Lettre ouverte du président-directeur général du Conseil du patronat du Québec, Yves-Thomas Dorval.
Métro Montréal, p. 14 – 15 septembre 2017
La Loi sur les normes du travail (LNT), adoptée en 1980, a fait l’objet de plusieurs modifications au fil des ans pour se conformer aux changements des époques. Les employeurs et les travailleurs ne sont plus ceux d’il y a quarante ans : ils ont dû faire face à la transformation d’un marché qui est de plus en plus ouvert sur le monde, compétitif, connecté, exposé à des enjeux de vieillissement démographique, de mobilité de la main-d’œuvre et de développement durable, pour n’en citer que certains.
C’est pourquoi il est important, dans la révision appréhendée de la LNT, de maintenir un juste équilibre entre les impératifs des mutations du marché et de la réalité professionnelle, les exigences des entreprises et celles des travailleurs. En fait, le Québec doit continuer d’offrir des conditions de travail justes et raisonnables aux travailleurs afin de garder et de valoriser sa main-d’œuvre qualifiée, mais sans pénaliser la capacité des entreprises à se développer et continuer à créer de la richesse et de l’emploi.
L’intégration des travailleurs immigrants, la transition intergénérationnelle, l’amélioration du niveau d’études, l’évolution de la rémunération horaire, la diminution des heures hebdomadaires de travail, le renforcement des mesures de conciliation travail-famille, la montée des femmes au travail, l’avènement du numérique et du télétravail… sont autant d’éléments qui ont eu un impact majeur dans la réorganisation du travail et les relations employeurs-travailleurs.
Lorsqu’on parle de « travail atypique », par exemple, il importe de considérer le contexte dans lequel il a évolué et les changements de notre société. Rappelons à cet effet qu’en 2016, au Canada comme au Québec, il y a eu un plus grand nombre de personnes travaillant à temps partiel de leur plein gré – la proportion de celles qui ont déclaré le faire involontairement ayant diminué considérablement au Québec. Cela signifie que de plus en plus de professionnels choisissent de travailler moins de 35 heures par semaine, pour toute sorte de raisons personnelles.
Les normes du travail au Québec ont été bonifiées aussi pour être en harmonie avec celles des autres provinces canadiennes, ou même les dépasser à certains égards. À titre d’exemple, le Québec a été la seule province à voir la mise en place d’un régime d’assurance parentale qui est venu s’ajouter au régime fédéral de l’assurance-emploi, favorisant le retour des femmes au travail et l’implication des pères dans les soins des plus petits.
Les normes du travail nécessitent d’être considérées dans une approche globale qui tienne compte des mutations du marché, des besoins des employés et des impératifs de croissance des entreprises, afin que le Québec puisse incarner les valeurs d’une société moderne, apprenante, compétente, inclusive et ouverte sur le monde, tout en bâtissant une compétitivité de calibre mondial.