Les avantages économiques et sociaux pour une collectivité de favoriser l’achat local (services de proximité, produits fabriqués ou vendus localement) sont bien connus. Ce n’est pas d’hier d’ailleurs que les chambres de commerce et autres associations de commerçants mènent diverses campagnes de promotion visant à inciter les citoyens à soutenir l’économie de leur communauté en optant pour l’achat local.
Ce qui est moins évident, c’est que les avantages environnementaux d’une telle approche sont tout aussi indéniables : l’achat local permet de réduire le transport des marchandises et des personnes lié aux activités commerciales, et donc de réduire les impacts de ces déplacements sur la qualité de l’air et les émissions de gaz à effet de serre, entre autres. Les avantages environnementaux peuvent même être encore plus grands si l’on favorise les dépenses en service plutôt que les achats de biens de consommation. En effet, ces derniers ont l’inconvénient de générer des déchets et d’exercer de la pression sur l’exploitation des ressources naturelles.
Ces principes sont tout aussi valables dans le secteur de l’énergie : il vaut mieux chercher à répondre à nos besoins d’énergie avec des sources locales, plutôt que d’importer l’énergie de l’étranger. Au plan des avantages environnementaux, soulignons que l’on peut décupler ces bénéfices en favorisant les énergies propres et renouvelables plutôt que les énergies fossiles. Et par chance, au Québec, on a tout ce qu’il faut pour le faire.
Dépenser moins pour l’énergie, c’est aussi favoriser l’achat local et stimuler l’économie
En 2013, plus de 50 % de l’énergie totale au Québec était gaspillée et n’apportait aucune valeur ajoutée à l’économie.[1] Par conséquent, toute amélioration de l’efficacité énergétique procure de grands bénéfices à notre société : les commerces et les industries sont plus rentables et les ménages ont davantage d’argent disponible pour le dépenser dans la communauté. Et c’est sans compter sur le fait que les investissements en efficacité énergétiques sont reconnus pour générer eux-mêmes des retombées importantes dans les régions. On estime que dans le secteur de l’électricité, pour chaque million de dollars investi, l’efficacité énergétique génère 20 emplois, contre 14 pour l’hydroélectricité et seulement 3 pour une centrale au gaz[2].
Dans le secteur des transports, les gains économiques sont encore plus importants puisque l’énergie consommée, le pétrole, est entièrement importée de l’étranger. En 2013, c’est environ 18 milliards de dollars que les Québécois ont dépensé pour l’achat d’essence. Si on y ajoute les dépenses indirectes pour les achats de voitures, elles aussi importées, c’est environ 25 milliards de dollars qui annuellement sortent littéralement de l’économie du Québec.
Ainsi l’économie locale pourrait être dynamisée si l’on réduisait la consommation d’énergie dans le secteur des transports en optant pour des modes de déplacement plus efficaces. En effet, les économies de carburant réalisées seraient alors en grande partie investies dans les dépenses locales. De la même façon, si l’on remplace les énergies fossiles utilisées dans les transports par notre électricité, renouvelable et produite localement, on stimule l’économie québécoise. Dans une étude dévoilée en 2014 dans le cadre de la démarche
Par
notre PROPRE énergie
, il est démontré qu’une réduction de 16 % en 6 ans de la consommation de pétrole génèrerait des bénéfices économiques spectaculaires : 20 milliards de dollars de plus dans l’économie québécoise et 130 000 emplois/années dans toutes les régions[3].
En somme, le secteur de l’énergie peut vraiment être un très important vecteur de prospérité pour le Québec dans la mesure où on lui applique les vertus de l’achat local. Comment ? En réduisant d’abord la consommation, c’est-à-dire nos dépenses en énergie, puis en favorisant la substitution des énergies fossiles importées par des sources propres, renouvelables et de proximité.
[1]. Source : « État de l’énergie au Québec 2016 », Chaire de gestion du secteur de l’énergie HEC, p. 27
[2]. Source : « L’efficacité énergétique, moteur de la croissance économique au Canada », Pembina et Dunsky
[3]. Source : « Vingt milliards de dollars de plus en six ans : Les retombées économiques d’une réduction de la consommation de pétrole au Québec », RNCREQ, 2014