Lettre d’opinion du président-directeur général du Conseil du patronat du Québec, Yves-Thomas Dorval.
Le Soleil, p. 28 – 5 février 2017
Dans le contexte où le gouvernement est en train de mettre en place les outils pour orchestrer la transition énergétique du Québec et diminuer son empreinte carbone, le secteur du transport des marchandises, pilier de l’économie essentiel autant à la qualité de vie des citoyens qu’aux échanges commerciaux, doit aussi faire partie de la solution. L’optimisation des chaînes d’approvisionnement, l’intermodalité, l’innovation technologique, la valorisation de modes de transport moins polluants et l’amélioration de la performance sont autant d’ingrédients qui jouent un rôle clé dans les efforts de réduction de nos émissions de GES.
La contribution du transport maritime, reconnu pour son efficacité énergétique et responsable déjà du tiers du tonnage total au Québec, est ainsi appelée à croître davantage au cours des prochaines années, et notamment grâce à l’application de la Stratégie maritime gouvernementale. Dans ce contexte, le projet d’agrandissement Beauport 2020 du Port de Québec, avec son terminal multifonctionnel, prend toute sa pertinence.
L’emplacement et les caractéristiques techniques du Port en font une plaque tournante stratégique pour le transport maritime. Situé au centre du réseau routier et ferroviaire, ce lieu a la capacité d’accueillir d’imposants navires nécessitant une certaine profondeur pour accoster. Il mise sur une grande intermodalité, qui sera optimisée par le projet Beauport 2020. En étant en activité toute l’année, il joue d’ailleurs un rôle incontournable au sein de la route de commerce continentale, en en faisant un des ports les plus importants au Canada en termes de tonnage et de retombées économiques.
Mais dans un contexte marqué par une forte concurrence internationale et une évolution rapide des capacités logistiques, il n’est pas étonnant que le Port de Québec ait atteint sa pleine capacité de développement et qu’il n’échappe pas à la compétition féroce qui existe entre les ports de la côte Est américaine.
La région de Québec et l’ensemble de la province bénéficieront du gain d’efficacité et de capacité de traitement, des recettes fiscales supplémentaires engendrées par Beauport 2020.
Ce projet majeur représente en fait un investissement initial de l’ordre de 190 millions $, dont 70 % proviennent du privé, auquel sont susceptibles de s’ajouter des investissements de 250 à 400 millions $ pour l’aménagement d’installations supplémentaires à construire sur le terrain de l’arrière-quai. Dans sa phase de construction, qui devrait durer cinq ans, il est estimé que le projet créera 1200 emplois par année et quelque 1100 emplois permanents supplémentaires durant la phase d’opération. En somme, Beauport 2020 pourrait ajouter 100 millions $ par an en retombées économiques pour les 20 prochaines années, selon les estimations du Port.
De plus, tout en répondant à certaines préoccupations environnementales et sociales par des études d’impact, des mesures d’atténuation et des programmes de surveillance et de suivi environnemental rigoureux, l’organisme a déjà mis sur pied plusieurs outils de gestion significatifs et différentes activités portes ouvertes avec les communautés avoisinantes.
Le fleuve Saint-Laurent a été au coeur de la découverte de la Nouvelle-France à partir de l’Europe, du développement et de l’essor du Québec jusqu’à aujourd’hui, sans compter la fondation de la ville de Québec. Or, dans un contexte de concurrence mondiale accrue, le Québec et le Canada doivent investir dans la compétitivité de leurs pôles logistiques. Ils doivent profiter des avantages du Port de Québec, et ce, alors que les ports américains en eaux profondes ont déjà investi massivement pour offrir des infrastructures modernisées. Beauport 2020 s’inscrit dans cette démarche globale d’optimisation porteuse pour la prospérité de l’économie de tout le Québec et du Canada.