Bombardier : préoccupation du CPQ quant aux dommages collatéraux causés par un débordement dans la joute politique

Lettre du président-directeur général du Conseil du patronat du Québec, Yves-Thomas Dorval, envoyée à l’ensemble des partis politiques à Québec et à Ottawa.

www.cpq.qc.ca, p. web – 5 avril 2017


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Au cours des derniers jours, les médias, l’opinion publique, la classe politique et même le milieu des affaires, ont lancé un message très clair aux dirigeants de Bombardier. Ces derniers en ont pris acte publiquement et ont pris certaines mesures; si bien que plus de 50 % de la rémunération totale prévue pour 2016 sera reportée à 2020 pour les six membres de la haute direction visés et ne sera versée que si l’entreprise atteint ses objectifs de performance, sans compter la décision personnelle prise par le président du conseil d’administration.

Certains pourront regretter que ces décisions n’aient été prises de manière proactive et d’autres auraient voulu encore davantage. Mais il faut aussi prendre acte du redressement en cours de l’entreprise et il ne faudrait pas que des débordements politiques viennent annihiler le chemin parcouru ou affecter la marque Bombardier au plan mondial. De tels effets ne serviraient en rien l’économie du Québec et du Canada, ni les rendements potentiels sur les investissements des gouvernements du Québec et du Canada et encore moins le sort des travailleurs actuels ou futurs de l’organisation ou les nombreux fournisseurs associés aux succès de l’entreprise, en particulier dans le secteur aéronautique canadien.

À présent, il serait opportun de revenir au calme et à la tempérance, afin de prévenir un risque de dérapage autour de la marque Bombardier, et ce, justement parce que le Québec et le Canada se sont rendus partenaires de cette entreprise hors norme au pays. En entretenant la controverse trop longtemps, le risque est élevé de venir porter un dommage réputationnel et commercial considérable à une entreprise œuvrant dans un marché féroce. Au plan politique, ce serait comme de mettre de l’huile sur le feu et il y a risque réel que le brasier enflamme aussi l’écosystème aéronautique.

L’aéronautique est un marché à part, où les Boeing, Airbus et Embraer de ce monde se livrent une concurrence avec le concours d’États puissants. Nous avons le privilège de pouvoir compter sur un joyau, fondé au Québec, avec son siège social au Québec, reconnu mondialement pour la qualité de ses produits. Nous avons la chance de pouvoir rivaliser avec audace, fierté et sans complexe, non seulement avec Bombardier, mais aussi avec tous ses partenaires.

Les médias, l’opinion publique, le milieu des affaires et la classe politique ont passé leur message, et ce dernier a été entendu. À n’en pas douter, la direction de Bombardier fera les choses autrement, soucieuse de sa notoriété auprès des Québécois et des Canadiens qui sont ses plus fidèles alliés.

Par la présente, nous voulons vous transmettre notre préoccupation réelle à l’égard des dommages collatéraux qui pourraient être causés par un débordement dans la joute politique ou d’un acharnement disproportionné sur la place publique. Poursuivre dans cette veine risque de causer, au final, plus de tort que de bien à Bombardier, à ses employés et à son image de marque à l’international. Nous dirions même plus, cela pourrait avoir des impacts plus larges quant à l’appréciation de l’environnement d’affaires au Québec et à notre capacité d’attirer des investissements.

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