Plusieurs observateurs s’accordent pour dire que la COP24 à Katowice, en Pologne, ne sera pas l’objet de grandes annonces marquantes. Les travaux de négociations qui visent à faire atterrir les principes et les dispositions techniques de l’Accord de Paris ne doivent pas occulter les activités de concertation des parties prenantes qui regroupent des scientifiques, des ONG, des industries, etc.
Ces rencontres internationales sont l’occasion de se rappeler que les GES ne connaissent pas de frontières et que les effets doivent être considérés sur un plan continental, voire mondial. Certains phénomènes environnementaux semblent déjà inévitables, entrainant leur lot de conséquences économiques et sociales et en créant de l’instabilité dans certaines régions du globe. Il reste toutefois toujours possible d’en réduire l’intensité et les coûts.
Le statu quo n’est plus une option viable depuis longtemps. Encore moins si l’on souhaite léguer aux générations futures le pouvoir de préserver les conditions d’une prospérité durable et espérer maintenir ou élever le niveau de vie que nous connaissons.
On ne peut le nier. Nos modes de vie tout comme les contextes dans lesquels les entreprises et les emplois évoluent sont appelés à se transformer. Il en a toujours été ainsi, mais le monde dans lequel nous vivons accélère le rythme de ces changements. À bien des égards, le défi climatique est similaire au défi numérique : ou bien on s’adapte et on en profite ensemble, ou bien on périclite ensemble et on en paiera un coût alourdi.
Pour réussir cette transition, il faut des outils fiscaux, réglementaires, financiers et sociaux pertinents et structurants. Elle doit également mobiliser l’ensemble des acteurs de l’État dans une action cohérente. Par exemple, une politique climatique est vide de sens si elle n’est pas accompagnée de mesures économiques et de stratégies industrielles, ou encore, de politiques sur l’emploi ou sur le transport, pour ne citer que celles-là.
Par ailleurs, et la crise des « gilets jaunes » en France doit nous y faire réfléchir, on ne peut imposer à certains citoyens ou employeurs une charge réglementaire ou fiscale insoutenable sous prétexte qu’il faut changer leur mode de vie ou de transport, quand ceux-là n’ont pas toujours la capacité de payer ou d’autres options. Les États doivent être justes. Le principe de l’utilisateur ou du pollueur-payeur, qu’il vise le citoyen ou les entreprises, ne peut s’appliquer aveuglément sans équilibrer les choses. Autrement dit, adosser des avantages concrets aux désavantages inévitables.
Tout le monde veut pouvoir regarder ses enfants ou ses petits-enfants dans les yeux, mais l’adhésion aux politiques climatiques est à ce prix : l’État ne peut pas juste percevoir, il doit aussi redistribuer. Les mesures réglementaires ou fiscales ne peuvent pas être uniquement coercitives, elles doivent être incitatives aussi.
C’est pour toutes les raisons évoquées plus haut que les employeurs et les entrepreneurs, à l’instar des scientifiques, des groupes environnementaux ou des représentants des travailleurs, doivent prendre activement part à la conversation mondiale sur les changements climatiques. Parce qu’ils font partie des solutions, et surtout, parce qu’ils ont la capacité d’en offrir de nouvelles, avec la créativité et l’ingéniosité qu’on leur connaît. Bref, prospérons ensemble.