Quel conseil donner au trio économique? Les préoccupations des employeurs doivent être prises en considération

La vitalité économique du Québec passe entre autres par une fiscalité et une réglementation compétitives. Rappelons que notre province est un des endroits en Amérique du Nord où les fardeaux fiscal et réglementaire des entreprises sont les plus lourds.

Lettre ouverte d’Yves-Thomas Dorval, Adm.A., ASC, ARP, PDG du CPQ, publiée dans La Presse+ du 22 octobre 2018.

D’entrée de jeu, soulignons que l’expertise de l’ensemble des ministres du nouveau gouvernement ayant un profil économique ne fait pas de doute et que le trio nommé aux Finances, au Trésor et à l’Économie nous paraît fort d’une grande expérience professionnelle et de connaissances approfondies, autant sur le plan financier que du milieu des affaires.

Or, outre celui de se familiariser avec les affaires de l’État, qui n’est pas une mince tâche en soi, le principal défi de ce trio sera de mettre en place rapidement des initiatives concrètes pertinentes, répondant aux enjeux auxquels les employeurs font face au Québec.

Pas besoin de tout réinventer puisque plusieurs stratégies, politiques et plans d’action, qui sont le fruit d’un large consensus et d’un travail de concertation avec les parties prenantes, ont déjà été définis, comme c’est le cas de la Stratégie nationale sur la main-d’œuvre et bien d’autres.

Nous encourageons donc avant tout le nouveau gouvernement à faire en sorte que les mesures les plus porteuses soient adoptées sans tarder.

Ce à quoi tout le monde s’attend, c’est de voir des actions sur le terrain et les résultats qui doivent suivre, ce que les membres du trio comprennent certainement étant donné leurs propres parcours.

Par exemple, dans la prochaine décennie, c’est un million et demi d’emplois qui seront à pourvoir et la solution réside dans un ensemble de mesures visant à préparer et à intégrer le plus grand nombre de personnes au marché du travail. Pour remédier à la situation, le trio devra collaborer étroitement avec d’autres ministères tous aussi importants économiquement : les pistes sont variées, mais l’éducation et l’enseignement supérieur, la formation des travailleurs en emploi, l’immigration et l’intégration joueront un rôle clé dans cette équation.

Un système d’éducation de grande qualité et capable d’ajuster ses services et ses programmes en fonction des besoins du marché du travail est incontournable pour répondre à la rareté de main-d’œuvre qui accable plusieurs secteurs économiques et régions du Québec. Parallèlement, il faut faciliter l’intégration au marché de l’emploi et à la société de bassins de travailleurs qui demeurent sous-représentés, comme les nouveaux arrivants, les personnes en situation de handicap ou les autochtones.

La vitalité économique du Québec passe entre autres par une fiscalité et une réglementation compétitives. Rappelons que notre province est un des endroits en Amérique du Nord où les fardeaux fiscal et réglementaire des entreprises sont les plus lourds.

Par ailleurs, notre prospérité future va aussi dépendre du maintien de l’équilibre budgétaire, afin d’être en mesure d’éponger les impacts d’une éventuelle récession.

Il faut continuer de garantir une certaine capacité d’investissement de l’État, sans augmenter la charge fiscale des entreprises et des particuliers.

Le gouvernement devra poursuivre et bonifier régulièrement des mesures d’accompagnement ciblées pour les entreprises, car l’amélioration de la compétitivité passe par des investissements stratégiques, notamment en automatisation, en informatisation et en matière d’intelligence artificielle. Il devra à la fois miser sur des secteurs économiques constitués de donneurs d’ouvrage importants, qui agissent comme autant de leviers pour des écosystèmes de fournisseurs et de petites et moyennes entreprises, et à la fois sur des domaines stratégiques d’interventions multisectorielles comme les technologies, la construction, les infrastructures et la mobilité des personnes et des marchandises.

Enfin, il faut rappeler qu’au moment de donner une autorisation pour un grand projet, les retombées économiques doivent être considérées au même niveau que leurs impacts environnementaux et sociaux. La réglementation et la rapidité dans la livraison des permis doivent être adaptées à la réalité des entreprises et contribuer aussi au maintien d’un environnement d’affaires attrayant et compétitif, autant sur le plan national que régional et international.

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