Les travaux que nous avons menés depuis trois ans à l’Institut du Nouveau Monde montrent que les inégalités nuisent à tout le monde, les riches comme les pauvres, les urbains comme les ruraux, les hommes comme les femmes, les jeunes autant que les vieux. Il existeun consensus international sur les effets néfastes de la croissance des inégalités au niveau de la qualité de vie, de la prospérité et de la démocratie au sein des sociétés.
L’OCDE affirmait voir dans la crise économique récente une occasion de réduire les inégalités : « alors que la crise économique force des gouvernements coincés financièrement à repenser leur fiscalité et leurs programmes sociaux, l’occasion devrait être vue comme une chance de s’attaquer aux questions des inégalités et de la croissance simultanément ».
Des économistes du Fonds monétaire international soutiennent que les grands écarts de revenus et de richesses seraient en partie responsables de l’implosion de l’économie mondiale en 2008. Les pays plus inégalitaires auraient des périodes de croissance moins longues et les crises seraient plus brutales.
Les épidémiologistes britanniques Wilkinson et Pickett ont montré dans leur ouvrage phare The Spirit Level, une étroite corrélation entre les inégalités de revenu et différents indicateurs sociaux qui, comme l’analphabétisme ou la criminalité, pèsent comme des boulets sur la capacité de développement d’une société.
Le Conference Board soulignait en 2011 que le Canada est l’un des pays ayant connu la plus forte augmentation des écarts de revenus depuis une quinzaine d’années. Bien que moins touché par ce phénomène, le Québec n’a pas été épargné. La taille de sa classe moyenne s’est réduite depuis le milieu des années 1980 et la part des revenus captée par le 1 % le plus riche est passé de 7 à 11 % de tous les revenus.
L’on sait que des écarts importants de richesse nuisent à toute la société. La réduction des inégalités contribue à la prospérité d’une nation. Un jury de citoyens que nous avons animé dans le cadre de l’opération Je vois Montréal, a conclu que l’une des dimensions de la prospérité d’une ville consiste à réduire les inégalités économiques et sociales[1]. Or il n’y a pas de prospérité sans partage de la richesse, sans l’accès à l’éducation pour tous, sans un filet de protection sociale universel, sans une fiscalité juste.
Un sondage que nous avons commandé en 2014, montre un fort appui des Québécois à la réduction des inégalités (trois Québécois sur quatre le souhaitent)[2].
De même, les Québécois veulent que l’État mesure l’effet des politiques publiques sur les inégalités : 73 % des personnes consultées considèrent que lorsque les gouvernements mettent en place, modifient ou abolissent des programmes sociaux ou des services publics, ils devraient publier des études d’impacts quant aux effets de ces changements sur l’évolution des inégalités de revenus.
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[1] http://inm.qc.ca/blog/avis-du-jury-citoyen/
[2] http://inm.qc.ca/blog/sondage-leger/