Ottawa, le 27 février 2018 – À la lecture du budget fédéral, le CPQ (Conseil du patronat du Québec) déplore que le gouvernement ne place pas davantage l’économie au centre de ses priorités, alors que de la robustesse de cette dernière dépend sa capacité à financer sa politique sociale.
« Le gouvernement a fait de son 3e budget une occasion de dévoiler sa politique sociale ; l’économie en est le parent pauvre. Pourtant, mener des objectifs sociaux et économiques devrait aller de pair, car la croissance et l’égalité – comme le titre le budget – doivent pouvoir compter sur une plus grande prospérité économique. Parallèlement, on ne peut que regretter l’absence de plan de retour à l’équilibre », estime Norma Kozhaya, vice-présidente et économiste en chef du CPQ.
Un laisser-aller budgétaire hautement préoccupant
Malgré plusieurs incertitudes qui pèsent sur l’économie canadienne, telle que la renégociation de l’ALENA, de même qu’une éventuelle correction sur les marchés boursiers, le gouvernement n’a pas jugé bon de retenir l’assainissement de ses finances comme priorité, afin de prévoir une marge de manœuvre en cas de coup dur. Pourtant, il annonce des déficits qui vont courir au moins jusqu’en 2023 et qui vont s’accompagner de plusieurs nouvelles dépenses importantes.
« Nous sommes déçus par l’absence de cible de retour à l’équilibre budgétaire, alors que le gouvernement l’avait promis en campagne électorale pour 2019. En l’état actuel des finances publiques, il est plus que temps de se doter d’un plan pour revenir à l’équilibre le plus rapidement possible, afin de ne pas reporter aux générations futures, surtout la future classe moyenne, le fardeau des services que nous utilisons aujourd’hui », déclare Norma Kozhaya.
Érosion de la compétitivité et de l’équité de la fiscalité des entreprises
À regret, le CPQ ne voit aucune mesure susceptible de répondre à la réforme fiscale sans précédent des États-Unis afin de maintenir la compétitivité du système fiscal canadien, dont dépendent beaucoup d’investissements actuels et futurs.
Au contraire, le gouvernement vient alourdir le système canadien avec une réforme qui rendra la fiscalité canadienne encore plus complexe, de l’avis même du Comité sénatorial chargé d’étudier la question, qui recommandait de l’abandonner, ou du moins la retarder.
Si la réduction de la déduction accordée aux PME à 50 000 $ pour les PME et 150 000 $ pour les grandes entreprises offre l’avantage d’être moins complexe à administrer, il reste que la tournure actuelle de la réforme du ministre des Finances va demeurer problématique pour la croissance et les opérations courantes de nombreuses entreprises.
Parallèlement, le CPQ déplore à nouveau l’absence de volonté du gouvernement de légiférer équitablement sur la taxation du commerce en ligne, un autre enjeu de taille à affronter si l’on veut que nos entreprises puissent jouer à armes égales face à leurs concurrents transfrontaliers. Pourtant, plusieurs pays à travers la planète légifèrent ou tentent de trouver des solutions équitables.
Le CPQ en appelle à un recentrage sur l’économie
À lire les documents associés au budget, on doit constater que l’économie est le parent pauvre puisqu’un seul porte explicitement sur l’économie.
Toutefois, le CPQ retient comme éléments positifs :
- Des investissements importants dans la recherche et l’innovation avec une intention de rapprocher le milieu de la recherche et des entreprises
- Des mesures visant à soutenir certains secteurs touchés par des litiges commerciaux, tels que l’industrie du bois
- Le dépôt d’une loi visant les accords de poursuite suspendue (APS)
- Des mesures favorisant l’entrepreneuriat féminin
Par contre, le CPQ est déçu par :
- Le montant de 29 millions de dépenses additionnelles destinées à la Garde-Côtière, qui n’apparaît pas très substantiel et ne donne pas d’indication claire pour le Québec
- L’augmentation de la taxe sur le tabac, une cible facile en apparence, mais qui ne rapportera probablement pas le bénéfice escompté
- L’absence de nouvelles mesures ambitieuses en ce qui a trait à la conversation de notre économie pour atteindre les objectifs de réduction de GES du Canada
En conclusion
« Manifestement, la situation des comptes publics place le gouvernement dans la posture d’annoncer sa politique sociale au lieu d’un énoncé budgétaire axé sur l’économie, dont c’est la vigueur qui permet notre capacité à financer nos programmes sociaux », de conclure Norma Kozhaya. « Rappelons à ce sujet que plusieurs des mesures sociales annoncées, telles que les congés parentaux et l’équité salariale, ou encore l’assurance médicament, visent des clientèles électorales hors Québec ou qui ne sont pas sous la juridiction québécoise. »
Regroupant plusieurs des plus grandes entreprises du Québec, le Conseil du patronat du Québec réunit aussi la vaste majorité des associations patronales sectorielles, ce qui en fait la seule confédération patronale du Québec. Il représente directement et indirectement plus de 70 000 employeurs de toutes tailles, tant du secteur privé que public, ayant des activités au Québec.
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Nadine Légaré
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