Vous avez dû commencer à travailler de la maison en raison de la pandémie en 2020? Vous pourriez bénéficier de procédures simplifiées et d’allégements fiscaux pour déduire vos dépenses liées au travail à domicile dans vos déclarations de revenus de la dernière année.
En effet, l’Agence du Revenu du Canada et Revenu Québec ont mis en place pour 2020 des mesures fiscales d’aide au télétravail à l’intention des employés salariés et à commission qui, normalement, ne travaillent pas de la maison.
Les autorités fiscales ont également simplifié les procédures que doivent suivre les employeurs à l’égard des dépenses d’emploi de leurs employés, souligne Sophie Trépanier, associée, fiscalité, chez Raymond Chabot Grant Thornton.
Pour déduire plus facilement vos dépenses d’emploi, deux méthodes s’offrent à vous :
- la méthode temporaire à taux fixe, créée pour 2020 ;
- la méthode détaillée, qui comporte des assouplissements pour 2020.
Pour utiliser l’une ou l’autre méthode, vous devez remplir certaines conditions.
Vous pouvez évaluer laquelle est la plus avantageuse en utilisant les calculateurs en ligne du gouvernement fédéral (cliquez ici) et du gouvernement québécois (cliquez ici).
Méthode temporaire à taux fixe
C’est la méthode la plus simple. Elle permet de déduire un montant de 2 $ par jour de télétravail, jusqu’à un maximum de 400 $ pour le revenu imposable au fédéral, et un autre 400$ pour le revenu imposable au provincial, soit une possible déduction totale de 800 $. Deux conjoints ou des colocataires peuvent tous demander cette déduction s’ils satisfont aux conditions requises.
« Si vous n’avez pas à déduire beaucoup de dépenses de bureau à domicile, cette méthode pourrait être la plus avantageuse. Elle demande beaucoup moins de travail, car vous n’avez pas à compiler les dépenses », explique Sophie Trépanier.
Pour pouvoir utiliser cette méthode, l’employé doit remplir toutes les conditions suivantes en 2020 :
- Avoir travaillé de la maison en raison de la pandémie (même si c’était de façon volontaire, pour autant qu’il y avait une entente avec l’employeur).
- Avoir travaillé de la maison plus de 50 % du temps pendant au moins 4 semaines consécutives.
- Ne pas s’être fait rembourser toutes les dépenses de bureau à domicile par son employeur. « Mais si vous avez reçu un remboursement partiel de vos dépenses, vous pouvez utiliser cette méthode », précise Sophie Trépanier.
- Ne pas réclamer d’autres déductions relatives à l’emploi que celles pour les frais de bureau à domicile (par exemple, les dépenses pour l’utilisation d’une automobile). Sinon, il faut utiliser la méthode détaillée.
Méthode détaillée
Cette méthode consiste à déduire les dépenses admissibles liées au travail à domicile et pour lesquelles vous avez conservé les pièces justificatives.
Pour utiliser cette méthode, vous devez avoir reçu des formulaires remplis et signés de votre employeur (T2200 ou T2200S au fédéral et TP-64.3 au provincial), sans quoi vous devez utiliser la méthode temporaire à taux fixe.
Ces formulaires attestent que l’employé devait utiliser un espace de bureau à domicile et devait payer les dépenses. « L’employé n’est pas obligé de joindre ces formulaires à ses déclarations de revenus, mais il doit les conserver pour des fins de vérification fiscale », précise Christine Girouard, associée, fiscalité, chez Raymond Chabot Grant Thornton.
Toutes les autres conditions suivantes doivent avoir été satisfaites en 2020 pour utiliser cette méthode :
- L’employé a travaillé de la maison en raison de la pandémie ou son employeur lui a demandé de travailler de la maison.
- L’employé a travaillé de la maison plus de 50 % du temps pendant au moins 4 semaines consécutives (ou l’employé utilise un bureau à domicile uniquement pour gagner son revenu d’emploi et l’utilise de façon régulière et continue pour rencontrer des gens pour son travail).
