La quatrième révolution industrielle sera différente, à bien des égards, de tout ce que l’être humain a pu précédemment expérimenter… C’est du moins ainsi que Klaus Schwab, fondateur et président exécutif du Forum économique mondial, décrit l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et des communications (NTIC)[i].
D’autres spécialistes ou hommes d’affaires parlent littéralement d’une destruction créatrice telle qu’imaginée par Joseph Schumpeter, célèbre économiste autrichien du 20e siècle[ii]
[iii]. Selon cette conception, les NTIC et les transformations qui en découlent représenteraient les nouvelles activités économiques, qui, par leur caractère innovant, viendraient remplacer les industries n’ayant pas su profiter des plus récents avantages concurrentiels.
À cet effet, les entreprises innovatrices au Québec investiraient davantage que la moyenne dans la technologie de pointe[iv].
Nouvelles tendances technologiques
Concrètement, quelles sont ces NTIC ? En 2008, Angel G. Jordan, ingénieur électronique à Carnegie Mellon University, présentait dans un article scientifique les 20 orientations futures de la recherche en TIC. Selon ce tour d’horizon, une majorité de l’innovation concernerait essentiellement l’efficacité technique des TIC : ordinateurs quantiques, puces de silicium, transistors lasers… Dans une moindre mesure, Jordan voit en l’intelligence artificielle et l’apprentissage-machine des facteurs facilitants pour les TIC actuelles et futures.[v]
Huit ans plus tard, l’entreprise américaine de conseil et de recherche dans le domaine des techniques avancées, Gartner publiait son palmarès des dix tendances technologiques stratégiques pour 2017. On note dès lors une convergence des NTIC vers le développement d’un « maillage technologique intelligent ». 2017 serait alors le point de bascule pour les services, objets ou application reposant sur la connectivité, le numérique et l’intelligence. Gartner prévoit entre autres l’émergence plus importante de la réalité virtuelle et augmentée, du blockchain, intelligence artificielle…[vi] Ainsi, les anticipations technologiques semblent désormais axées sur une expérience qui va au-delà de l’amélioration technique des outils existant. C’est une rupture nouvelle par rapport aux modes de fabrication, de production, de consommation, de distribution et de gestion traditionnels[vii].
Impacts
Pour le professeur titulaire à l’École de management ESCA, Jamal Boukouray, les dirigeants devront s’attendre à de nombreux défis, dont la transformation de « l’homme analogique en opérateur numérique au service des usines-concepts », donc passer du travailleur assisté par une machine à la machine assistée par le travailleur. Aussi, les nouveaux métiers résultant de l’industrie 4.0, « soit n’existent pas encore, soit ne sont pas encore enseignés »… Enfin, ce ne sont pas que « les petits boulots » qui seront affectés, mais bien 2000 emplois différents qui devront être redéfinis.[viii]
Bref, la quatrième révolution industrielle bouleversera les moyens de production de la société, mais nous offrira également la perspective de collaborer autrement et de repenser nos villes, nos organisations, notre gestion, nos processus, notre monde… Les écosystèmes des TIC ont le potentiel de résoudre les grands défis actuels et induiront des changements profonds qui façonneront l’avenir des industries. Conséquemment, comment les dirigeants d’entreprises vont-ils repenser le rôle de leur organisation au sein de ces écosystèmes d’innovation ?
[i] Klaus Schwab. « The Fourth Industrial Revolution: what it means, how to respond ». World Economic Forum (Davos). En ligne. 14 janvier 2016. <http://bit.ly/2e9wFjJ>.
[ii] Bruno Carrias. « Travail : remplacer le modèle taylorien » chap. in. TIC 2025, les grandes mutations. Saint-Just-La-Pendue : FYP Éditions, 2010, p. 143-144.
[iii] France, Sénat. Recherche et innovation en France : surmonter nos handicaps au service de la croissance. Paris : Sénat, un site au service du citoyen. En ligne. <http://bit.ly/2h9o691>.
[iv] Marianne Bernier. L’utilisation des technologies de pointe dans les entreprises au Québec. Coll. « Science technologie et innovation ». Québec : Institut de la statistique du Québec, 2016, p. 9.
[v] Angel G. Jordan. «Frontiers of research and future directions in information and communication technology ». Technology in Society, vol. 30, no. 3-4 (2008), p. 388-396.
[vi] Gartner. « Gartner Identifies the Top 10 Strategic Technology Trends for 2017 ». Gartner. En ligne. 18 octobre 2016. <http://gtnr.it/2dB4CdP>.
[vii] Boukouray, Jamal. « De la quatrième révolution industrielle aux fondements du leadership 5.0 ». Gestion, vol. 41, no 2 (2016), p. 76-81.
[viii] Ibid.
À propos de l’AQT:
L’Association québécoise des technologies (AQT) contribue, à l’échelle du Québec, au rayonnement des entreprises des TIC et à la croissance de ce secteur de l’économie. Forte de ses 500 membres, elle rassemble et accompagne les dirigeantes et dirigeants d’entreprises technologiques en les appuyant dans le développement de leurs compétences et dans la performance de leur entreprise tout en favorisant l’évolution des pratiques commerciales. Organisme à but non lucratif autofinancé, l’AQT représente l’ensemble de l’industrie auprès d’instances décisionnelles et constitue aujourd’hui le plus grand réseau d’affaires des TIC au Québec. Voir leur site web.