Environnement et changements climatiques : la réduction des GES est l’affaire de tous

En prévision des élections fédérales qui se tiendront le 21 octobre, le Conseil du patronat du Québec partage ses priorités et ses réflexions sur divers enjeux dans une série de lettres ouvertes.

Lettre ouverte d’Yves-Thomas Dorval, président et chef de la direction du CPQ, publiée le 26 septembre 2019 sur le site du quotidien Le Soleil.

Demain, des milliers de citoyens manifesteront pour demander une plus grande intervention des décideurs pour contrer celle qui est maintenant reconnue comme une crise climatique mondiale. Pour les entreprises et les employeurs, le défi est de taille, mais il n’est pas impossible. Bien que le désir d’adaptation soit bien présent dans la communauté d’affaires, l’appui par les politiques publiques est nécessaire pour lever les obstacles et favoriser la transition vers une économie décarbonisée, car il faut des outils fiscaux, réglementaires, financiers et sociaux pertinents et structurants.

Citoyen corporatif de premier plan, même le CPQ, soit le plus important représentant d’employeurs du Québec, demande aux différents partis fédéraux de s’engager concrètement aujourd’hui à faire de la lutte aux changements climatiques une priorité, en soutenant les créateurs de richesse pour poursuivre sur la voie d’une prospérité collective durable.

Mesures de réduction des gaz à effet de serre

Le prochain gouvernement doit identifier les secteurs prioritaires et prévoir des mesures ciblées afin d’appuyer les acteurs économiques dans la transition vers une économie sobre en carbone. Des investissements en mobilité durable (transport collectif, des personnes et des marchandises) ainsi que pour favoriser la transition énergétique (comme en électrification et dans les énergies propres) sont essentiels, à tous les niveaux. Des infrastructures doivent être disponibles pour permettre les changements de comportement, comme celles qui favorisent le transport en commun.

Une récente recherche chapeautée par la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal sur les GES industriels, a d’ailleurs souligné que dans certains secteurs au Québec il y a eu augmentation de l’activité économique, alors que leurs émissions de GES ont stagné voire diminué. C’est un signal encourageant. De plus, au Québec, les émissions industrielles de GES ont diminué de 23 % depuis 1990, alors que les émissions du secteur des transports sont en croissance.

Réglementation environnementale

Le projet de loi C-69 sur les évaluations environnementales crée de l’incertitude chez les investisseurs et alourdit la bureaucratie entourant l’approbation de grands projets. Comme nous sommes toujours aux prises avec un double système d’évaluation environnementale provincial-fédéral et que nous voulons voir les processus simplifiés, nous demandons aux partis de s’engager à travailler à alléger la réglementation environnementale, et ainsi faire mieux et plus avec moins de perte de temps et de ressources.

Taxe carbone

Il est raisonnable que les gouvernements établissent un prix sur le carbone. Le fédéral devrait même s’inspirer du modèle québécois, seule juridiction qui participe actuellement au SPEDE, afin de créer un environnement d’affaires canadien équitable pour l’ensemble des provinces.

Mais rares sont les politiques qui accordent aux industries à forte intensité énergétique un soutien dans la réduction de leurs émissions, même si elles font face à des contraintes de plus en plus lourdes, particulièrement au Québec avec la bourse du carbone. Et les industries qui déploient des efforts environnementaux ne bénéficient d’aucun avantage ou incitatif pour la réalisation de produits verts ou la perception de la marque. Cette situation constitue un sérieux frein aux efforts de décarbonisation.

Vers un changement de paradigme : l’économie circulaire

Véritable voie de l’avenir pour accélérer notre transition vers une économie plus verte, l’économie circulaire est un concept encore relativement peu connu en Amérique du Nord qui consiste à optimiser l’utilisation des ressources à toutes les étapes du cycle de vie d’un bien ou d’un service. L’économie circulaire permettrait de réduire l’impact environnemental, mais également d’obtenir des gains de productivité, d’efficacité et de rentabilité, en plus de stimuler la recherche d’innovation et de disposer d’un fort potentiel entrepreneurial.

Par contre, il faut que les différents paliers de gouvernement mettent en place les infrastructures requises ainsi que des conditions réglementaires facilitantes et des mesures fiscales et financières susceptibles d’accompagner les entreprises et les institutions dans leurs démarches et de stimuler les secteurs et les procédés à fort potentiel d’implantation de l’économie circulaire.

Conclusion

Les employeurs et les entrepreneurs doivent prendre activement part à la lutte contre les changements climatiques. Parce qu’ils font partie des solutions, et surtout, parce qu’ils ont la capacité d’en offrir de nouvelles, avec la créativité et l’ingéniosité qu’on leur connaît. Mais ceci demande que les gouvernements mettent en place des stratégies et politiques facilitant la rentabilité des investissements en innovation et en développement technologique, ainsi que l’adoption de réglementations environnementales intelligentes. Il en va non seulement de notre capacité et de celle des générations futures à évoluer dans un environnement sain, mais également de notre capacité à rester compétitif dans un monde économique en profonde mutation.

Nous vous proposons de lire également les lettres ouvertes du CPQ sur les investissements dans les services publics, sur la main-d’œuvre, sur la législation du travail, sur les moteurs de croissance ainsi que sur les finances publiques.

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