Travailleurs étrangers temporaires – L’improvisation en immigration pénalise les employeurs

Lettre ouverte par Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ, publiée le 13 août 2024 dans La Presse.

Les objectifs annoncés manquent de vision, ne correspondent pas aux besoins futurs du marché du travail et vont compromettre la relance économique qui se profile à l’horizon. Pas plus tard que cette semaine, les résultats positifs de l’Indice précurseur Desjardins (IPD), outil permettant de saisir les tendances de l’économie du Québec, laissaient entrevoir une croissance assez généralisée de l’économie du Québec au cours des prochains mois. Au Québec, le produit intérieur brut a retrouvé le chemin de la croissance au cours du premier semestre 2024.

Le CPQ regrette la confusion entre les différentes voies d’immigration temporaire et une improvisation dont la finalité est de durcir les conditions entourant la venue de TET pour prêter main-forte à nos entreprises.

Un Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) moins attrayant réduira la capacité des employeurs à maintenir et à développer leurs activités au Québec et au Canada. De plus, ces annonces arrivent dans un contexte où le Québec continue à faire fait face à une pénurie de main-d’œuvre importante malgré une amélioration dans les derniers mois.

Fin 2019, juste avant la pandémie de COVID-19, les experts s’accordaient à sonner l’alarme pour trouver des solutions à un marché du travail en surchauffe. Rappelons qu’à cette époque, il y avait 130 000 postes vacants à travers la province alors qu’on en dénombre actuellement 143 000. Quant aux immigrants, leur taux de chômage se situait à 7,2 % en 2019 alors qu’en juillet 2024 il était de 7,1 %.

Notre marché du travail demeure serré et, selon les prévisions, le restera jusqu’au début de la prochaine décennie en partie du fait de notre population vieillissante. La pénurie de main-d’œuvre entrave non seulement la croissance de nos entreprises, mais compromet également le dynamisme économique des régions et les services offerts à la population.

Un outil fondamental

La volonté du gouvernement fédéral d’accroître les inspections pour éviter les comportements abusifs au sein du PTET est louable, mais force est de constater que les situations conflictuelles demeurent une minorité au sein de l’ensemble des employeurs qui recourent à de la main-d’œuvre étrangère. Aussi, les règles administratives actuelles des permis de travail fermés permettent un marché du travail équitable pour les travailleurs locaux et étrangers, car elles garantissent que les TET entrent au Canada pour occuper des emplois pour lesquels il y a un besoin réel, mais aussi que les salaires versés correspondent au salaire des travailleurs québécois de la même catégorie d’emploi et d’expérience.

Nous rappelons que le PTET est un outil fondamental du bon fonctionnement de milliers d’entreprises au Québec.

L’existence même et la survie de certains secteurs de notre économie dépendent de la main-d’œuvre étrangère pour la simple et bonne raison que les employés locaux ne sont pas au rendez-vous, quel que soit le niveau de qualification demandé.

Par conséquent, le CPQ demande aux autorités fédérales de garantir une prévisibilité dans le fonctionnement du PTET, plutôt que de prendre des décisions unilatérales et improvisées qui ont été le lot de ce programme depuis 2022.

L’imprévisibilité des politiques migratoires et la politisation des enjeux d’immigration qui se manifestent par les annonces de cette semaine auront un impact réel sur la capacité des employeurs de maintenir et développer leurs activités au Canada. Nous espérons que le gouvernement fédéral entendra la voix des employeurs et collaborera avec leurs représentants.

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