Commentaires du CPQ dans le cadre des consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi no 9

MISE EN CONTEXTE

L’immigration au Québec est un enjeu social et économique qui prend une importance majeure dans le contexte de la rareté de la main-d’oeuvre. Le Québec est à l’ère du plein emploi, et selon les estimations d’Emploi-Québec, près de 1,5 million(1) de postes seront à pourvoir d’ici 10 ans, dont 118 520(2) dans l’immédiat. De ce nombre, près du quart (22 %) seront occupés par des personnes immigrantes. Le défi de bien sélectionner, accueillir et intégrer nos futurs arrivants est donc indissociable de notre prospérité économique future.

Jusqu’à présent, immigrer au Québec s’apparente au parcours du combattant. Les très longs délais de traitement, l’échec de certains outils — comme Mon projet Québec —, la double compétence fédérale/provinciale qui alourdit les processus administratifs, sans mentionner les nombreuses ratées informatiques, ont découragé bon nombre de bons candidats d’immigrer au Québec. Même une fois au pays, la recherche d’un emploi adapté à leurs compétences présente de sérieuses lacunes pour les personnes immigrantes. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En février 2018, le taux de chômage chez les personnes nées au Québec était de 5,1 %. Pour les personnes immigrantes arrivées il y a moins de cinq ans, c’était pratiquement le triple(3). Même si la situation s’améliore depuis 2017, ce taux demeure plus élevé que dans les autres provinces canadiennes où il est inférieur à 10 %.

Si nous affichons ces statistiques peu enviables, c’est principalement en raison d’une mauvaise sélection des candidats à l’immigration qui, d’une part, ne met pas en valeur leur adéquation avec les besoins du marché du travail et, d’autre part, ne favorise pas la régionalisation de l’immigration. En outre, nous ne pouvons passer sous silence le manque de ressources dédiées aux employeurs qui doivent améliorer leur gestion de la diversité et le manque de ressources dédiées aux immigrants en emploi qui faciliteraient leur intégration dans leur nouveau milieu de vie.

Pourtant, le Québec fait l’envie de bon nombre de ressortissants étrangers. En plus des nombreux emplois à pourvoir, nous jouissons d’une qualité de vie exceptionnelle et de très nombreux services offerts aux citoyens. À titre d’exemple, Montréal s’est classée deuxième sur 110 villes du monde comme destination la plus attractive pour les jeunes âgés de 25 à 38 ans, selon le classement Nestpick(4). Ce sont justement ces jeunes que nous voulons attirer en priorité.

L’immigration est un enjeu de société comme il est un enjeu économique. Le CPQ (Conseil du Patronat du Québec) s’y intéresse, en particulier sous l’angle économique, même s’il reconnaît que cette question est plus large. La disponibilité d’une main-d’oeuvre qualifiée est un des enjeux les plus préoccupants des employeurs du Québec que nous représentons, et l’immigration constitue sans contredit l’une des réponses à cet enjeu, au même titre que l’éducation, la formation et l’intégration sur le marché du travail, de tous les citoyens qui le souhaitent. En effet, nous estimons que l’immigration a des effets économiques, sociaux et culturels très enrichissants pour notre société et nos régions. La diversité représente d’ailleurs un facteur favorable à la performance des organisations. Comme le Québec est en concurrence avec de nombreux autres pays pour l’attraction des talents, notre système d’immigration doit faire preuve de souplesse, d’efficacité et de prévisibilité, aux antipodes de ce qu’il est présentement.

Nous accueillons favorablement plusieurs objectifs et principes directeurs du projet de loi no 9. En même temps, nous rappelons que ce projet de loi ne constitue qu’un jalon dans la réforme du système d’immigration au Québec. D’ailleurs, le projet de loi porte sur l’intégration socio-économique, laissant tout le volet de la sélection absent du débat. Nous invitons le gouvernement à se doter d’une politique à long terme axée vers les besoins du marché du travail, au bénéfice du développement économique et social du Québec et de ses régions. Le Québec a encore beaucoup de travail à faire pour mieux sélectionner et intégrer ses immigrants afin que l’expérience de l’immigration soit un succès, tant pour l’immigrant lui-même que pour sa société d’accueil.

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Notes

1. Gouvernement du Québec, Stratégie nationale sur la main-d’oeuvre 2018-2023, mai 2018.
2. Statistique Canada, Tableau : 14-10-0325-01.
3. Portrait de l’intégration de personnes immigrantes au Québec, Comité consultatif des personnes immigrantes de la Commission des partenaires du marché du travail, décembre 2018.
4. Classement des villes pour milléniaux 2018.

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