Devant les freins que représentent les seuils d’immigration, les délais de traitement, les changements de systèmes, le développement d’outils de francisation, le CPQ s’est encore une fois penché sur la problématique et propose une nouvelle approche.
Lettre ouverte d’Yves-Thomas Dorval, président et chef de la direction du CPQ, publiée le 12 mars 2020 sur le site du quotidien Le Soleil.
L’immigration économique comme partie de la solution à la rareté de main-d’œuvre que vit actuellement le Québec revient régulièrement au cœur du débat public. Alors que d’un côté, le gouvernement veut s’assurer de mettre en place des mesures permettant de bien sélectionner les personnes immigrantes, les entreprises sont aux prises avec un problème de rareté de main-d’œuvre mettant à risque leur productivité, voire leur survie.
Toutefois, une évidence s’élève au-dessus de ce débat : il est nécessaire d’augmenter le nombre total d’immigrants de type économique, et ce, rapidement. Devant les freins que représentent les seuils d’immigration, les délais de traitement, les changements de systèmes, le développement d’outils de francisation, le CPQ s’est encore une fois penché sur la problématique et propose une nouvelle approche.
Au lieu de réfléchir en termes de seuils d’immigration, pourquoi ne pas aborder l’enjeu à travers un objectif de cibles d’intégration? La question est simple : est-ce que les personnes ayant une expérience de travail au Québec ou ayant obtenu un diplôme québécois devraient être considérées de la même façon que ceux qui n’ont jamais mis les pieds au Canada?
L’exemple du Programme d’expérience québécoise (PEQ) est éloquent. Tous les intervenants (communautaire, éducation et employeurs) considèrent que le PEQ est efficace et répond à leurs besoins. La popularité de ce programme vient du fait que les candidats sont déjà au Québec, y occupent déjà un emploi ou détiennent un diplôme d’une institution d’enseignement québécoise, et, par conséquent, doivent avoir une certaine maîtrise du français. Ainsi, les individus qui font leur demande de Certificat de sélection du Québec (CSQ) par le PEQ sont soit déjà à l’emploi, soit aux études au Québec depuis plus de deux ans. Ils possèdent donc une longueur d’avance en matière d’intégration à la société québécoise. Il faut préciser ici que l’obtention du CSQ n’est que la première étape d’un long processus d’immigration en vue de l’obtention de la résidence permanente.
Ne devrait-on pas différencier les candidats à l’immigration qui sont déjà «concitoyens du Québec» de ceux qui attendent une réponse positive à leur demande pour enfin venir s’établir ici? Ne sont-ils pas déjà activement engagés dans un processus d’intégration à la société québécoise et contribuent déjà à notre prospérité par les emplois qu’ils occupent ainsi que par les impôts et les taxes qu’ils paient? Le CPQ croit que oui et invite le gouvernement à considérer une nouvelle approche pour ces nouveaux arrivants qui ont déjà entamé leur processus d’intégration à la société québécoise.
Qui plus est, dans le cas des candidats travailleurs temporaires admis au PEQ, ce sont les employeurs qui assument la grande majorité des coûts d’intégration, plutôt que l’utilisation d’argent public.
La proposition du CPQ est claire : que les candidats à la résidence permanente ayant obtenu un CSQ par l’entremise du PEQ ne soient pas calculés dans le seuil de personnes admises dans la catégorie de l’immigration économique dans la Planification pluriannuelle de l’immigration 2020-2022.
Afin de valider l’intérêt des parties prenantes impliquées, le CPQ a discuté de cette nouvelle proposition avec plusieurs partenaires actifs sur le marché du travail, et elle a été très bien accueillie. Ainsi le CPQ la présente au gouvernement dans son mémoire sur le PEQ.
En procédant de cette façon, le gouvernement pourrait alors consacrer toute l’énergie nécessaire au traitement des autres dossiers d’immigration de nature économique et de s’assurer de la meilleure intégration possible de ces derniers une fois qu’ils arriveront au Québec.