Lettre ouverte du président-directeur général du Conseil du patronat du Québec, Yves-Thomas Dorval.
La Presse+, p. web – 28 juillet 2017
Huffington Post Québec, p. web – 29 juillet 2017
Le Quotidien, p. 12 / Le Soleil, p. 18 – 31 juillet 2017
Les Affaires, p. 6 – 12 août 2017
L’utilisation du numérique est désormais incontournable pour une économie qui veut performer, croître et innover au XXIe siècle.
Mais cette quatrième révolution industrielle, qui structure et assoit le développement futur de nos entreprises et de nos institutions, nécessite que l’on adapte adéquatement les compétences des travailleurs d’aujourd’hui et de demain.
Au moment où le gouvernement du Québec prépare une stratégie nationale sur la main-d’œuvre ainsi qu’une stratégie numérique, il importe de garder le cap sur les nouveaux besoins générés par cette transformation dans le marché du travail.
Ce ne sont pas que les professionnels des technologies de l’information qui doivent appuyer le virage vers la nouvelle économie, mais la population active dans son ensemble qui subit de plus en plus les conséquences de l’évolution rapide de la technologie numérique. Tous les secteurs sont d’ailleurs concernés, du manufacturier au commerce en ligne, en passant par les connaissances de base des logiciels, qui ne sont pas équivalentes pour tout le monde. L’âge du numérique, où tout se fait de plus en plus du bout des doigts, combine en fait la connectivité par l’internet aux outils d’automatisation offerts par les technologies de l’information.
En outre, le numérique nous ouvre de nouvelles avenues pour innover en éducation et en formation professionnelle, que ce soit dans le développement des contenus, dans leur livraison, ou dans les méthodes et les outils d’apprentissage. Pour les enseignants autant que pour les élèves, le numérique offre des possibilités exceptionnelles, plus ludiques, conviviales et interactives, pour les jeunes et les moins jeunes, partout et en tout temps.
Pourtant, selon une analyse de l’OCDE sur l’évaluation internationale des compétences des adultes, le Québec se situe sous la moyenne canadienne et sous celle des 33 pays sondés. Ce qui est étonnant, c’est que les niveaux les plus faibles se retrouvent dans les métiers de la transformation et de la fabrication, où justement les technologies font déjà partie de l’environnement de travail et ont été intégrées aux processus d’affaires.
Une « fracture numérique » a été observée également pour les Québécois ayant un niveau de scolarité plus bas et pour ceux de 55 ans et plus, mais aussi particulièrement pour les régions.
Il faut s’attaquer à cette fracture numérique au Québec, puisque la participation efficace au marché du travail dépend de plus en plus des compétences numériques. Les défis en matière de formation de la main-d’œuvre sont donc de plus en plus importants pour que personne ne soit désavantagé. Cet ajustement nécessaire des compétences de base doit se faire tout d’abord au niveau des établissements d’enseignement en vue de la formation des jeunes, les travailleurs de demain, mais aussi par une mise à niveau des compétences des travailleurs en emploi par de la formation continue adaptée.
LE DÉFI DES PME
Cela dit, ce sont probablement les PME qui auront le plus grand défi à relever. En effet, elles devront constamment investir dans les nouvelles technologies et former leurs employés à leur utilisation. Or, les PME qui utilisent intensivement le web ont une croissance et un niveau d’exportation beaucoup plus importants que les autres. Mais pour qu’elles puissent participer de façon efficace au nouveau marché numérique, elles doivent prévoir le perfectionnement constant des compétences de leurs employés. Le virage numérique est donc un gage de productivité et y participer n’est plus une option, mais une nécessité, autant pour les entreprises que pour les travailleurs.
Concrètement, en matière d’organisation du travail, l’avènement de la transformation numérique pourra impliquer une transformation du rôle des travailleurs, ou l’apparition de nouveaux métiers permettant de coordonner la gestion automatisée de la production, ou encore l’intégration des procédés de fabrication dans une nouvelle structure organisationnelle et opérationnelle.
N’imaginons pas ici un scénario apocalyptique où le monde est dominé par les machines et les hommes en sont pris en otage, comme la littérature et la cinématographie nous l’ont bien souvent montré.
La réalité, celle de tous les jours et qui représente une évolution irréversible des façons de faire, est que l’internet, la réalité virtuelle, les logiciels, les procédés automatisés et même les réseaux sociaux ont créé de nouveaux modes de travail, et que tout le monde participe activement à cette évolution. Cela dit, beaucoup de chemin doit encore être parcouru pour remplir l’écart inquiétant qui subsiste sur le plan des compétences numériques.