Le Québec plongé dans l’incertitude: transformer l’adversité en opportunités

Lettre ouverte par Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ, publiée le 4 février 2025 dans Le Journal de Montréal.

Nous sommes passés à deux doigts d’être frappés par des mesures tarifaires. À minuit moins une, le président Trump a changé son fusil d’épaule. Fidèle à ses habitudes, il choisit plutôt de laisser planer l’incertitude. Il nous accorde un sursis d’un mois et après, on verra.

Ce que l’on doit comprendre, c’est qu’il ne faut pas gaspiller ce délai supplémentaire pour changer en profondeur notre économie.

Plutôt que de subir, nous devons transformer cette tempête en opportunités et repenser notre environnement d’affaires pour assurer notre prospérité. Nous devons diversifier nos marchés, renforcer notre économie locale et prendre notre destin en main.

Comme l’a dit Jean Charest durant un panel que le CPQ a tenu la semaine dernière, c’est un wake-up call pour l’économie. On n’a pas le choix de répliquer.

D’abord, nous devons améliorer notre environnement d’affaires sur lequel le Québec repose pour développer son tissu entrepreneurial, retenir des entreprises et en attirer de nouvelles. Nous ne pouvons plus nous permettre d’évoluer dans un cadre réglementaire lourd et rigide qui freine l’innovation et la compétitivité de nos entreprises. La fiscalité, la bureaucratie et la rareté de la main-d’œuvre sont autant d’enjeux qui nécessitent une action immédiate de nos gouvernements. Le Québec doit mettre en place des incitatifs concrets pour stimuler l’investissement privé, réduire le fardeau fiscal des entreprises et favoriser un environnement propice à la création de richesse.

Diversifier nos marchés, ça presse

Ensuite, la diversification de nos marchés d’exportation est devenue une nécessité stratégique. Les États-Unis resteront toujours un partenaire commercial privilégié, mais nous ne pouvons plus être à la merci d’un seul marché et des caprices d’administrations protectionnistes. Il est grand temps que le Québec, et toutes les autres provinces canadiennes, utilise le pouvoir de la fédération comme un tremplin économique. Levons les barrières réglementaires et encourageons le commerce interprovincial.

En parallèle, nous devons aussi accélérer nos efforts pour renforcer nos liens commerciaux avec l’Europe, l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine. Nos entreprises ont l’expertise et le savoir-faire pour rayonner à l’international, mais elles doivent être mieux accompagnées et soutenues par des politiques ambitieuses et des partenariats structurants.

Un nationalisme économique renouvelé

Enfin, il est essentiel de promouvoir un nationalisme économique qui favorise l’achat local, l’innovation et le développement de nos propres chaînes d’approvisionnement. Nous devons encourager les consommateurs québécois à prioriser les produits et services d’ici et inciter nos entreprises à favoriser les fournisseurs locaux. Les gouvernements doivent faire de même dans leurs appels d’offres. C’est ainsi que nous pourrons bâtir une économie plus résiliente, plus autonome et moins vulnérable aux soubresauts des relations internationales.

Face aux menaces tarifaires et à l’instabilité commerciale actuelle, le Québec a l’opportunité de se réinventer et de démontrer sa capacité à prospérer malgré l’adversité. Nous avons toujours su tirer parti des défis pour en faire des occasions de croissance. Il en tient à nous, collectivement, d’écrire le prochain chapitre de notre succès économique.

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