Lettre ouverte du président-directeur général du Conseil du patronat du Québec, Yves-Thomas Dorval.
La Presse+, p. web – 2 octobre 2017
L’économie du Québec a montré des signes encourageants au cours des derniers mois, nos finances publiques sont graduellement assainies et le taux de chômage est à son plus bas depuis les 40 dernières années. Mais il reste beaucoup de travail à faire.
Le fardeau fiscal et le poids de la dette publique, bien qu’ils diminuent, demeurent imposants. Aussi, le vieillissement de la population, la quatrième révolution industrielle et la fracture numérique représentent des défis de taille pour notre avenir, qui auront des répercussions autant sur le marché du travail que sur le plan des impératifs de croissance des entreprises et des compétences de la population active.
Le Bulletin de la prospérité 2017, publié cette semaine par le CPQ, nous permet de dresser un bilan de la santé économique du Québec en la comparant à celle des trois autres provinces canadiennes les plus peuplées (Ontario, Colombie-Britannique et Alberta) et des membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). En matière de prospérité, il obtient une note moyenne de C, note qui demeure inchangée depuis 2010, première année de publication du Bulletin, malgré l’amélioration de certains indicateurs.
Les forces et les faiblesses du Québec
Les variables socioéconomiques considérées ont été réparties en cinq déterminants de la prospérité, soit la disponibilité et la qualité de la main-d’œuvre, le coût de la main-d’œuvre, la réglementation, les finances publiques et la fiscalité, ainsi que l’environnement d’affaires.
À la lumière des données, nous constatons que le Québec se porte relativement bien pour ce qui est du taux d’obtention d’un grade universitaire de premier cycle, du pourcentage de la population ayant un niveau de formation tertiaire, de l’âge moyen des infrastructures publiques, ou encore des dépenses en recherche et développement. Nous notons aussi plusieurs améliorations au cours des dernières années, notamment en matière de taux d’activité des travailleurs âgés, d’intensité entrepreneuriale et de la réduction du fardeau administratif.
En revanche, sa performance est plutôt décevante en ce qui concerne le décrochage scolaire et l’intégration économique des immigrants, bien que la province ait enregistré des améliorations dans ces deux champs au fil du temps. Également, le coût de la conformité réglementaire pour les entreprises, la dette publique et la productivité multifactorielle demeurent encore problématiques.
Le CPQ constate d’ailleurs que certains indicateurs se sont détériorés depuis sept ans, notamment en ce qui concerne les investissements en technologies de l’information et des communications ainsi que le taux effectif d’imposition sur l’investissement.
Or, l’utilisation du numérique est désormais incontournable pour une économie qui veut performer, croître et innover au XXIe siècle.
La quatrième révolution industrielle, que nous traversons, va structurer et asseoir le développement de nos entreprises et de nos institutions, et nécessite que l’on adapte adéquatement les méthodes d’affaires ainsi que les compétences des travailleurs d’aujourd’hui et de demain.
En outre, si le Québec veut demeurer compétitif dans un marché qui est de plus en plus globalisé, il est impératif d’offrir aux entreprises un environnement fiscal qui n’étouffe pas les investissements, mais qui permette plutôt de réduire les coûts d’exploitation. Cette approche devrait s’appliquer autant pour les entreprises étrangères qui décident de s’installer au Québec que pour nos champions locaux. Car, rappelons-le, la prospérité et le bien-être collectif passent par la création de richesse, qui à son tour est intimement liée à la croissance et au développement des entreprises. Ces dernières nécessitent donc un environnement d’affaires favorable et une fiscalité concurrentielle pour pouvoir grandir et générer de la richesse.
Le Québec possède un potentiel exceptionnel dans de nombreux domaines, que ce soit sur le plan de ses ressources naturelles, de ses institutions, de ses pôles de développement économique, de son capital humain, ou de sa créativité et de son ingéniosité.
Force est d’admettre que les meilleures conditions ne sont pas encore réunies pour libérer davantage ce potentiel, puisque la performance économique du Québec est inférieure à la moyenne canadienne sur de nombreux plans.
Il est clair que dans le contexte électoral québécois, les différents partis politiques doivent s’exprimer sur des propositions en ce sens. Nous devons tous redoubler d’ardeur pour faire du développement économique une priorité absolue et ainsi espérer maintenir et améliorer notre niveau et notre qualité de vie.