Introduction : une vision large de la réussite éducative
Si le milieu de l’éducation est affecté par une grande variété de mutations socioéconomiques, comme le vieillissement de la population, les technologies de l’information et des télécommunications, le numérique ou l’avènement de la société du savoir, c’est aussi le cas pour les entreprises et les institutions québécoises. Elles aussi font face à ces mêmes mutations et doivent miser sur une innovation et une créativité constante pour s’y adapter.
Les entreprises et les institutions québécoises de toutes tailles comptent sur les services à la petite enfance et sur le système d’éducation non seulement pour assurer une disponibilité de la main-d’oeuvre qualifiée, mais aussi, certains disent même surtout, pour permettre aux individus de s’intégrer à des équipes de travail dynamiques, harmonieuses et créatives. Avec une population vieillissante, la société québécoise peut moins que jamais se permettre qu’un jeune n’atteigne pas son plein potentiel. Il est maintenant devenu presque cliché de le souligner, et c’est tant mieux.
Aujourd’hui, tous les employeurs misent sur leurs employés pour se distinguer et créer des milieux de travail propices à la fois aux relations humaines et à la réalisation de leur mission, que celle-ci soit de nature commerciale, industrielle ou institutionnelle. L’éducation et le développement au sens large des jeunes générations prennent alors tout leur sens.
Compte tenu des besoins de la société québécoise comme des attentes élevées et variées des employeurs québécois, il est impératif de considérer la réussite éducative dans une perspective large. La réussite éducative doit donc être comprise non seulement par la réussite scolaire, bien que cette composante essentielle en fasse partie, mais bien comme l’atteinte du plein potentiel de tous les élèves. Le document de consultation pour une politique de la réussite éducative mise juste en adoptant cette définition.
La réussite éducative s’inscrit dans un continuum de services offerts dès la petite enfance. Pour chaque enfant, les jeunes années représentent un passage crucial marqué par les premiers apprentissages, la socialisation et la découverte de soi, de ses talents, de ses préférences et de ses qualités. Les services à la petite enfance vont aujourd’hui bien au-delà de la garderie, et c’est tant mieux. Ce sont de véritables institutions d’apprentissage pour les enfants, en plus de leur rôle dans la conciliation travail-famille des parents. Ce sont aussi des lieux charnières qui marquent les premiers pas de l’enfant dans le milieu scolaire et qui sont les mieux placés pour donner le goût d’apprendre en éveillant la curiosité de nos tout-petits.
Tout au long de son parcours, chaque enfant québécois sera encouragé à se développer sur les trois plans cognitifs suivants : la connaissance (le savoir), la pratique (le savoir-faire) et les attitudes (le savoir-être).
Chacun de ses aspects compte dans le développement personnel et la réalisation de son plein potentiel. Chacun de ses aspects regroupe des qualités essentielles permettant aussi d’intégrer le marché du travail et de contribuer pleinement à la société.
Le savoir et le savoir-faire sont des concepts qu’on associe fréquemment à l’éducation. On doit aussi tenir compte du savoir-être, le socle de la socialisation. Ainsi, le savoir-être inclut diverses attitudes développées par l’enfant dans un contexte personnel et social incluant, entre autres, la gestion de ses émotions, le contrôle de son comportement, la résolution de conflit, la gestion du stress, la responsabilisation, la coopération avec les autres, l’empathie, le civisme et la préservation de son environnement. Il n’y a pas de meilleur moment que la petite enfance pour entreprendre ce volet de l’éducation.
La présente introduction détaille une vision générale qui est essentielle pour articuler les réflexions du CPQ qui suivent. Elle se veut porteuse d’un certain consensus social autour de l’éducation, bien que cela ne signifie pas que tous les acteurs de la société pourront toujours s’entendre sur les moyens à mettre en oeuvre dans la pratique. Entre autres, cette vision ne réduit pas l’ampleur des défis auxquels la société québécoise est confrontée en la matière, et qu’il faut considérer avec lucidité. Elle les met plutôt en lumière et illustre les multiples dimensions du thème de la réussite éducative où les solutions doivent au mieux s’intégrer dans un système d’une grande complexité.
Ce mémoire débute donc par deux principes généraux qui transcendent les situations particulières et interpellent l’ensemble du système d’apprentissage québécois, des services à la petite enfance jusqu’à l’université. Par la suite, nous ferons des remarques spécifiques en lien avec différentes questions soulevées dans le cadre des consultations publiques sur la réussite éducative et de la Commission sur l’éducation à la petite enfance.