L’investissement dans la réalisation et l’entretien d’infrastructures de qualité est un facteur important pour le développement économique d’une société. C’est aussi un élément déterminant au niveau de la qualité de vie de la population.
La première étape pour réaliser des infrastructures de qualité est d’effectuer une conception optimale afin de répondre aux besoins actuels et futurs.
Dans tous les projets d’infrastructures, ce mandat est confié aux architectes et aux ingénieurs, qui doivent identifier les solutions les mieux adaptées aux besoins et aux impératifs du développement durable, tout en considérant les contraintes de budget et d’échéancier.
La conception d’un projet ne représente que de 1 % à 2 % des coûts d’un ouvrage sur son cycle de vie. Mais c’est l’étape qui a le plus d’influence sur les coûts de toutes les étapes suivantes dans la vie d’un ouvrage, incluant la construction, l’exploitation et l’entretien.
Dans ces conditions, il semble logique de favoriser la qualité dans les critères de sélection des architectes et des ingénieurs responsables de la conception de nos projets d’infrastructures.
Dans le cas contraire, en choisissant le plus bas prix au détriment de la qualité, cela risque de coûter plus cher au final.
L’exemple de l’ancien pont Champlain nous vient immédiatement en tête, sachant que les mauvaises décisions qui ont mené à sa construction étaient directement guidées par la recherche du plus bas prix.
Malgré ces leçons du passé et les mises en garde de la Commission Charbonneau à l’égard de la méthode du plus bas soumissionnaire, le gouvernement étudie, depuis plus d’un an, un projet de règlement qui permettrait aux deux plus grands donneurs d’ouvrage publics du Québec, le ministère des Transports et la Société québécoise des infrastructures, de sélectionner les architectes et les ingénieurs sur la base de formules qui favorisent le plus bas soumissionnaire.
Au mois d’août dernier, pour une deuxième fois en 12 mois, plusieurs experts et organisations, dont le CPQ, ont signé une lettre ouverte pour faire part de leurs inquiétudes dans ce dossier et pour mettre en lumière l’importance de baser la sélection des architectes et des ingénieurs sur la qualité et non sur le plus bas prix.
Nous espérons maintenant que le message soit entendu par le gouvernement et le président du Conseil du trésor, Christian Dubé, qui détient le pouvoir d’intervenir pour privilégier les meilleures pratiques plutôt que d’adopter des méthodes qui provoqueront inévitablement une baisse de qualité de nos infrastructures, ce qui serait néfaste pour le développement économique du Québec.
Je repose la question qui conclut la lettre ouverte publiée récemment : est-il possible, une fois pour toutes, de mettre de côté les formules qui favorisent le plus bas soumissionnaire en architecture et en ingénierie afin d’assurer la qualité de nos infrastructures pour les générations actuelles et futures?
Par André Rainville, président-directeur général de l’AFG