Depuis 2010, le Conseil du patronat du Québec publie le Bulletin de la prospérité du Québec, qui met en évidence les principales forces et les principales faiblesses du Québec. Au fil des ans, il s’en est dégagé que certains éléments de la performance économique du Québec comparés avec ceux d’autres provinces canadiennes ou ceux de plusieurs pays laissent à désirer. Ces constats sont généralement les mêmes cinq ans plus tard, comme nous le verrons plus loin. Que ce soit en fonction de la variable majeure que constitue la richesse collective ou, encore, en fonction d’autres variables qui seront analysées plus en profondeur ci-après, le Québec continue à tirer de l’arrière. Notre PIB par habitant, qui est comparé dans le graphique suivant à celui de trois autres provinces canadiennes, à celui du Canada ainsi qu’à celui des États-Unis et des autres pays de l’OCDE, se situe en vingt-deuxième position sur les 39 provinces et pays analysés. Pour certains, la prospérité d’une société ne devrait pas se mesurer en tenant compte uniquement du PIB; elle devrait inclure également une mesure du sentiment de bonheur et de bien-être de sa population(1).
Nous ne nous opposons pas à la définition de prospérité – de nature plus sociale – adoptée par plusieurs acteurs sociaux au Québec. Nous estimons cependant qu’il n’appartient pas au Conseil du patronat du Québec – représentant les employeurs – de mesurer l’indice de bonheur ou la qualité de vie des Québécois. Nous croyons que notre rôle consiste davantage à fournir des références sur le cheminement économique du Québec.
Notre prémisse est que plus une société favorise la création et la croissance de ses entreprises, plus elle favorise du fait même la création d’emplois, l’augmentation du revenu, la création de richesse et la hausse du niveau de vie de ses citoyens. Notons que plusieurs études universitaires récentes nous apprennent que prospérité économique et bien-être sont deux variables intimement reliées(2).
Le PIB par habitant, à parité de pouvoir d’achat, en dépit de ses limitations et à défaut d’un indice plus complet qui reste à inventer, demeure la première approximation mesurable et comparable du niveau de vie des habitants d’un État donné et de leur capacité de payer (notamment pour des services publics). Nous sommes persuadés d’ailleurs qu’un bon nombre de nos concitoyens – peut-être pas encore suffisamment – partagent cette conviction.
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Notes
- Plusieurs mesures existent pour tenter d’évaluer le bien-être d’une société, chacune ayant ses propres caractéristiques et limitations. Une des plus connues est le fameux indice de développement humain. Un des indices récents de l’OCDE est l’indicateur « Vivre mieux » publié pour la première fois en 2011. Deux chercheurs, Luc Godbout et Marcelin Joanis, avaient calculé l’indice du Vivre mieux pour le Québec. Le Québec faisait un peu mieux que le Canada. Et comme le Canada était alors au deuxième rang, tout juste derrière l’Australie, le Québec se serait retrouvé au premier rang mondial. En 2014, l’OCDE a rendu publique une version de son indice du Vivre mieux pour les régions des pays membres. Cette version ne compte que huit indicateurs, comparativement à vingt dans l’indice original. Tel que le rapportait le journaliste Alain Dubuc, avec ces indicateurs, le Québec obtient une note de 60,4, sous la moyenne de 61,7 du Canada, et derrière la Colombie-Britannique qui mène avec 63,9, suivie de l’Alberta et de l’Ontario avec 61,6. Il faut dire aussi que, depuis 2011, le classement du Canada recule. En 2014, il se situe au cinquième rang mondial, devancé par l’Australie, et aussi par trois pays scandinaves, le Danemark, la Norvège et la Suède.
- Voir notamment l’étude de Justin Wolfers et Betsey Stevenson, parue dans l’American Economic Review en mai 2013.