Notre bien-être ne dépend pas que du PIB – Le G15+ et ses partenaires dévoilent les Indicateurs du bien-être au Québec pour placer la qualité de vie au coeur de nos décisions collectives

Montréal et Québec, 18 janvier 2022 – Parce que le Produit intérieur brut (PIB) et la création d’emplois ne suffisent plus pour évaluer le bien-être des Québécoises et des Québécois, les membres et partenaires du collectif G15+ dévoilent les Indicateurs du bien-être au Québec. Fruit d’un imposant travail de co-construction, 20 organisations des milieux économiques, financiers, sociaux, syndicaux, environnementaux, académiques et philanthropiques se mettent d’accord pour la toute première fois sur une série de 51 indicateurs économiques, sociaux et environnementaux permettant de mesurer le niveau de bien-être au Québec. Ces indicateurs, qui seront mis à jour annuellement et qui tiendront compte de l’impact de la pandémie, sont accessibles à toute la population sur la plateforme interactive www.indicateurs.quebec.

Faits saillants

  • Société : de 2015 à 2019, l’écart entre le taux de chômage des immigrants et celui de la population des 25 à 54 ans a diminué de 41%. Par contre, la santé mentale perçue comme excellente ou très bonne pour les 12 ans et plus a fléchi de 4% sur cette période.
  • Environnement : de 2015 à 2019, le nombre de jours de mauvaise qualité de l’air a baissé de 34%. Par contre, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 6,5% sur cette période.
  • Économie : de 2015 à 2019, la proportion des jeunes âgés de 15 ans et plus qui ne sont ni aux études, ni à l’emploi, ni en stage a reculé de 16,5%. Par contre, la part du PIB dédiée aux produits environnementaux et aux technologies propres a reculé de 10 % sur cette période.
  • Plusieurs indicateurs, surtout de nature sociale et environnementale, n’ont pas pu être chiffrés faute de données robustes et fréquentes, tels que le dynamisme de l’entrepreneuriat collectif, la qualité des services de garde à l’enfance ou encore l’évolution de la biodiversité.

« Notre projet s’inspire de l’expérience de nombreuses nations et organisations internationales (Écosse, Islande, Italie, France, Nouvelle-Zélande, etc.) qui, au cours des dernières années, ont mis à la disposition des décideurs publics et du grand public des indicateurs économiques, sociaux et environnementaux pour placer la qualité de vie au coeur des décisions collectives », déclare Mia Homsy, présidente-directrice générale de l’Institut du Québec, qui a copiloté la démarche.

« Cette démarche s’appuie sur un large survol de la littérature et des initiatives à travers le monde et sur une approche méthodologique rigoureuse validée par des experts issus de toutes les organisations membres et partenaires du G15+ », ajoute François Delorme, économiste à l’Université de Sherbrooke, qui a copiloté la démarche.

5 pistes d’action à l’intention des décideurs publics

Les membres et partenaires du G15+ lancent un appel à nos décideurs publics et leur adressent cinq pistes d’action :

  1. Placer davantage le bien-être au coeur des gestes des décideurs publics par l’arrimage d’indicateurs du bien-être à la planification budgétaire et stratégique de l’État ;
  2. Produire et mettre à jour de façon systématique (annuelle ou aux deux ans) les données statistiques nécessaires à l’élaboration d’indicateurs robustes sur l’état du bien-être des Québécoises et des Québécois, avec la contribution des Indicateurs du bien-être au Québec comme base de travail ;
  3. Arrimer les méthodologies en établissant une collaboration fédérale-provinciale-territoriale de haut niveau afin de bien mesurer l’état du bien-être des Québécoises et des Québécois ;
  4. Doter les Indicateurs du bien-être au Québec de cibles, dans la mesure du possible, pour mieux mesurer et accélérer le progrès vers leur atteinte ;
  5. Offrir à la population une vue synthétique de l’évolution du bien-être par grande thématique économique, sociale et environnementale en étudiant l’opportunité d’enrichir les Indicateurs du bien-être du Québec de trois indicateurs composites et un indice global.

Renforcer l’interdépendance entre l’économie, la société et l’environnement

« La prospérité ne peut se mesurer sans prendre en compte toutes les dimensions que représentent l’économie, le social et l’environnement. Les indicateurs présentés montrent plusieurs points positifs mais également des pistes pour améliorer le bien-être de la population québécoise de façon inclusive et durable », affirme Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec.

