Pourquoi créer un sentiment d’appartenance au sein de vos entreprises et miser sur la solidarité des employés?
La mondialisation a entraîné une perte de nos repères en entreprise. Cette conséquence nous pousse à nous interroger: quelles sont les solutions pour recréer un environnement professionnel de solidarité, de profitabilité et de bien-être?
Que s’est-il passé?
Paola Giuge, anthropologue et employée chez Karelab, souligne que les 20e et 21e siècles sont marqués par une « hypermondialisation ». Les situations économiques deviennent interdépendantes et le capital est géré par des marchés financiers qui agissent en temps réel, nuit et jour. L’État-Nation, c’est-à-dire le lien entre les individus appartenant à un même groupe et les différentes organisations qui les gouvernent, perd son rôle structurant traditionnel. Les États occidentaux réagissent en tentant de contrôler le déplacement des populations et non du capital. Le concept de mondialisation sous-entend donc des idées d’interdépendances, de fragilisation et d’endurcissement des frontières, par exemple avec le renforcement des politiques d’immigration et la démocratisation du tourisme; d’une perte de contrôle de l’État-Nation sur des secteurs qui faisaient traditionnellement partie de son champ d’action; de modification des concepts de global et de local…
D’un même élan émerge un « hyperindividualisme », les individus s’affirmant de plus en plus indépendamment des autres, au fur et à mesure que les références communautaires deviennent plus larges, plus floues. La définition du Nous (le collectif) laisse place à un Moi individuel qui tente de se redéfinir plus fort.
Comment faire face à cette réalité qui nous dépasse?
Que peut-on faire en tant qu’entrepreneur, en tant que citoyen, dans nos entreprises, dans notre quotidien?
Il semble essentiel de créer un sentiment d’appartenance. J’emprunte ici à Chantal Dauray de Concerta Communications le concept de tribu en entreprise.
Une tribu est un réseau social où des individus se regroupent en partageant des valeurs. Ils s’organisent pour s’entraider, se défendre, survivre… La tribu a des façons d’être, de faire, d’agir et de communiquer qui lui sont propres, de même que des rituels qui consolident le sentiment d’appartenance et transmettent l’essence de l’entreprise, voire son ADN. Une entreprise doit avoir les mêmes caractéristiques pour recréer un Nous solidaire nécessaire.
Parce que l’individualisme, le Moi, un individu seul, ne suffit pas vis-à-vis de tout ce qu’un Nous solidaire, un groupe, une tribu, peut réaliser. Il faut créer un sentiment d’appartenance, non seulement pour nos employés, mais aussi pour nos clients, notre marque, nos partenaires et les nouvelles générations qui arrivent sur le marché du travail. « Une réalité qui nous amène à revoir notre modèle d’affaires et à ajouter un «supplément d’âme» à notre marque. Le but: susciter également le sentiment d’appartenance des clients. Enfin, les valeurs propres à la génération Y obligent les entreprises à revoir leur manière de recruter et de retenir les troupes s’ils veulent gagner la course aux talents. » (Chantal Dauray).
Des dynamiques sociales se croisent entre les impacts de la globalisation et l’apparition d’un individualisme qui tente de redéfinir le Moi à défaut du Nous solidaire. Le sentiment d’appartenance et les gestes posés pour former une « tribu » donnent des marqueurs de références pour faire renaître un Nous fort, rassurant et constructif qui participe à la prospérité des entreprises et des individus.