La réinsertion des jeunes par l’innovation

Dans une société où nous visons la prospérité et le développement économique, nous devons toujours préparer le futur. S’occuper des actifs pour que le système des retraites soit équilibré est crucial. S’assurer qu’une protection sociale puisse protéger les plus pauvres ou les personnes au chômage l’est tout autant.

En parallèle, il faut aussi penser à l’avenir et aux obstacles pouvant remettre en cause ces équilibres. Évoquons notamment les nombreux départs à la retraite au Québec pour les prochaines années ce qui constituent une centaine de milliers d’actifs; des dizaines de milliers d’entreprises potentiellement à vendre et qui peinent à trouver de la relève; une mutation du monde vers la nouvelle économie du numérique qui exclut progressivement les générations de plus de 50 ans qui ont pourtant un savoir-faire et une expérience nécessaire à la transmission progressive du savoir. Pour remédier à ces situations, l’immigration choisie est alors utilisée et comble au fur et à mesure les manques. Mais cela se révèle insuffisant. Le véritable enjeu est d’adresser les difficultés des jeunes à s’insérer en société et à intégrer le monde des adultes.

Voici quelques données :

– Le décrochage scolaire pour les jeunes de moins de 16 ans demeure important et le raccrochage est incertain ou prend des années pour se réaliser
– Le stress : de nombreux jeunes avouent avoir peur de l’avenir et subissent déjà une pression qu’ils ne devraient pas connaître à cet âge
– Les itinérants : on estime à 30 000 le nombre d’itinérants à Montréal dont plus de 50% ont moins de 30 ans.
– L’obésité importante chez les jeunes, 1 enfant sur 3 est considéré en surpoids ou obèse

Le CHU Sainte-Justine, premier hôpital Mère-Enfant au monde, un des premiers centres de recherche canadien, une fondation pionnière dans l’assistance aux enfants en difficulté, a mis sur pied le programme Circuit pour s’attaquer à l’obésité, inciter les jeunes aux saines habitudes de vie en associant assistance psychologique et technologies de suivi.

Si nous voulons continuer de croire en un Québec prospère et rentable, nous devons également nous occuper de nos ainés: leur permettre de transférer leurs compétences, de travailler après l’âge de départ en retraite pour combler leurs faibles revenus et leur accorder de l’importance pour les décisions futures liées au Québec. L’attention portée à nos ainés et à nos jeunes fera en sorte que notre système sera fragile ou non. Aussi, il faudra conforter les jeunes dans le fait qu’il y a d’autres voies pour réussir que le chemin standard que tout le monde emprunte avec des école et universités généralistes. Plusieurs organismes visionnaires ont développé des processus éprouvés de réinsertion par l’Innovation dans de nombreux domaines : médias numériques, arts, créativité, leadership, mode de vie et santé, académie, entreprenariat, robotique ou encore jeux vidéo.

Citons deux exemples majeurs.

Pour
Cybercap Montréal
, un éclaireur existant depuis 15 ans, dirigé par Christian Grégoire, qui prône l’intégration socioprofessionnelle et la persévérance scolaire, il s’agit de permettre à deux types
d’analphabètes de s’aider et d’apprendre ensemble: les jeunes qui savent lire, écrire, communiquer oralement mais ne connaissent pas les technologies, et ceux qui savent utiliser le numérique
ou des outils informatiques mais qui ne savent pas lire ou écrire.
Deux programmes pour les 11/17 ans et 18/25 ans, développés en collaboration avec des enseignants, ont permis à des milliers de jeunes de profiter d’un processus de réinsertion sur plusieurs mois en se
servant des technologies de l’information et de la créativité. Le succès de ces programmes a dépassé les frontières du Québec et a même été mis en exergue dans le Rapport français de 2015 ‘ la Grande École
du Numérique, Utopie Réaliste’’ pour notamment ses résultats exceptionnels avec un taux de réinsertion de 65% des jeunes participants aux programmes. À noter ici que des projets pilotes franco-québécois entre des jeunes décrocheurs québécois et français se mettent en place actuellement.

Pour
Fusion Jeunesse,
présent à Montréal, Québec et Rouyn-Noranda, le modèle est différent en employant des étudiants universitaires ou de récents diplômés, en tant que coordonnateurs de projets. Ces derniers implantent et soutiennent des projets, motivants les jeunes à risque à se surpasser de façon créative et à s’impliquer davantage dans leur réussite scolaire; ils développent leur sentiment d’appartenance à l’école dans 11 domaines d’activités comme le design de mode, les saines habitudes de vie ou même des projets de création de jeux vidéo avec Ubisoft. Aujourd’hui, des milliers de jeunes bénéficient de ce programme au Québec, qui a été élu en 2015 par « Charity Intelligence », dans le top 10 des organismes canadiens ayant l’impact le plus significatif.D’autres pays en Amérique central, Amérique latine ou en Europe, avec notamment des maires de villes s’intéressent de près à ces innovations sociales, sociétales et cherchent des façons de pouvoir les appliquer dans leur contexte différent et leurs banlieues en grandes difficultés.

Ces organismes luttent pour sauvegarder les jeunes, leur santé mentale en les amenant à oublier le poids du futur pour avoir du plaisir au temps présent, leur santé physique en les incitant à prendre de meilleures habitudes de vie, leur optimisme, leur diversité, leur confiance en eux et en leurs talents. Il est primordial de s’y intéresser et de les soutenir par le bénévolat, des partenariats ou des dons car pour eux aussi, le combat d’avoir la capacité de défendre ces jeunes reste difficile. Comme le dit si bien le dirigeant de Fusion Jeunesse, Gabriel Bran Lopez, ‘’je n’aime pas l’inertie. La société prend son temps pour examiner un problème mais l’enfant lui n’attend pas pour décrocher’’. Il est urgent d’aider les jeunes car ce seront eux qui nous soutiendront plus tard, en participant à la prospérité du Québec grâce aux nouveaux métiers, et en protégeant à leur tour les futures générations.

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