« Ce n’est pas en continuant de nous limiter à mesurer toujours la même chose que nous pourrons changer notre approche de l’économie et de la société. Une transformation profonde s’impose et pour la faire, nous avons besoin de prendre en compte de multiples dimensions », renchérit Geneviève Morin, présidente-directrice générale de Fondaction.

Un déficit majeur de production de données sociales et environnementales et l’importance de mesurer l’effet de la pandémie

« Encore aujourd’hui, il est impossible de mesurer certains indicateurs sociaux en raison de leur faible récurrence ou de leur inexistence, comme le dynamisme de l’économie sociale, la qualité du système de services de garde à l’enfance, l’engagement communautaire et l’implication bénévole, l’état de l’itinérance, la santé environnementale ou la vitalité des langues autochtones entre autres. Ils sont pourtant essentiels dans notre relation au développement du Québec », dénote Béatrice Alain, directrice générale du Chantier de l’économie sociale.

« Faute de données robustes et fréquentes, notre portrait écarte des indicateurs environnementaux majeurs, dont plusieurs liés à la mobilité durable, à l’adaptation aux changements climatiques, à l’évolution de la biodiversité, à l’artificialisation des sols ou à la capacité de séquestration du carbone », déplore Jérôme Dupras, professeur à l’Université du Québec en Outaouais.

« Puisque les premiers résultats couvrent la période de 2015 à 2019, les effets structurels et conjoncturels de la COVID-19 devront être mesurés dans les années à venir pour documenter l’impact de la pandémie sur l’évolution des tendances », précise Annie Chaloux, professeure à l’Université de Sherbrooke.

Les conditions sociales prépandémiques ont généralement progressé

« Nous devons poursuivre notre engagement pour contrer les inégalités sociales. Bien que les données indiquent que les écarts de richesse et la pauvreté ont légèrement reculé de 2015 à 2019 et que les personnes immigrantes et autochtones ont eu plus de facilité à intégrer le marché du travail, il reste des progrès importants à faire, notamment en matière de qualité des conditions d’exercice des emplois », précise Denis Bolduc, secrétaire général de la Fédération des travailleuses et travailleurs du Québec.

« Durant cette période, l’espérance de vie moyenne a progressé et les inégalités sociales ont diminué. Cependant, l’effet de la pandémie, avec le retour de l’inflation qui affecte particulièrement les ménages à faibles revenus, sème l’incertitude sur le maintien de ces tendances », nuance Daniel Baril, président de la Coalition des organismes communautaires pour le développement de la main-d’oeuvre.

« En revanche, de véritables zones de préoccupations sociales notables persistent : la baisse du taux d’inoccupation des logements sous le seuil d’équilibre de 3 % dans la plupart des municipalités a eu comme conséquence négative d’exacerber les difficultés des ménages à accéder à des logements abordables », s’inquiète Alain Marcoux, président de l’Association des Groupes de Ressources Techniques du Québec.

« Malgré la Loi sur l’équité salariale, le fossé de rémunération horaire entre les hommes et les femmes s’est accru de 10 % entre 2015 et 2019. De même, la santé mentale perçue de la population des 12 ans et plus s’est dégradée ; une dégradation qui ne tient pas encore compte de l’effet pandémique. Des tendances inquiétantes », relève Sylvain Gariépy, président de l’Ordre des urbanistes du Québec.

Un bilan environnemental prépandémique en demi-teinte

« De 2015 à 2019, il faut souligner la progression de plusieurs indicateurs environnementaux même si le rythme des progrès est généralement bien insuffisant. La superficie du territoire couverte par des aires protégées a fait du chemin mais elle n’est pas répartie équitablement sur le territoire. Par ailleurs, nos investissements en transport collectif ont crû, mais les dépenses dans les nouveaux projets autoroutiers nous font faire un pas en arrière. On doit continuer à miser sur les succès, notamment en matière d’efficacité énergétique, de réduction de la consommation d’eau potable et de la diminution du nombre de jours de mauvaise qualité de l’air », expose Colleen Thorpe, directrice générale d’Équiterre.

« Bien qu’il manque de données sur l’artificialisation des sols au Québec, nous constatons que la mise en chantier de logements individuels a diminué de 27 %, nous permettant de croire en une certaine densification urbaine, un facteur essentiel à la protection des milieux naturels et agricoles. Des mesures structurantes pour mieux aménager notre territoire seront essentielles pour transformer cette tendance en réalité tangible », soutient Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville.

