Le contexte particulier de la pandémie exige une relance graduelle de notre économie ne devant pas se faire aux dépens de la santé des citoyens, qui sont aussi les travailleurs.
Lettre ouverte d’Yves-Thomas Dorval, président et chef de la direction du CPQ, publiée le 16 avril 2020 dans Le Soleil.
Le contexte particulier de la pandémie exige une relance graduelle de notre économie ne devant pas se faire aux dépens de la santé des citoyens, qui sont aussi les travailleurs. La reprise des opérations pour une organisation requiert non seulement une planification rigoureuse, mais aussi une surveillance constante afin d’adapter les processus rapidement en fonctions des besoins. Ceci est fondamental, car il en va de la cohésion sociale ainsi que de la confiance des citoyens envers les autorités.
En plus de toutes les préoccupations d’ordre de santé publique qui doivent rester prioritaires, plusieurs défis se présentent aux gouvernements et aux employeurs. En ce sens, trois enjeux doivent recevoir une attention particulière.
Enjeux reliés à la santé et sécurité des travailleurs et des clientèles sur les lieux d’activité de l’organisation
Le gouvernement doit faire attention de ne pas déterminer à la pièce les conditions spécifiques de reprise, selon les secteurs ou régions.
La question qui devra guider la réflexion est la suivante : est-ce que l’organisation (et non le secteur industriel concerné) est en mesure de mettre en place les principes de base en matière de prévention de la contamination, pour la totalité de ses opérations ou pour une partie de ses opérations, et de les maintenir ?
Les principes de bases à respecter ne sont guère différents d’un milieu à un autre et ne devraient pas faire l’objet de différences fondamentales. Ceux-ci vont du lavage obligatoire des mains à la distanciation (ou le port d’équipements de protection) en passant par le nettoyage des surfaces et l’isolement des personnes infectées. D’autres principes de bases doivent aussi être respectés permettant de garantir la santé et la sécurité de tous.
Pour y arriver, il faudra des directives claires, des consignes pertinentes et des guides de pratique adaptés. De plus, il sera nécessaire de prévoir des activités de vérification et de conformité en cours d’opération, jumelées à des mesures dissuasives.
Enjeux reliés aux capacités opérationnelles des organisations
Dans un contexte de reprise globale de l’économie, toutes les organisations seront sur la ligne de départ, pratiquement en même temps, pour reprendre les activités au Québec, dans le reste du Canada et dans le monde entier. Au même moment, l’écosystème dans lequel l’organisation évolue sera aussi en redémarrage. Pour être opérationnelles, toutes les organisations doivent réunir les ressources requises à la production et la fourniture des produits et services aux clientèles auxquelles ceux-ci sont destinés. Tant l’approvisionnement que la distribution au sein de la chaîne de valeurs deviennent critiques.
La question à se poser pour les organisations afin de permettre la reprise de ses propres activités est : quelles sont les ressources dont l’organisation a besoin pour fonctionner à court et à moyen terme et à quel moment seront-elles disponibles et accessibles?
Une chose à retenir toutefois, il sera important que les organisations, tant publiques que privées, qui ont dû développer de nouvelles façons de faire pendant la crise, puissent bâtir sur cet élan et conserver les gains de productivité qui peuvent en découler.
Enjeux reliés aux interventions et services du secteur public (fédéral, provincial, municipal) à l’égard des organisations
Outre les conséquences dramatiques au plan socio sanitaire que nous vivons au Québec, dans le reste du Canada et au niveau mondial, les conséquences économiques seront très considérables. Heureusement, la situation financière de nos gouvernements provincial et fédéral était quand même en bon état avant la crise et nos institutions financières étaient solides. Cependant, il ne faut pas sous-estimer l’ampleur et la durée de la récession qui pourrait se produire au plan mondial.
Les gouvernements ont développé rapidement de nombreux programmes pour fournir une aide d’urgence tant aux citoyens que pour les entreprises. Les efforts sont remarquables, mais, pour les entreprises, nous devrons attendre pour analyser s’ils se sont tous frayé un chemin véritable jusqu’à elles.
Dans tous les cas, l’État québécois et le gouvernement fédéral devront prendre des décisions entourant la reprise, en tenant compte de la capacité des différents niveaux de gouvernement (fédéral, provincial et municipal), à mettre en place les interventions requises.
Bref, la clé reste la communication. Les gouvernements devront communiquer clairement le calendrier établi de reprise, les directives claires et souligner l’importance de se conformer à ces directives. La réussite du passage du confinement à la reprise des activités devra aussi reposer sur la transparence et sur une incontournable concertation. Tous ces ingrédients pourront permettre un retour graduel, bien ordonné, sécuritaire et durable.