Depuis mars 2020, la pandémie de Covid-19 a mené à l’adoption de mesures sanitaires strictes et à des restrictions inédites sur l’économie mondiale. Les gouvernements canadiens et québécois ont été très réactifs pour éviter les dégâts d’un effondrement socio-économique et mettre en place les dispositifs favorables à une relance de l’activité. C’est sans aucun doute ce qui a permis la remontée des principaux indicateurs économiques après le choc du second trimestre de l’année 2020. Cette remontée est encourageante, mais elle est financée par des déficits assez importants.
Le CPQ reconnaît dans l’ensemble de l’action économique menée jusqu’ici par le gouvernement du Québec une orientation dans la bonne direction. Cependant, la visibilité des acteurs économiques reste faible sur l’évolution de la crise et le risque qu’est celui d’investir pour maintenir leurs opérations est toujours élevé. De plus, le caractère exceptionnel des mesures de soutien laisse les gouvernements devant la délicate situation de les retirer en comptant sur la capacité retrouvée des entreprises à porter leur viabilité et leur croissance. Ainsi, pour dépasser les incertitudes et les fragilités économiques, comme pour réduire la dette publique, la compétitivité et la croissance de la productivité doivent bénéficier de stimuli exceptionnels, agissant autant sur les actifs matériels qu’immatériels.
Le CPQ place au premier rang des priorités le développement du capital humain, tant actuel que futur, et le rattrapage en matière d’intégration technologique et de virage numérique, tout en s’assurant que la relance économique participe à l’atteinte des objectifs environnementaux et sociaux du Québec. La recette ne présente rien de magique : c’est plutôt dans le caractère musclé des mesures de politique économique que l’on peut espérer les signaux assez clairs pour permettre d’enclencher les décisions d’investissement et la mobilisation des acteurs économiques autour d’un mouvement généralisé de création de valeur et de productivité. Il s’agit ainsi de combiner des mesures de relance à court terme répondant à des urgences à des mesures s’inscrivant dans une perspective de plus long terme.
Pour pouvoir compter sur la croissance des revenus autonomes face à la détérioration de la situation des finances publiques et la croissance du poids de la dette, le gouvernement du Québec doit miser sur des mesures qui améliorent les conditions d’affaires et d’investissement des entreprises et dopent l’entrepreneuriat, la productivité, l’innovation, l’investissement privé et la vitalité des économies régionales et locales.
Il ne faut par ailleurs pas perdre de vue le défi démographique qui nous attend. Il est bon de rappeler que le nombre de personnes de 75 ans et plus va plus que doubler au Québec d’ici vingt ans. En 2040, au Québec, il y aura près de 1 350 000 personnes de plus de 75 ans, alors qu’il y en a environ 650 000 aujourd’hui.
Les recommandations du CPQ énoncées dans ce mémoire cherchent à compléter les mesures de politique économique avancées au cours des derniers mois ou à mieux marquer ce qui lui apparait prioritaire. Ces recommandations se concentrent sur :
1) Un regain de productivité assez musclé pour replacer l’économie sur un nouveau sentier de croissance avec :
- Des ambitions augmentées pour le développement du capital humain dans un contexte de transformation majeure du marché du travail ;
- Une extension de l’automatisation/robotisation et l’intégration des technologies numériques, dans le secteur des biens comme dans celui des services, dans le secteur privé, comme dans le secteur public ;
- L’entrepreneuriat et l’innovation pour la vitalité de l’économie et l’ajustement des secteurs d’activités aux nouvelles conditions de marché.
2) Un soutien gouvernemental mobilisateur et adapté à la réalité des différents secteurs étant donné l’impact inégal de la pandémie selon la nature des activités. Cet appui doit inclure le rôle que peuvent jouer les approvisionnements de l’État.
3) La soutenabilité des finances publiques et une action toujours plus stratégique de l’État :
- Une modernisation tangible de l’action et de l’appareil gouvernemental
- Le maintien des mécanismes de la Loi sur la réduction de la dette et instituant le Fonds des générations et de la Loi sur l’équilibre budgétaire.