Chronique par Norma Kozhaya, vice-présidente – Recherche et économiste en chef du CPQ, publiée le 4 décembre 2025 sur le site du journal Les Affaires.
Au cours des dernières semaines, l’environnement et les politiques climatiques ont occupé une place importante, tant au Québec qu’au Canada et sur la scène internationale.
La liste est longue: la Conférence des Nations unies sur le climat tenue dans la ville amazonienne de Belém en novembre, les rumeurs d’une réduction de la taxe sur l’essence au Québec, les consultations du gouvernement provincial sur les cibles de GES et sur le projet de loi 7 ou encore, la mise à jour économique marquée par la réallocation des surplus du Fonds d’électrification et de changements climatiques (FECC) au fonds des générations.
Alors que nos gouvernements se réalignent face au contexte géopolitique changeant, notamment avec le désengagement des États-Unis à l’égard des politiques de réduction de GES, il devient nécessaire de prendre un certain pas de recul, de maintenir une vision de plus long terme et de positionnement stratégique.
La réponse aux enjeux climatiques et de réduction des émissions de GES a le potentiel de devenir un avantage compétitif pour les entreprises québécoises si, entre autres, elle soutient l’innovation, réduit les frais d’exploitation et renforce l’autonomie et la résilience énergétiques.
Cette réponse peut nous permettre de mieux anticiper les enjeux à venir tout en étant conforme avec des normes internationales plus contraignantes, de nous insérer dans des chaines d’approvisionnement et de faciliter l’accès à des marchés à travers le monde.
On peut penser notamment au mécanisme européen d’ajustement carbone à la frontière, qui passera en phase opérationnelle en 2026. Il faut rappeler que la Chine est un chef de file en technologies propres et le premier exportateur mondial de ces technologies.
Les politiques climatiques doivent miser sur des initiatives prometteuses qui ont le potentiel de donner le plus de résultats par dollar investi: développement des technologies vertes et des énergies propres, écofiscalité, économie circulaire, recherche et innovation.
Tout reste à faire si on veut atteindre nos objectifs, par exemple en établissant une stratégie d’économie circulaire qui viserait notamment l’optimisation de la productivité de toutes les ressources, dont l’énergie, de même que l’élimination des pertes.
Le gouvernement du Québec pourrait par exemple s’inspirer des gouvernements néerlandais et belge, qui se sont dotés d’objectifs et politiques ambitieuses d’économie circulaire.
L’écofiscalité est également un levier, relativement peu utilisé à l’heure actuelle, qui regroupe un ensemble d’instruments économiques visant à décourager les activités nuisibles à l’environnement et/ou à encourager les activités qui lui sont favorables et à en stimuler l’innovation (ex. : taxes, bonus-malus, redevance, tarification du carbone, droits d’émission, etc.).
Comme l’avait souligné la Commission sur l’écofiscalité du Canada, « une politique de tarification du carbone bien conçue peut réduire les émissions de GES de manière plus efficiente que toute autre politique».
Cette tarification, qui envoie un signal-prix aux consommateurs, est un moyen puissant, et souvent plus flexible que la réglementation, pour changer les comportements des acteurs et internaliser les coûts environnementaux des différentes activités économiques.La réduction des émissions de GES requiert des investissements substantiels, publics et privés, surtout en ce qui concerne l’innovation technologique et la gestion des ressources. Toutefois, pour investir, il faut une garantie de rentabilité, une certaine prévisibilité et stabilité dans les mesures qui peuvent être adoptées.
Depuis plus de 10 ans, le Conseil du patronat du Québec s’investit et soutient nos entreprises pour prendre le virage vert parce que c’est un potentiel énorme en matière de croissance économique pour le Québec.
Nous avons en effet beaucoup d’atouts pour bien nous positionner pour l’avenir: des institutions financières engagées, des grappes industrielles, des ressources naturelles, hydrauliques, minières, forestières, des pôles de recherches, de la main-d’œuvre bien formée, sans parler des énergies propres renouvelables.
Faisons-en une occasion, peu importe le sens du vent.