Alors que les organisations du Québec font face à une rareté de la main-d’œuvre jamais égalée, les travailleurs immigrants font partie de la solution. Toutefois, les écarts de taux de chômage entre les personnes formées hors Québec et celles formées au pays persistent et le taux de surqualification chez les travailleurs immigrants demeure toujours élevé. Comme directrice de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés, je me sens personnellement concernée par cette question.
Le sujet a été traité en long et en large au cours des derniers mois entraînant l’amorce d’un mouvement de concertation entre les divers intervenants. Mais le temps presse… Il faut accélérer le rythme et passer à l’action! Certaines entreprises, particulièrement les PME et de façon encore plus dramatique celles qui se trouvent en région, risquent la fermeture ou doivent renoncer à la croissance faute de main-d’œuvre qualifiée. Le Québec peut-il socialement et économiquement se permettre cela?
Alors que les entreprises sont ouvertes à accueillir les travailleurs issus de l’immigration, elles ne disposent pas toujours des moyens nécessaires pour le faire. Reconnaissance difficile des expériences et des diplômes, processus de recrutement empreint de biais culturels inconscients et barrière linguistique sont quelques-unes des nombreuses difficultés qu’elles rencontrent.
Plusieurs solutions peuvent faciliter l’accès des immigrants au premier emploi : bonifier les programmes de stages, solliciter les recommandations du personnel en place issu de communautés culturelles immigrantes et adapter les outils de sélection à la différence culturelle en sont quelques-unes.
Par ailleurs, des problématiques peuvent aussi survenir une fois cette main-d’œuvre en poste, telles que l’isolement, la gestion déficiente de la diversité par le gestionnaire, la méconnaissance mutuelle, l’accès difficile aux promotions et le faible engagement de la haute direction en faveur de la diversité. Afin de limiter ces obstacles, des groupes de soutien et du parrainage peuvent être mis sur pied ainsi qu’un programme de formation sur le leadership inclusif pour les gestionnaires. À l’heure actuelle, seulement un quart de ceux-ci sont formés pour gérer des équipes diversifiées. Enfin, une approche de sensibilisation positive auprès des collègues et un engagement formel des hauts dirigeants favoriseraient grandement l’intégration.
Le gouvernement aussi a un rôle primordial à jouer. Entre autres, pour faciliter la reconnaissance des compétences par les employeurs, la création d’une plateforme numérique recensant tous les diplômes et leur équivalence pourrait être mise sur pied. Finalement, l’analyse continue des besoins du marché et une meilleure coordination de tous les acteurs sont absolument indispensables. Alors que le processus de sélection des immigrants est notamment basé sur les compétences recherchées par les employeurs, il faudrait créer un pont entre les immigrants qui les détiennent et les organisations qui les recherchent.
Alors, on commence par quoi? Il est urgent de se doter de moyens pour répondre aux besoins criants de nos entreprises. L’avenir et la prospérité du Québec en dépendent. Et selon moi, l’objectif fondamental devrait être de fournir un premier emploi qualifié aux immigrants. Tout le reste en découlerait. Cette étape est cruciale et tous les intervenants ont leur part de responsabilité : gouvernement, dirigeants d’entreprise, travailleurs, professionnels et même le public, puisque l’accueil et l’intégration passent aussi par la communauté.
Je suis prête à m’engager dans le mouvement, et vous?