Un automne électoral aux multiples enjeux

En prévision des élections fédérales qui se tiendront le 21 octobre, le Conseil du patronat du Québec partage ses priorités et ses réflexions sur divers enjeux dans une série de lettres ouvertes.

Lettre ouverte d’Yves-Thomas Dorval, président et chef de la direction du CPQ, publiée le 22 août 2019 dans Le Soleil.

Alors que la campagne électorale fédérale se profile, le Conseil du patronat au Québec (CPQ) soulignera au cours des prochaines semaines plusieurs domaines d’intervention auxquels le prochain gouvernement devra s’attarder pour faire prospérer le pays. Notamment, il sera question de main-d’œuvre, de loi et réglementation du travail, de finances publiques, des investissements dans les services publics, d’environnement et changements climatiques ainsi que de moteurs de croissance.

En ce qui concerne les investissements dans les services publics, trois grands enjeux attirent plus particulièrement notre attention : les infrastructures, la réforme de l’assurance-médicaments et le secteur de la santé en général.

Les infrastructures

La disponibilité et la qualité des infrastructures, tant pour le transport que pour le numérique, jouent un rôle crucial dans le fonctionnement de l’économie moderne ainsi que pour le développement du Québec et de ses régions. Il est donc nécessaire que le gouvernement fédéral s’engage à faire des investissements concrets, afin de mieux les adapter aux besoins d’aujourd’hui et de demain.

En matière de transport des marchandises, le gouvernement doit améliorer les infrastructures relevant du fédéral (aéroports, chemins de fer, ports) et prendre des décisions plus rapides tant au niveau des investissements que des autorisations environnementales requises (pensons notamment aux projets d’agrandissement du Port de Montréal et du Port de Québec); il en va de même pour le transport interprovincial de l’énergie.

Des investissements et des prises de décisions doivent aussi atterrir plus rapidement pour trois types de transport des personnes, soit le transport structurant urbain, comme les projets de tramway; le transport intrarégional, en améliorant les connexions entre les banlieues urbaines et les réseaux de transport urbain; et le transport interurbain, et ce, autant pour connecter les régions éloignées de la province avec les centres que pour relier les grands pôles urbains que sont les villes de Québec, Montréal, Ottawa et Toronto par un système efficace, fréquent, rapide et confortable.

De plus, il faut poursuivre énergiquement les investissements dans les infrastructures numériques afin d’améliorer la mobilité virtuelle, plus particulièrement pour les régions moins pourvues, par exemple en facilitant l’accès à l’internet haute vitesse. Ceci permettra de mieux desservir les populations locales en facilitant l’accès en région à des services essentiels (pensons à l’éducation, la formation ou aux services de santé), tout en favorisant la création et le maintien d’activités économiques.

L’assurance-médicaments

Le CPQ croit que tous les Canadiens doivent avoir accès à une assurance-médicaments et à des médicaments sur ordonnance abordables. Parallèlement, il met en garde le gouvernement fédéral contre l’impact de certaines modifications proposées sur la recherche, l’innovation et l’investissement au Canada, de même que sur l’accès à des médicaments novateurs.

Plutôt qu’une approche universelle à payeur unique, le CPQ propose de se concentrer sur l’enjeu des traitements onéreux et celui des patients qui n’ont pas accès actuellement à une assurance-médicaments. En fait, on a trop tendance à associer l’universalité à l’accessibilité — or, cette universalité peut également créer une moins grande accessibilité lorsque l’on crée une rareté dans l’offre de services.

Il est aussi important de tenir compte des réalités des différentes provinces et de travailler avec l’ensemble des parties prenantes. Le Québec, qui a été avant-gardiste à ce chapitre, a mis en place son propre régime mixte public privé, même si ce modèle n’est pas parfait. De plus, soulignons que le rapport du Conseil consultatif sur la mise en œuvre d’un régime national d’assurance-médicaments est silencieux quant au financement du régime, sauf en ce qui concerne les transferts fédéraux, alors qu’il s’agit d’une pièce centrale du casse-tête.

La santé

Compte tenu du vieillissement démographique, le système de santé est appelé à subir une plus grande pression, en particulier en ce qui touche aux soins de longue durée, et il est impératif que les transferts fédéraux tiennent compte non seulement du nombre de personnes à desservir, mais aussi de sa composition démographique avec les enjeux qui en découlent. Par ailleurs, l’innovation peut apporter son lot de solutions, mais ceci demande que l’État offre un cadre qui permette de libérer le potentiel de l’innovation en santé et optimiser l’apport de chacun des acteurs. De fait, l’innovation en santé est une entreprise complexe qui fait intervenir de multiples acteurs des secteurs public et privé. Or, en collaboration avec l’ensemble des provinces, une réflexion approfondie sur la Loi canadienne sur la santé devrait être amorcée rapidement par le gouvernement fédéral pour favoriser, entre autres, une plus grande synergie entre les secteurs.

Afin de faire face à la multitude et la complexité des défis publics que représente la gouvernance d’un pays comme le nôtre, il est clair qu’il faut une vision globale et une approche qui permette de mieux optimiser l’usage des ressources publiques et ainsi mieux répondre aux nouvelles priorités sociales et économiques.

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