Lettre ouverte cosignée par Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ, publiée le 14 mars 2025 dans Les Affaires.
Ce mois de la Francophonie revêt un sens particulier, alors que la redéfinition des relations commerciales entre le Canada et les États-Unis s’accompagne d’un désir renouvelé pour nos entreprises d’explorer de nouveaux horizons.
Face aux bouleversements économiques, aux tensions géopolitiques et aux dynamiques industrielles en constante évolution, il apparaît essentiel de ne pas concentrer nos efforts sur un seul marché, mais d’oser diversifier nos partenariats.
Parmi les stratégies à mettre en place à moyen et à long terme, l’ouverture vers les pays francophones se distingue comme une occasion incontournable.
Au Canada, la population francophone s’élève à près de 8 millions de personnes. La francophonie canadienne s’étend d’un océan à l’autre, du Nouveau-Brunswick à la Colombie-Britannique, en passant par l’Ontario, le Manitoba et bien sûr le Québec.
Avec près de 8 millions de francophones et plus de 10 millions de Canadiens capables de s’exprimer en français, cette langue est un moteur économique, culturel et social qui dépasse largement les frontières du Québec.
Le Canada dispose d’un accès unique à des marchés dynamiques en Afrique, en Europe et en Asie, où la langue française joue naturellement le rôle de trait d’union dans les échanges commerciaux.
Ce rééquilibrage stratégique ne signifie pas un désengagement de nos relations traditionnelles avec les États-Unis, mais plutôt une diversification des débouchés pour renforcer la résilience de notre économie face aux aléas protectionnistes et aux crises conjoncturelles.
Avec plus de 321 millions de francophones à travers le monde – un nombre qui pourrait dépasser les 715 millions d’ici 2050 – la francophonie économique représente un formidable levier de croissance pour nos entreprises.
Pourtant, malgré l’existence de traités de libre-échange et d’un réseau commercial établi, nos relations avec ces marchés restent largement sous-exploitées.
À travers des associations internationales comme l’Alliance des patronats francophones, ce n’est pas moins de 10 millions d’entreprises que nous pouvons rejoindre grâce à notre langue commune.
Afin de concrétiser ce potentiel, nous appelons les gouvernements à instaurer des conditions favorables au développement économique de cette francophonie.
Il est impératif que les politiques publiques créent un cadre propice à l’exploration de ces nouveaux marchés, permettant ainsi à nos entreprises d’innover et de s’épanouir à l’international.
Le monde de la francophonie canadienne est prêt, qu’attendent nos gouvernements?
La prospérité collective du Canada repose sur notre capacité à nous adapter et à saisir les occasions offertes par une économie en transformation.
La francophonie économique ne doit pas rester un concept abstrait, mais se traduire par des actions concrètes, orientées vers la croissance et la compétitivité de nos entreprises sur la scène mondiale.
Signataires
- Karl Blackburn, président et chef de la direction, Conseil du patronat du Québec
- Étienne Alary, directeur général, Parallèle Alberta
- Mark Bannerman, directeur général, Conseil économique de la Nouvelle-Écosse
- Jonathan Duffaud, président-directeur général, Conseil économique du Nouveau-Brunswick
- Mylène Letellier, directrice générale, Société de développement économique de la Colombie-Britannique
- Dominique Mailloux, président de la fédération des gens d’affaires de l’Ontario et président de l’Alliance de la Francophonie économique canadienne
- Yan Plante, président-directeur général, Réseau de développement économique et d’employabilité du Canada