité des investissements publics et privés. Oui : les entreprises font partie de la solution.

Enfin, la compétitivité et la prospérité de notre économique sont tributaires de la capacité des entreprises à innover et à diversifier leurs marchés extérieurs. Le gouvernement devra traduire en soutiens concrets sa volonté de permettre aux entreprises de croitre dans un environnement concurrentiel en constant changement, en promouvant des mesures favorables à l’entrepreneuriat, à l’innovation et à l’accompagnement.

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