Introduction
Depuis 2010, le Conseil du patronat du Québec (CPQ) publie le Bulletin de la prospérité du Québec mettant en évidence les principales forces et faiblesses du Québec. Ce bulletin n’a pas pour objet d’évaluer les gestes posés par les différents gouvernements ; il vise plutôt à souligner les menaces et les perspectives qui devraient être prises en considération lors de l’élaboration future de politiques publiques. En somme, ce bulletin analyse des variables socio-économiques fondamentales liées à la prospérité d’une société.
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Au fil des ans, les constats qui s’en dégagent sont quelque peu ambivalents, notamment ceux qui révèlent une performance économique moyenne, voire inférieure à celle d‘États comparables, particulièrement en Amérique du Nord, et ce, en dépit du potentiel extraordinaire du Québec. Que ce soit en fonction de la variable majeure que constitue la richesse collective ou d’autres variables qui seront analysées plus en profondeur ci-après, le Québec accuse encore du retard malgré une amélioration relative depuis la publication du premier bulletin en 2010. En 2015, dernière année pour laquelle les données complètes sont disponibles(1), notre PIB par habitant (36 800 $), qui est comparé dans le graphique 1 à celui des trois autres plus grandes provinces canadiennes – soit l’Ontario (44 200 $), l’Alberta (62 300 $) et la Colombie-Britannique (42 500 $) – et à celui du Canada (45 700 $) ainsi qu’à celui des États-Unis (56 200 $) et des autres pays de l’OCDE, se situe en 22e position sur les 39 pays et provinces de référence dans ce bulletin(2).
Comme il est expliqué à la note 1, l’année de référence est 2015. Or, compte tenu de la relative bonne performance actuelle de certains aspects de l’économie québécoise, les résultats de ce Bulletin pourront apparaître contradictoires. Cependant, les données utilisées sont toujours pertinentes et il faut les apprécier en tenant compte des tendances depuis 2010, en particulier quant aux forces et faiblesses de l’économie québécoise sur une plus longue période.
Le PIB par habitant, à parité de pouvoir d’achat, en dépit de ses limitations et à défaut d’un indice plus complet qui reste à inventer, demeure la première approximation mesurable et comparable du niveau de vie des habitants d’un État donné et de leur capacité de payer (notamment pour des services publics). Nous sommes persuadés d’ailleurs que bon nombre de nos concitoyens partagent ce point de vue.
Nous partons de la prémisse que plus une société soutient la création et la croissance responsable de ses entreprises, plus elle favorise de ce fait même la création d’emplois, la croissance du revenu, la création de richesse et la hausse du niveau de vie de ses citoyens. Mentionnons que plusieurs études empiriques récentes nous apprennent que prospérité économique et bien-être sont deux variables intimement reliées, même si cette relation n’est pas linéaire3. D’ailleurs, la première étude réalisée dans le cadre de la Campagne PROSPERITE.QUEBEC lancée en 2015 par le CPQ avait mis en relief le lien entre le niveau de vie et la performance économique d’une part, et la qualité de vie et le bien-être de la population de l’autre.
Nos finances publiques ont été assainies, mais elles se caractérisent toujours par une dette publique imposante et un fardeau fiscal parmi les plus lourds en Amérique du Nord. Bien que le poids de la dette publique ait légèrement diminué en proportion du PIB, ce qui explique l’amélioration de la cote de crédit de la province, il faudra au Québec encore des années de discipline en matière de dépenses, de nombreux surplus budgétaires et des versements réguliers au Fonds des générations avant de rattraper la moyenne canadienne sur ce plan. Un ralentissement économique ou une hausse des taux d’intérêt exerceraient rapidement une pression supplémentaire sur les finances publiques.
Le déclin démographique en cours posera par ailleurs de nouveaux défis et exigera d’importants ajustements pour que le Québec puisse maintenir son niveau de vie, et bien sûr les programmes sociaux chers à ses citoyens.
La création de richesse doit donc continuer d’être une priorité absolue pour le Québec ; il s’agit là en effet de la stratégie la plus efficace qui s’offre à lui pour assurer à sa population la prospérité durable et le niveau de vie auxquels elle aspire.
C’est donc pour mesurer notre performance par rapport à cette quête de prospérité que le CPQ a créé le Bulletin de la prospérité du Québec. Celui-ci sert à évaluer périodiquement l’état de certains indicateurs qui représentent, à notre avis, de bons déterminants de la création de richesse(4).
Il existe évidemment d’autres déterminants de la création de la richesse, mais plus difficiles à capter par des indicateurs. Pensons par exemple aux aspects sociétaux et culturels, ou aux facteurs qui témoignent de l’esprit entrepreneurial. Pensons également à la propension à gérer et à faire progresser rapidement des projets de grande ou de moins grande envergure.
Cette édition 2017 du Bulletin présente une mise à jour des résultats présentés antérieurement, selon les données disponibles, pour nous permettre d’évaluer s’il y a eu des progrès ou bien des reculs, et en faire l’analyse. Nous décrivons, dans la mesure du possible, l’évolution de la situation depuis la première édition du Bulletin de la prospérité en 2010.
Notes
- L’analyse de l’année 2015 présente une liste plus complète de pays et provinces que celle de l’année 2016. Selon les dernières données provisoires de l’ISQ, le Québec se classait en 2016 au 21e rang parmi les pays membres de l’OCDE pour ce qui est de son produit intérieur brut par habitant, alors de 37 900 $. Tous les chiffres sont exprimés en parité de pouvoir d’achat (PPA).
- Selon l’économiste Pierre Fortin, cette comparaison du PIB par habitant entre les provinces canadiennes ne tient pas compte des écarts de prix moyens existants et par conséquent n’offre pas de portrait parfaitement fidèle de la situation. Des écarts de prix moyens entre les provinces peuvent en effet exister. Il n’existe pas à notre connaissance de comparateur direct de prix entre les provinces, en fait les comparaisons de prix publiées par Statistique-Canada concernent les grandes villes de chaque province. En tenant compte de ces prix, l’écart de PIB réel par habitant entre le Québec et les trois autres provinces est réduit, mais le rang du Québec dans le classement ne change pas. Notons finalement que les chiffres présentés dans le graphique 1 sont très similaires à ceux publiés par le CIRANO.
- Voir notamment l’étude de Betsey Stevenson et Justin Wolfers, parue dans l’American Economic Review en mai 2013. Disponible ici.
- Les détails sur le choix des indicateurs et l’attribution des notes se trouvent en annexe.