« La prospérité de tous va croissant, les industries s’éveillent et s’excitent, les manufactures et les usines se multiplient, les familles, cent familles, mille familles sont heureuses », écrivait Victor Hugo dans Les Misérables. En lisant ce texte, l’on a presque envie de retourner en arrière au temps où la prospérité se conjuguait avec bonheur.
C’est plutôt Vauvenargue dans ses Réflexions et maximes que l’on doit citer de nos jours : « Les longues prospérités s’écoulent quelquefois en un moment, comme les chaleurs de l’été sont emportées par un jour d’orage ».
L’époque actuelle est un terrain de sables mouvants si bien que la prospérité personnelle et collective n’est pas à l’abri des grands courants sismiques qui secouent la planète en butte à une barbarie nouvelle, voire inégalée. Si bien que les puissants de ce monde ne peuvent prétendre être à l’abri des cataclysmes annoncés par les porteurs de mort intoxiqués par un Dieu vengeur et haineux.
Les citoyens, regroupés en lobbys de tous genres, ont perdu de vue le bien-être commun sans lequel la prospérité au sens où nous l’entendons dans nos démocraties ne peut être un gage d’avenir.
La prospérité est un mot qui tend à disparaître du vocabulaire au profit des mots comme richesse ou développement. Et cela n’est pas sans signification. La richesse ne renvoie ni au bonheur ni au bien-être. En ce sens, sa connotation est plus brutale, plus dégagée d’une sorte de vertu. Il y a une différence entre un homme prospère, un pays prospère et un homme (ou une femme) riche et un pays riche.
La prospérité implique une dimension plus humaine, plus raisonnable, plus partagée. Dans une société prospère, l’on vit mieux que dans une société riche où l’appât du gain est un absolu plutôt qu’un moyen.