« En revanche, plusieurs tendances environnementales inquiétantes devraient nous faire réagir rapidement : nos émissions de GES ont fortement augmenté, soutenues par une croissance marquée du nombre de véhicules sur nos routes. De même, l’accès aux infrastructures vertes s’est restreint pour les ménages », déplore Sabaa Khan, directrice générale de la Fondation David Suzuki, section Québec et Atlantique.

« Ce travail nous fait constater que certains indicateurs environnementaux qui existent ailleurs dans le monde seraient utiles au Québec, dont le suivi des investissements du budget du Québec favorisant le maintien de la biodiversité », mentionne Martin Vaillancourt, directeur général du Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec.

Une performance prépandémique encourageante de l’économie québécoise

« Que ce soit du point de vue du revenu par personne, de la productivité, de l’investissement en capital, de la précarité de l’emploi, du dynamisme de la création de nouvelles entreprises ou de l’endettement public, les indicateurs économiques du Québec sont généralement au vert », signale Charles Milliard, président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec.

« Cependant, plusieurs tendances économiques exigeront des actions correctives, dont la stagnation de la diplomation secondaire et postsecondaire. Or, l’éducation reste l’une des clés pour accroître la qualité des emplois et positionner le Québec sur les créneaux économiques de demain, comme les transports électriques et intelligents », rappelle Sarah Houde, présidente-directrice générale de Propulsion Québec.

« Autres tendances inquiétantes durant cette période, l’investissement en recherche et développement a régressé de 4 % et la part du PIB dédiée aux produits environnementaux et aux technologies propres a reculé de 10 % sur cette période », note Denis Leclerc, président et chef de la direction d’Écotech Québec.

La force du dialogue social

Cette démarche, rendue possible grâce à la contribution majeure de la Fondation du Grand Montréal, s’appuie sur l’Institut du Québec, Fondaction et la Fondation familiale Trottier à titre de partenaires principaux, avec le soutien du Conseil du patronat du Québec, d’Équiterre, de Vivre en Ville, de la Fondation David Suzuki et de COPTICOM, Stratégies et Relations publiques.

« Le développement des Indicateurs du bien-être au Québec est un prolongement direct du travail accompli par la Fondation du Grand Montréal pour diffuser des données probantes sur l’évolution du bien-être de nos collectivités, et nous sommes fiers de le soutenir. Ce travail collectif majeur démontre que tous les secteurs peuvent travailler ensemble pour bâtir une société plus prospère, plus juste, plus verte et plus inclusive. La première étape, c’est de dresser un portrait fidèle d’où nous nous situons aujourd’hui », conclut Karel Mayrand, président-directeur général de la Fondation du Grand Montréal.

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À propos du G15+

Le collectif G15+ est composé de leaders économiques, syndicaux, sociaux et environnementaux du Québec. Créé en mars 2020 en réponse à l’appel lancé par le premier ministre Legault pour réfléchir à la façon dont le Québec pourra sortir plus fort et plus uni de cette crise sans précédent, le G15+ s’est mobilisé dans un élan inédit pour appuyer les efforts de relance de l’économie québécoise. Le groupe a répondu à l’appel à la relance du gouvernement du Québec en lui transmettant une série de propositions visant à soutenir les entreprises et les travailleuses et travailleurs, ainsi que leurs communautés, sur la base des grands objectifs sociaux, économiques et environnementaux qui font largement consensus au Québec. Il offre au gouvernement du Québec d’approfondir ce dialogue ensemble.

Membres du projet des Indicateurs du bien-être au Québec


Annie Chaloux (Université de Sherbrooke), Association des Groupes de Ressources Techniques du Québec, Chantier de l’économie sociale, Conseil du patronat du Québec, COPTICOM, Stratégies et Relations publiques, Écotech Québec, Équiterre, Fédération des chambres de commerce du Québec, Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, Fondaction, Fondation David Suzuki, Fondation du Grand Montréal, François Delorme (Université de Sherbrooke), Institut du Québec, Jérôme Dupras (Université du Québec en Outaouais), Ordre des urbanistes du Québec, Propulsion Québec, Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement, Vivre en Ville.

Renseignements

Étienne Pomerleau-Landry
Conseiller principal, COPTICOM, Stratégies et Relations publiques
eplandry@copticom

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