La reprise du travail graduelle dans un environnement tenant compte de la COVID-19 est possible. Elle aura un effet positif sur l’économie et, par conséquent, sur la capacité des individus et des états à générer des revenus pour combler les besoins.
Lettre ouverte d’Yves-Thomas Dorval, président et chef de la direction du CPQ, publiée le 14 avril 2020 dans Le Soleil.
La pandémie du coronavirus, la COVID-19, entraine des conséquences humaines et sanitaires planétaires jamais vues depuis plus de cent ans. Les impacts économiques sont également gigantesques, notamment pour les organisations et la main-d’œuvre. Plusieurs mesures gouvernementales ont été mises de l’avant pour aider les individus et les entreprises à franchir, dans la mesure du possible, la phase de confinement généralisé et d’arrêt des milieux de travail.
Une fois que le sommet de la courbe sera franchi et que les cas de contamination seront à la baisse, il deviendra extrêmement difficile pour le gouvernement de retenir très longtemps les acteurs de l’économie, tant les entreprises que les travailleurs. La cohésion sociale et la discipline qui en découle risquent de s’effriter avec le temps.
Certains grands pans des administrations publiques ont connu une importante augmentation d’activités pendant cette phase. D’autres, dans le secteur privé, ont dû maintenir des activités reliées aux services à caractère essentiel, en presque totalité ou en partie. On peut déjà tirer des leçons ou des enseignements de ces activités, sur ce qui doit ou ne doit pas être fait dans un contexte opérationnel au moment de la reprise éventuelle des activités.
Dans ce contexte, il faut absolument éviter que de nouvelles directives inappropriées viennent chambouler ou complexifier ce qui est maintenant acquis et qui obtient des résultats positifs, dans les organisations où ça fonctionne bien. D’ailleurs, plusieurs organisations de grande taille sont elles-mêmes soumises à des règles de certification ou à des pratiques reconnues au plan mondial. Bien sûr, l’expérience aidant, on peut améliorer les procédures et processus qui fonctionnent moins bien. Une chose est certaine, la conformité aux mesures de prévention requises devient une obligation incontournable et la très grande majorité des personnes et des organisations doivent avoir les comportements attendus.
Toutefois, il y aura toujours une petite portion de récalcitrants (travailleurs, employeurs, ou clients), et il ne faudrait pas que des mesures paralysent ceux qui agissent de façon responsable parce que ces récalcitrants existent. Dans ce contexte, l’existence et la communication de directives claires sont cruciales; elles facilitent la conformité et découragent les récalcitrants.
En préparant la relance de l’économie, il ne faut pas écarter l’éventualité d’une résurgence du virus pouvant découler d’un non-respect de mesures de prévention ou d’un laisser-aller. En effet, une reprise des opérations de manière inadéquate où il y aurait un relâchement dans la population pourrait entrainer des conséquences non désirables mettant en péril, autant la santé des citoyens que celle de l’économie.
Mais d’abord et avant tout, l’idée est de reprendre graduellement le travail de manière intelligente et sécuritaire. Il n’est évidemment pas question de repartir le tout trop vite ou de prendre la chance que le confinement soit levé pour les personnes à risques. La reprise du travail graduelle dans un environnement tenant compte de la COVID-19 est possible. Elle aura un effet positif sur l’économie et, par conséquent, sur la capacité des individus et des états à générer des revenus pour combler les besoins.
Dans tous les cas, le redémarrage sera long, il devra se faire sous haute surveillance et il nécessitera un accompagnement et une coordination sans précédent.