Une occasion de favoriser et d’accentuer la justice sociale

Lettre ouverte cosignée par Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ, publiée le 21 août 2024 dans Le Devoir.

À l’occasion des festivités de la Fierté 2SLGBTQ+ à Montréal, à Québec, ainsi que dans plusieurs autres villes du Québec, il est crucial de réfléchir à la place des communautés issues de la diversité sexuelle et de genre dans nos milieux de travail.

Bien que des progrès majeurs aient été réalisés au fil des dernières décennies, nous posons un constat important : il reste encore beaucoup à faire pour garantir un environnement réellement inclusif et respectueux pour toustes.

D’après les données d’un sondage Léger Marketing réalisé en 2021 à la demande de la Fondation Émergence, 65 % des personnes québécoises 2SLGBTQ+ affirmaient avoir vécu du harcèlement en milieu de travail dans les cinq dernières années. Si plusieurs organisations ont mis en place des politiques inclusives depuis ce temps, beaucoup d’autres restent à la traîne.

Justice sociale

Bien que l’inclusion des personnes 2SLGBTQ+ constitue une occasion de favoriser et d’accentuer la justice sociale, il est important de souligner qu’elle revêt aussi un aspect économique et fonctionnel pour les organisations.

Dans le contexte où les personnes issues des communautés de la diversité sexuelle et de genre comptent en moyenne pour plus de 10 % des populations, cette proportion se reflète nécessairement sur le marché du travail et dans les bassins de personnel qualifié.

Or, de nombreuses études démontrent que les équipes diversifiées sont plus innovantes et plus performantes. Ainsi, une personne qui se sent acceptée et respectée au sein de son organisation est plus heureuse et plus productive. En créant un environnement de travail inclusif, les organisations peuvent mieux attirer les talents, améliorer leur satisfaction et les fidéliser. En outre, cela joue directement sur leur réputation au moment où des pénuries de main-d’oeuvre sévissent dans plusieurs secteurs de l’économie.

Il est également important de souligner la responsabilité sociale des entreprises en matière d’inclusion. Les organisations ont le pouvoir et le devoir de créer des environnements de travail où toustes peuvent réaliser tout leur potentiel, indépendamment de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre.

Cela passe par l’adoption de politiques antidiscrimination, par la formation de l’ensemble du personnel sur les questions de diversité et d’inclusion, et par l’instauration de ressources internes. Cela peut aussi se traduire par l’exigence de standards semblables chez les partenaires, les fournisseurs et les diverses parties prenantes.

Reculs

En 2024, des reculs sont malheureusement observables partout en Occident relativement aux droits des communautés 2SLGBTQ+, et particulièrement ceux des communautés trans. Ces reculs sont notamment explicables par une montée de l’intolérance et de la polarisation des discours sur la place publique, ce qui constitue à nos yeux une situation fort regrettable.

Dans ce contexte, les milieux de travail inclusifs peuvent devenir des lieux refuges pour les personnes issues des communautés 2SLGBTQ+. S’il n’est pas possible pour une personne de se sentir acceptée dans la société, cela peut tout de même l’être au sein de l’organisation pour laquelle elle travaille. La responsabilité d’inclusion qu’ont les organisations prend donc une importance encore plus grande en matière de justice sociale.

C’est dans ce contexte que nous appelons les organisations à prendre des mesures concrètes pour favoriser l’inclusion des personnes 2SLGBTQ+ au sein de leurs équipes et partout.

En cette période de célébration des fiertés et de la diversité, nous devons nous rappeler que la lutte pour l’égalité et l’inclusion est loin d’être terminée. Nous invitons les organisations et tout le personnel à s’engager activement à créer des environnements de travail inclusifs. Ensemble, créons des espaces où toustes peuvent s’épanouir pleinement. Bonne Fierté !

Signataires

Patrick Desmarais, président de la Fondation Émergence ; Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec ; Laurent Breault, directeur général de la Fondation Émergence ; Anne-Marie Castonguay, directrice principale de l’expérience client à KPMG Montréal ; Béthanie Cloutier, vice-présidente du conseil d’administration la Fondation Émergence ; Arielle Mathieu, directrice aux affaires publiques et relations gouvernementales du Conseil du patronat du Québec ; Julien Provencher-Proulx, directeur des affaires publiques et communications d’entreprise au Cabinet de relations publiques National et gouverneur à la Fondation Émergence.

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