Le spectre des émotions par lesquelles passent les entrepreneurs, dans les aléas du démarrage de leur entreprise, est complexe. Pourtant, les émotions ne diffèrent pas tant que ça d’un entrepreneur à l’autre, si ce n’est que dans leur expression, leur intensité, leur durée et la façon avec laquelle elles seront gérées.
Peu importe l’argent investi, peu importe le secteur d’activités, peu importe la personnalité et les antécédents socio-culturels et économiques des entrepreneurs, ils passent tous par des périodes intenses de joie, de fierté, d’accomplissement, mais aussi de doutes, de remises en question, de découragements. Ils expérimentent tous, à un moment donné ou un autre, une fatigue qui les affecte dans leur lecture des faits, un sentiment d’impuissance ou même une impression d’intrusion dans l’arène des affaires.
Les entrepreneurs sont alors plus vulnérables et perméables à la rétroaction, ou « feedback », reçu. Qu’ils se l’avouent ou non, derrière leurs airs déterminés et leur image de fonceurs, leur confiance en eux n’est pas inébranlable, particulièrement en période de démarrage d’entreprise où la peur de l’échec ou même de la réussite, entre autres, teinte plusieurs décisions cruciales.
On a souvent tendance à attendre les résultats et le succès pour applaudir le parcours entrepreneurial, mais juste oser l’entrepreneuriat est déjà, en soi, un petit exploit.
En effet, c’est seulement après avoir étudié le marché, investi ses sous, son temps, mobilisé ses contacts, pris son courage à deux mains, mis ses tripes sur la table et, surtout, foncé coûte que coûte malgré ses détracteurs que le projet d’entreprise peut voir le jour. Sans savoir de quoi sera fait demain. Sans garantie de succès. Avec pour seules certitudes que la route sera souvent cahoteuse, parfois sans pitié, que chaque erreur demandera de mettre sa main dans la poche à la recherche de nouveaux billets verts et qu’on perdra rapidement le décompte des heures travaillées durant la semaine.
Faire le saut en affaires, c’est admirable. D’autant plus qu’il faudra re-sauter, jour après jour. Ré-affirmer sa présence, justifier son existence, sa pertinence, relancer ses produits, ses services, stimuler ses employés… Rien ne sera jamais gagné d’avance.
Le succès d’une entreprise, c’est comme un petit miracle. C’est l’accumulation du génie de toutes les parties prenantes, des rencontres inespérées, de l’alignement des planètes aussi, qui y contribuent.
Reconnaître le courage dont font preuve les entrepreneurs pour emprunter la route des affaires, c’est bien. Les supporter moralement et émotionnellement autant que techniquement dans leurs périodes vulnérables, c’est essentiel. Leur exprimer notre gratitude pour leur audace et leur contribution à la prospérité de notre société, c’est encore mieux.
Peu importe les erreurs. Peu importe le chemin. Peu importe la finalité.
Bien sûr, il ne s’agit pas d’encourager aveuglément tous les projets en gestation ou d’éviter la franchise quand vient le temps de guider les entrepreneurs.
Mais, pour prospérer comme société, chaque contribution a son importance.
Sans être responsable de leurs réussites ou de leurs défaites, nous avons tous collectivement le pouvoir, d’agir comme éteignoir ou d’alimenter le feu sacré des bâtisseurs d’ici.