Lettre ouverte par Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ, publiée le 9 juin 2023 dans Le Devoir.
Dans quelques jours à peine, Québec sera l’hôte de la Rencontre des entrepreneurs francophones (REF), un événement international d’une rare envergure. Une trentaine de pays y prendront part. Réunis durant trois jours, ce sont 800 congressistes venus de partout qui seront animés par un seul et même but : brasser des affaires en français.
Ce sera une démonstration de tout ce que les communautés francophones, petites ou grandes, ont à offrir sur le plan économique.
C’est que la francophonie s’est souvent rassemblée sous les sphères diplomatique ou politique. De nombreuses collaborations se sont bâties autour de la culture — avec raison —, mais très peu encore se font sur une base économique. En effet, les entrepreneurs qui parlent la langue de Molière ont pour ainsi dire peu d’occasions de se rencontrer et de créer des liens, surtout quand l’on compare à tous les réseaux anglophones qui existent. En revanche, la création de l’Alliance des patronats francophones en 2022 promet une impulsion renouvelée.
Un nouveau paradigme est proposé par 28 organisations patronales francophones dont le Conseil du patronat du Québec : la francophonie comme moteur économique.
C’est une réaffirmation de ce qui nous différencie. Notre marque de commerce, c’est notre langue et celle-ci est propice à de nouvelles occasions pour nos entreprises.
Durant la REF, on peut s’attendre à ce que des signatures d’entente aient lieu. Que les échanges ne s’arrêtent pas là et que, tôt ou tard, elles se concrétisent en de réels partenariats.
Des marchés francophones à conquérir
Au Québec, cela fait bien longtemps que les ponts sont construits avec nos cousins, les Français. Cette affinité naturelle vient de notre histoire, mais aussi des expertises que nous sommes parvenues à coupler, dynamiser et renforcer conjointement. La France est d’ailleurs notre quatrième partenaire commercial en importance. Ensemble, nous avons réussi à nous imposer et à rivaliser notamment dans les domaines de l’aéronautique, du transport, de l’énergie et des technologies de pointe.
Fait à l’appui, le Québec figure au premier rang des provinces canadiennes en nombre d’entreprises françaises implantées. Pour ces dernières, le marché nord-américain est alors à portée de main. À l’inverse, pour les entreprises québécoises, s’établir en France facilite ensuite la percée des marchés de l’Union européenne et de l’Afrique. Il faudrait reproduire cette relation dynamique à grande échelle.
Il n’en demeure pas moins que le contexte économique nous rattrape. Les Québécois ont ce premier réflexe de se tourner vers nos plus proches voisins, les États-Unis, mais il y a tout un pan à découvrir de l’autre côté de l’océan Atlantique. Élargir nos horizons serait gagnant.
Il faut dire que le continent africain est en plein essor. Les investissements affluent. Les projets d’infrastructure se multiplient. Quant à sa population, elle est jeune et ne demande qu’à être adéquatement formée pour les défis futurs. C’est le moment ou jamais de s’intéresser à ce qui deviendra, dans quelques décennies à peine, l’économie de demain.
Ne laissons pas cette chance nous filer entre les doigts.