Élections: bichonner l’économie pour prospérer

Tout comme pour les citoyens, il faut bichonner notre économie! Et pour la bichonner, il faut prendre grand soin de la vitalité de nos entreprises, de qui dépend la résilience de notre économie face aux soubresauts mondiaux, et donc, le bien-être des citoyens.

Lettre d’opinion du PDG du Conseil du patronat du Québec, Yves-Thomas Dorval.


Le Soleil, p. web – 18 août 2018

La prospérité d’une nation est un facteur qui court-circuite de trop grands clivages idéologiques dans le spectre politique et l’appétit populaire pour des positions extrêmes. À cet égard, le Québec a mieux tiré son épingle du jeu qu’ailleurs sur le front économique, et, à la veille du déclenchement des élections, on peut s’estimer heureux de vivre au Québec. Tout n’y est pas parfait, et les candidats des différents partis viendront nous le rappeler quotidiennement, mais les électeurs que nous sommes ne sont pas confrontés à des choix drastiques comme cela a pu être le cas dans certaines juridictions (très) proches de chez nous.

Par contre, le haut niveau d’incertitude et les menaces qui planent sur l’économie mondiale commandent une action politique en faveur d’une grande résilience économique, car tout indique que nous allons vivre quelques secousses. Certaines cycliques, et d’autres, en raison des idéologies extrêmes portées par certains chefs d’État.

Moralité de l’histoire ? Tout comme pour les citoyens, il faut bichonner notre économie! Et pour la bichonner, il faut prendre grand soin de la vitalité de nos entreprises, de qui dépend la résilience de notre économie face aux soubresauts mondiaux, et donc, le bien-être des citoyens. Attention, l’idée ici n’est pas de faire de cadeaux aux entreprises en les favorisant indument. Non. L’idée, c’est plutôt de mettre en place les conditions les plus favorables possible pour les rendre plus concurrentielles qu’ailleurs.

Même si les voyants ont été jusqu’ici plutôt aux verts, il demeure que le Québec connaît des lacunes historiques en matière d’investissement, de productivité et de maturité technologique. Bien que certains secteurs industriels ou certaines régions se démarquent mieux que d’autres, le bilan global reste encore contrasté, comme en fait foi notre plus récent Bulletin sur la prospérité du Québec. Parallèlement, il existe aussi un revers à la médaille des bonnes notes sur l’emploi, qui se traduit par une rareté de main-d’œuvre, particulièrement criante dans certaines régions et dans certains secteurs.

Ainsi, au cours de la prochaine campagne électorale, il est primordial pour les partis de ne pas tenir pour acquise la croissance économique de la province, et, surtout, de ne pas négliger les défis que représente la pénurie de main-d’œuvre.

Inspiré par sa plateforme économique 2018-2021, le CPQ recommande de mettre l’emphase sur quatre ingrédients de base nécessaires pour garder le cap sur la prospérité : des investissements stables et prévisibles en éducation et en formation continue; une fiscalité plus compétitive pour toutes les tailles d’entreprises (de même que pour les citoyens); activer vigoureusement les moteurs de croissance que sont l’innovation, la diversification et l’internationalisation; et, négocier correctement nos virages énergétique et numérique.

Une société prospère est une société productive, mais, pour y arriver, il importe de faire de l’éducation et de la formation une priorité, parce que nos défis économiques et sociaux vont être mieux supportés par des citoyens bien instruits et par des travailleurs à jour dans leurs connaissances et compétents. La situation démographique et du marché du travail ne nous autorise plus le luxe d’échapper qui que ce soit.

Rappelons que nous avons des finances publiques qui sont en ordre. Elles ne nous donnent pas la possibilité de faire des dépenses somptuaires, mais elles nous autorisent à donner davantage de marge de manœuvre aux moteurs de croissance. Il faut en arriver à une fiscalité plus concurrentielle, et ce, non seulement pour les PME, mais pour les grandes entreprises aussi. Prises trop souvent pour acquises, elles sont des importants pourvoyeurs d’emplois, bien rémunérés, et qui génèrent énormément d’activité économique dans le sillage de leurs affaires. Actuellement, on fiscalise à outrance le travail, l’innovation et l’investissement.

L’ingéniosité et la créativité de nos entrepreneurs ne sont plus à démontrer, mais ils ont maille à partir avec un cadre fiscal, législatif et réglementaire souvent beaucoup plus lourd que dans les autres juridictions en Amérique. Démarrer des entreprises, c’est bien. Les conserver, en attirer de nouvelles et les faire croître, c’est encore mieux. Il faut libérer les contraintes et les incertitudes reliées à l’investissement, qui permet d’augmenter la productivité de nos entreprises, et donc, de les rendre encore plus concurrentielles.

Les défis d’accompagnement des entreprises sont également grands au Québec pour réussir notre virage numérique et énergétique. Tandis que certains États se demandent encore s’il faut se présenter à la ligne de départ d’une course mondiale déjà lancée, nous nous sommes engagés en bonne position, mais c’est la réussite de ce virage qui déterminera qui sera gagnant ou perdant.

La prospérité du Québec et la situation économique relativement enviable qu’il connaît sont susceptibles d’être mises à mal sans une action économique porteuse du prochain gouvernement vers la productivité et la compétitivité des entreprises. La résilience de l’économie du Québec, de qui dépend notre niveau de vie et d’épanouissement social, est intimement reliée à la vitalité de nos entreprises.

Read the English version: Quebec’s economy shouldn’t be taken for granted

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