En prévision des élections fédérales qui se tiendront le 21 octobre, le Conseil du patronat du Québec partage ses priorités et ses réflexions sur divers enjeux dans une série de lettres ouvertes.
Lettre ouverte d’Yves-Thomas Dorval, président et chef de la direction du CPQ, publiée le 30 août 2019 dans Le Soleil.
Pour aider les employeurs à faire face à la rareté de main-d’œuvre, il faut qu’un ensemble de solutions soient appliquées par les deux paliers gouvernementaux. Au moment où un automne électoral se profile, soulignons qu’alors que le gouvernement du Québec a mis en place une série de mesures concrètes pour contrer la rareté de main-d’œuvre, le gouvernement fédéral, lui, a posé très peu d’actions en ce sens tout au long de son mandat.
Immigration
L’immigration doit absolument faire partie des stratégies pour répondre aux enjeux de main-d’œuvre auxquels font face les employeurs. Alors que les délais de traitement des dossiers au niveau fédéral sont toujours aussi et même plus longs, en particulier pour l’immigration temporaire, nous aimerions voir plus de souplesse dans le processus. Une simplification dans la lourdeur administrative et une accélération des délais de traitement seraient de bon augure et permettraient un arrimage temporel entre les besoins des provinces en main-d’œuvre et le processus d’immigration des travailleurs temporaires. Il s’agit notamment de permettre des contrats de deux ans aux travailleurs temporaires, au lieu d’un an comme c’est le cas actuellement, et de hausser de 10% à au moins 20% la limite de ces travailleurs qu’un employeur peut embaucher.
Inclusion et intégration
Dans un contexte de rareté de main-d’œuvre, la participation des bassins de population sous-représentés (personnes en situation de handicap, autochtones, travailleurs expérimentés, etc.) sur le marché du travail devient essentielle. Le gouvernement fédéral devrait donner son appui à des organismes pour accompagner les employeurs, afin de faire profiter du plein potentiel de travailleurs actuellement disponibles, mais dont le chemin vers l’emploi peut être parsemé d’embuches.
Il faut aussi encourager le prolongement de la vie active des travailleurs par différents incitatifs. Les mesures proposées dans le dernier budget rendant le travail plus payant pour les travailleurs expérimentés à faible revenu constituent un pas dans la bonne direction. Toutefois, il faut aller loin pour s’assurer que le travail après 60 ans soit toujours plus payant que la retraite pour tous les travailleurs. Par exemple, il serait possible d’augmenter l’âge limite, qui est présentement 71 ans, où un travailleur est dans l’obligation de commencer à utiliser son épargne-retraite. Aussi les employeurs devraient bénéficier également de mesures incitatives par exemple des réductions de leurs cotisations à l’assurance emploi. Enfin, une réflexion sur l’âge de la retraite devrait également être envisagée.
Formation de la main-d’œuvre
Alors que nos jeunes réintègrent les classes, il est important comme société qu’on se mobilise au bénéfice d’une éducation de haute qualité, dont notre avenir collectif va être tributaire. Parmi les nombreux enjeux de notre système scolaire, les programmes de formation doivent être adaptés davantage à la réalité du marché du travail, permettant à tous d’avoir les connaissances et les compétences requises pour participer activement à l’économie du pays. En ce sens, et même s’il s’agit d’une compétence provinciale, en plus de transférer les fonds nécessaires, le fédéral peut et doit offrir des mesures facilitantes pour la formation s’adressant à l’ensemble des parties impliquées, et non seulement pour les travailleurs. Bien que nous apprécions l’objectif de l’offre fédérale aux travailleurs d’une allocation pour la formation, le CPQ aurait souhaité minimalement que des crédits de cotisation à l’assurance-emploi soient aussi offerts à tous les employeurs qui offrent de la formation.
En conclusion
Le phénomène de la rareté de main-d’œuvre qui sévit autant au Québec que dans le reste du Canada mettant à risque la vitalité économique du pays et capacité de prospérer, demande l’intervention de l’ensemble des paliers du gouvernement. Voilà pourquoi le CPQ demande aux différents partis politiques d’en faire un enjeu prioritaire nécessitant une réponse rapide et adaptée à la réalité du marché du travail actuel.
Nous vous proposons de lire également la lettre ouverte du CPQ sur
les investissements dans les services publics
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