- L’employé devait payer des dépenses liées à son espace de travail à domicile.
- L’employé ne s’est pas fait remboursé l’intégralité de ses dépenses par son employeur.
Dépenses admissibles
Dans le cadre de la méthode détaillée, les dépenses déductibles doivent être utilisées directement pour effectuer votre travail. Vous ne pouvez déduire aucune dépense remboursée par votre employeur.
Les dépenses déductibles comprennent les frais liés au maintien de l’espace utilisé comme bureau, comme les coûts d’électricité et de chauffage. Un locataire peut aussi déduire les frais de location relatifs à son bureau. Par contre, un propriétaire ne peut pas déduire les taxes foncières, ni les primes d’assurance habitation et les intérêts hypothécaires.
Quant aux fournitures de bureau, il doit s’agir d’un bien dont l’utilisation le rend inutilisable (comme un stylo et du papier) pour que la dépense soit déductible. Les dépenses pour le mobilier de bureau et le matériel informatique ne sont donc pas admissibles.
Les dépenses déductibles ne peuvent pas dépasser le revenu d’emploi. Elles sont calculées au prorata de leur utilisation pour le travail. Ainsi, il faut établir :
- la superficie de l’espace de travail par rapport à la superficie de la maison ;
- le pourcentage d’utilisation de cet espace pour le travail par rapport à l’utilisation personnelle.
« Par exemple, si l’espace de bureau occupe 25 % de la superficie de votre domicile et que cet espace est utilisé à 80 % pour votre travail, vous pouvez déduire 20 % (soit 80 % x 25 %) des dépenses liées à votre espace de bureau », explique Sophie Trépanier.
« Faites attention aux aires ouvertes : il faut délimiter un espace imaginaire qui sert au travail. Et si plusieurs personnes utilisent le même espace, il faut tenir compte de l’utilisation de chacune. Par exemple, dans notre exemple précédent, si deux conjoints utilisent le même espace de façon égale, chacun ne pourra déduire que 10 % des dépenses, et non 20 % », ajoute-t-elle.
Mentionnons que des frais « raisonnables » d’accès à Internet résidentiel sont déductibles en 2020. Vous trouverez de l’information sur les dépenses admissibles sur le site de l’Agence du Revenu du Canada et la foire aux questions du ministère du Revenu du Québec.
D’autres points importants à savoir
- Avis aux employeurs : pour 2020, les autorités fiscales ont mis en place des procédures allégées pour les déclarations de conditions d’emploi des employés qui ont été en télétravail en raison de la pandémie. Ainsi, le fédéral a créé un nouveau formulaire simplifié (le T2200S), qui ne comprend que trois questions. Au provincial, Québec a ajouté une courte section au formulaire TP-64.3. Les organisations qui ont eu plusieurs employés en télétravail en raison de la pandémie peuvent demander de recevoir en lot des formulaires TP-64.3 préremplis. Les formulaires de 2020 peuvent être signés électroniquement.
- Pour déduire les dépenses d’emploi autres que celles des frais de bureau de domicile, il faut utiliser les formulaires habituels.
- Les dépenses en capital ne sont pas déductibles. Par exemple, vous ne pouvez pas déduire les dépenses pour aménager un bureau dans votre domicile.
- Les allégements fiscaux traités dans cet article ne touchent pas les travailleurs autonomes ni les personnes qui étaient en télétravail avant la pandémie.
Pour en savoir plus sur les mesures fiscales liées au télétravail en 2020, vous pouvez visionner gratuitement le webinaire « Télétravail : impacts fiscaux en temps de pandémie » et consulter le document « Les incidences fiscales de la pandémie sur les employeurs et les employés », tous deux préparés par Raymond Chabot Grant Thornton.
Sophie Trépanier | Associée – Fiscalité canadienne