Cela fait plusieurs années que je le dis et que je l’entends dire autour de moi : Montréal et le Québec sont mûrs pour une transformation radicale sur le plan économique et social. On le sent bien, dans les murs, dans les rues, dans les conférences et dans les discours; nous détenons les clés, la culture et l’attitude qu’il faut pour nous lancer.
Il suffit de faire un pas.
La culture québécoise a ceci de particulier qu’elle permet de tisser facilement des liens. Notre héritage issu de l’immigration massive, le bilinguisme inhérent à notre histoire, notre curiosité insatiable d’explorateurs venus d’Europe, nous rendent plus sensibles à la nécessaire multiplicité des points de vue.
En effet, à l’ère où les problèmes sont complexes, seules des approches multidisciplinaires peuvent réussir.
Et sur ce plan, le Québec a tout ce qu’il lui faut.
Dans un premier temps, notre culture s’exprime par le succès de nos industries culturelles. Bien que le passé ne soit pas garant de l’avenir, les postures résolument modernes adoptées par des leaders comme Monique Simard de la SODEC mettent l’accent sur la collaboration : fonctionner ensemble, changer les façons de faire, s’adapter aux besoins d’aujourd’hui.
Ensemble.
Par-delà Xavier Dolan ou Arcade Fire — dont nous avons bien entendu raison d’être fiers — ce sont les succès émergents qui donnent le plus d’espoir. L’implantation d’initiatives internationales comme Museomix et Creative Mornings à Québec et à Montréal, ou la transformation de la province en véritable plaque tournante internationale de la conception de jeux vidéos, constituent autant de croisements entre disciplines.
Deuxièmement, le Québec peut tabler sur de grandes institutions d’enseignement post-secondaires et une forte tradition dans l’excellence de la recherche. Dans un monde où sciences naturelles et sciences humaines ont besoin l’une de l’autre, il est bon de voir de grandes institutions comme Polytechnique et l’ÉTS co-évoluer avec les départements d’économie, de philosophie ou de design de nos quatre grandes universités.
Des initiatives conjointes comme le Quartier de l’Innovation, ainsi que les nombreux programmes d’études conjoints entre ces institutions, doivent être appuyées.
Car ici comme ailleurs, les défis technologiques sont grands, et la compétition, internationale, est féroce. Si nous n’avons pas Stanford ou le MIT pour propulser la prospérité de nos villes et de nos communautés, nos universités tirent parti de la grande facilité qu’ont les québécois à collaborer.
Cette collaboration bénéficie de la multiciplité des lieux de rencontres, accessibles, souvent gratuits, stimulant l’écosystème de création. La Société des Arts Technologiques, la Maison Notman, les nombreux espaces de coworking, cet écosystème permet d’imaginer les entreprises de demain, petites et grandes, qui naîtront de ces lieux intermédiaires.
À cet effet, la prospérité du Québec passe nécessairement par une plus grande reconnaissance du rôle de l’entrepreneuriat comme source de croissance des individus, des collectivités et de la société dans son ensemble. Comme le rapportait La Presse, l’initiative menée récemment par la Caisse de Dépôt et Placement du Québec œuvre en ce sens : agissant comme « catalyseur », la Caisse s’est chargée de stimuler la génération d’idées innovantes pour stimuler l’entrepreneuriat.
La promotion de l’entrepreneuriat est, en fait, un enjeu de communication qui nous concerne tous. Le vaste succès de l’émission
Dans l’Oeil du Dragon
, ainsi que l’annonce de la mise en ligne prochaine d’
Alexandre et les conquérants
animée par Alexandre Taillefer, constituent d’excellents signaux. De telles initiatives se joignent à l’effort global de communication autour des vertus de l’entrepreneuriat.
Il faut continuer de marteler l’importance d’entreprendre et saisir l’opportunité d’une nouvelle génération dont le modus operandi consiste à expérimenter. Il faut normaliser l’échec, et avancer, résolument. Ensemble, définitivement.
Pour prospérer, il faut collaborer. Reste à tracer la voie. Avançons.