L’intégration des immigrants passe par l’emploi

Nous soulignons ensemble la 15e Semaine québécoise des rencontres interculturelles, du 23 au 29 octobre, qui nous rappelle la contribution importante des Québécoises et des Québécois de toutes origines au développement de la province. Le succès de nos politiques d’immigration devait se mesurer en termes d’intégration économique, tenant compte du taux de chômage élevé des immigrants combiné à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée.

L’arrimage de l’immigration économique avec les besoins de l’économie québécoise doit faire l’objet d’une démarche beaucoup plus solide. Au cours des deux dernières années, les deux niveaux de gouvernement ont mis de l’avant une nouvelle politique sur l’immigration pour améliorer cet arrimage. Les gouvernements ont aussi mis en place une planification quinquennale de l’immigration, assoupli le Programme des travailleurs étrangers temporaires et adopté la Stratégie fédérale en matière de compétences mondiales. Le Rendez-vous national sur la main-d’œuvre de février dernier faisait de l’intégration des immigrants, notamment en région, une des voies obligées pour répondre en partie aux besoins futurs de travailleurs. Il y a quelques jours, c’est une rencontre entre le premier ministre du Québec, cinq de ses ministres et les représentants de 46 ordres professionnels qui pavait la voie à une meilleure reconnaissance des formations données à l’étranger.

Le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale et celui de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion nous rappellent qu’il faudra remplacer 1,4 million de travailleurs d’ici 2020-2024. Or, les immigrants pourraient combler plus de 20 % de cette pénurie de main-d’œuvre. Au-delà de gestes de bonne volonté, la réalité demeure souvent en deçà de nos attentes. Les personnes immigrantes peinent à trouver des emplois et sont souvent contraintes à occuper des postes qui ne correspondent pas à leurs qualifications. La première expérience de travail au Québec, souvent nécessaire pour établir un réseau professionnel, fait défaut pour bon nombre de nouveaux arrivants de même que leur mobilité pour s’établir à l’extérieur de la grande région de Montréal. Pourtant, nos entreprises manquent cruellement de main-d’œuvre.

Il y a des ratés dans le système que l’on pointe aisément du doigt. Le cas des 1000 infirmières qui sont en attente d’une place pour réaliser leur programme d’intégration professionnelle, alors que le réseau de la santé a des besoins urgents, est particulièrement éloquent. Une étude du CIRANO, en septembre 2016, soutenait que la pluralité des acteurs, l’insuffisance de la coordination entre les différentes initiatives et la multiplicité de programmes qui se recoupent peut expliquer pourquoi les immigrants ont toujours du mal à trouver les services qui pourraient les accompagner dans leur parcours vers un emploi. Cette même étude révélait que ce sont les actions des municipalités, ailleurs au Canada et en Europe notamment, qui ont le mieux réussi intégrer la main-d’œuvre étrangère.

Le sociologue Guy Rocher affirmait en 2010 «que le pluralisme religieux, linguistique et ethnique de la région montréalaise fait que la culture québécoise y est engagée dans une évolution que ne connaissent pas de la même manière les autres régions du Québec.» L’immigration concentrée à Montréal a produit un écart qu’il qualifiait de dramatique entre Montréal et le reste du Québec.

La Semaine québécoise des rencontres interculturelles existe justement pour nous interroger sans complaisance sur la place que nous faisons réellement aux immigrants. Car l’intégration des nouveaux arrivants, ce n’est pas que l’affaire des gouvernements. C’est un enjeu qui interpelle le milieu des affaires, les municipalités et l’ensemble des citoyens. Au-delà des politiques, nous savons par expérience que nous avons tous et chacun un rôle à jouer en matière d’accueil, d’intégration, de francisation, de relations interculturelles et d’inclusion.

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