Quand la gourmandise syndicale détruit les emplois qu’elle prétend protéger

Lettre ouverte par la présidente et cheffe de la direction par intérim du CPQ, Me Marie-Claude Perreault, publiée le 17 juillet 2025 dans Le Journal de Montréal.

Au cours des dernières années, les conflits de travail n’ont cessé de paralyser des pans entiers de notre économie. 

Chaque semaine ou presque, un nouveau secteur se retrouve bloqué, des services essentiels sont interrompus et des entreprises stratégiques voient leurs opérations fragilisées.

Alors que le Québec fait face à l’une des plus grandes guerres commerciales de son histoire, il est également menacé de l’intérieur par des arrêts de travail répétés qui sapent sa compétitivité et ébranlent sa réputation.

Surenchère

Le récent conflit de travail chez Héroux-Devtek en est un triste exemple. Cette entreprise, hautement stratégique pour la chaîne d’approvisionnement aéronautique, est aujourd’hui plongée dans l’incertitude en raison d’un arrêt de travail qui menace des centaines d’emplois de qualité à Laval. Le dernier conflit dans cette entreprise remontait au siècle dernier. Malgré les efforts déployés par la partie patronale pour éviter une telle impasse, le dialogue a échoué, au détriment des travailleurs et l’économie québécoise.

Ce que nous voyons se répéter, c’est une surenchère de revendications qui dépasse la réalité économique dans laquelle évoluent nos entreprises. Pourtant, il est reconnu que les travailleurs du secteur de l’aéronautique bénéficient déjà d’excellentes conditions de travail. Ces emplois de qualité jouent un rôle essentiel dans la création de richesse collective et dans le dynamisme de notre économie.

Dans un contexte de concurrence mondiale et de pressions inflationnistes, refuser de faire preuve de réalisme revient à compromettre l’avenir même des emplois que l’on prétend défendre. La situation actuelle pourrait bien pousser cette entreprise, comme tant d’autres avant elle, à envisager de délocaliser ses opérations vers des milieux où les attentes sont plus réalistes.

Héroux-Devtek n’est pas un cas isolé. Trop souvent, les négociations se transforment en bras de fer idéologique, où la viabilité à long terme des entreprises est reléguée au second plan.

Bâtir un équilibre

La question qui s’impose désormais est la suivante : jusqu’à quand allons-nous tolérer que des postures irréalistes et des stratégies à courte vue fassent dérailler la croissance du Québec? Les employeurs et les syndicats ont un devoir partagé: celui de bâtir un équilibre durable, où le bien-être des travailleurs s’accompagne d’un environnement d’affaires propice à l’investissement et à la création d’emplois. Or, cet équilibre est trop souvent rompu par l’appétit mercantile des grandes centrales syndicales, dont les exigences démesurées menacent la prospérité de tous.

Il est temps de remettre la prospérité collective au cœur du dialogue social. Nous ne pouvons plus accepter que la gourmandise syndicale mette en péril l’avenir de tous. Le projet de loi 89, Loi visant à considérer davantage les besoins de la population en cas de grève ou de lock-out, pourra régler certains enjeux, mais sa mise en application arrivera-t-elle trop tard?

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