Lettre d’opinion cosignée par le président-directeur général du Conseil du patronat du Québec, Yves-Thomas Dorval.
Le Devoir, p. A11 – 9 décembre 2017
Le Soleil, p. 23 – 12 décembre 2017
Le Quotidien, p. 12 – 14 décembre 2017
De tous les secteurs industriels au Québec, l’écosystème qui gravite autour de la construction constitue le 4e en importance. L’apport consolidé des secteurs de la construction au Québec représente 22,4 milliards $ en PIB et 267 500 emplois directs, et crée des retombées économiques indirectes considérables, soit 12,9 milliards $ en PIB et 155 800 emplois à la grandeur du territoire. À cela viennent s’ajouter 8,3 milliards $ en PIB et 90 700 emplois induits par les dépenses des ménages(*).
En plus d’être une force économique majeure, les entreprises qui composent cet écosystème influent directement sur la qualité de vie des Québécois : bâtiments résidentiels, commerciaux ou institutionnels, infrastructures, mobilité, manufactures, matériaux… Leurs entreprises, entrepreneurs, architectes, designers, ingénieurs ou autres, sont à l’œuvre partout et ont contribué à édifier la société moderne en plus de soutenir l’exportation du savoir-faire québécois à l’international.
Malgré toutes ces retombées, l’écosystème de la construction n’a pourtant jamais pu bénéficier de sa propre politique ou de stratégies économiques, contrairement à d’autres secteurs comme l’aéronautique, l’industrie pharmaceutique, la culture, ou encore la mode. C’est d’ailleurs le constat principal qui ressort d’une étude réalisée l’an passé sur la contribution de l’écosystème de la construction à la prospérité du Québec(*).
Un secteur névralgique oublié du système d’innovation québécois
À l’aube des consultations qui mèneront au budget provincial 2018-2019, dans un contexte où sont (re)négociés les termes d’accords de libre-échange nord-américain et alors que le Québec organise sa transition numérique et énergétique, dans laquelle la construction et la technologie ont un rôle majeur à jouer, plusieurs estiment que ces défis et ces occasions justifient la création d’une grappe industrielle.
Consacrée à l’innovation ainsi qu’aux processus innovants dans les infrastructures et le bâtiment, cette grappe aurait la vocation de mobiliser l’ensemble des entreprises, des institutions d’enseignement et des centres de recherche. Fortement exposés aux grands cycles économiques mondiaux, à la volatilité des investissements publics en infrastructures, ainsi qu’à une concurrence internationale qui s’est fortement intensifiée, ces intervenants bénéficieraient ainsi d’un forum pour traiter de leurs propres enjeux et mettre en place des actions concrètes pour soutenir la compétitivité de ce secteur.
En outre, la mise en place d’une telle grappe viendrait appuyer le développement d’une culture collaborative, la convergence de savoir-faire, l’innovation, le rayonnement international ainsi que la recherche de gains de productivité et de compétitivité, pour l’ensemble des acteurs de cet écosystème. De surcroît, cette première étape servirait de rampe de lancement à l’élaboration future d’une stratégie économique intégrée et consacrée à ce secteur qui a déjà fait l’histoire et la marque du Québec à l’international.
Les organisations à l’œuvre dans les infrastructures et le bâtiment ont besoin d’un appui pour se dynamiser, se moderniser et améliorer leur compétitivité. La mondialisation des marchés et des chaînes d’approvisionnement, la demande pour des ouvrages plus verts, plus performants et utilisant les technologies de l’information, la réduction des délais de fabrication, de construction et de livraison, au même titre que la révolution numérique, ne sont que quelques-uns des défis que ces secteurs doivent relever pour s’adapter et rester concurrentiel.
Alors que l’on assiste à des vagues de réinvestissements dans les infrastructures, le moment est bien choisi pour positionner une priorité économique pour le Québec qui générera des retombées sur l’ensemble de ses régions!
Plus que jamais, le gouvernement doit appuyer ce projet de grappe et attirer l’attention de toutes ses parties prenantes potentielles sur l’importance de traiter l’écosystème de la construction comme une industrie innovante à part entière.
Signataires
Yves-Thomas Dorval
Président-directeur général
Conseil du patronat du Québec (CPQ)
Anne Carrier
Présidente
Association des Architectes en pratique privée du Québec (AAPPQ)
Francis Roy
Président
Association de la construction du Québec (ACQ)
Roger Arsenault
Président du conseil d’administration
Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec (ACRGTQ)
Jean Pouliot
Président
Association des entrepreneurs en construction du Québec (AECQ)
André Rainville
Président-directeur général
Association des firmes de génie-conseil – Québec (AFG)
Luc Bélanger
Président-directeur général
Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ)
Fouad Geara
Président
Corporation des entrepreneurs généraux du Québec (CEGQ)
Jean Simard
Président et chef de la direction
Association de l’aluminium du Canada (AAC)
Luc Bédard
Directeur général
Association béton Québec (ABQ)
Marc Bilodeau
Président
Association de vitrerie et Fenestration du Québec (AVFQ)
Denis Lebel
Président-directeur général
Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ)
Note
Étude sur l’écosystème d’affaires de la construction au Québec, Conseil du patronat du Québec, en collaboration avec Deloitte, mai 2016.