Améliorer l’environnement d’affaires du Québec pour mieux libérer son potentiel!

Le mot du PDG du CPQ, Yves-Thomas Dorval | 2 juin 2016


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À l’approche de la fin de la session parlementaire à Québec, il convient d’apprécier l’action gouvernementale des derniers mois en matière de développement économique et de jeter un regard vers les défis des prochains mois.

Ainsi, après avoir fait de la rigueur budgétaire une saine priorité dès le début de son mandat, on peut constater que le gouvernement du Québec s’est attaqué depuis le dernier budget à relancer plusieurs secteurs stratégiques. En effet, le milieu des affaires tient à souligner positivement les annonces des derniers mois concernant des initiatives porteuses de développement économique (stratégie québécoise de l’aluminium, stratégie maritime, politique énergétique, plan d’action en économie numérique, stratégie de l’aérospatial, etc.). Évidemment, il faudra que ses annonces se transforment en réalisations et en investissements concrets sur le terrain pour en apprécier la valeur.

Tout en appuyant davantage sur ces accélérateurs, il ne faudrait pas en même temps appuyer sur les freins à la prospérité, là où le Québec accuse encore des retards majeurs, particulièrement au niveau de sa productivité, tant dans le secteur public que privé. À ce titre, rappelons qu’en Amérique-du-Nord, le Québec offre un environnement d’affaires parmi les plus réglementés, avec une fiscalité plus imposante, des services publics plus généreux, et, enfin, un cadre législatif des plus favorables en matière de syndicalisme et de conditions de travail. En ajouter davantage dans ces domaines nuirait à la compétitivité du Québec, et c’est pourquoi le principe d’un « cran d’arrêt » en ces matières est aussi important.

Dans cette perspective, le CPQ (Conseil du patronat du Québec) invite le gouvernement à éviter les écueils suivants, car ils peuvent nuire significativement à l’environnement d’affaires au Québec.

Législation du travail et filet social : tout en accordant une attention particulière aux plus démunis de la société, il faut prévenir une surenchère de demandes touchant notamment : les revendications syndicales dans le cadre de négociations à venir dans certains secteurs comme la construction et le municipal, un salaire minimum à 15 $, une bonification des retraites, une pension à vie et des alourdissements en matière de normes, d’équité et de santé et sécurité du travail. Autant de demandes qui, prises ensemble, mineraient davantage la productivité du Québec, risqueraient de dissuader les investisseurs et augmenteraient globalement les coûts dans le secteur public également.

Réglementation : même si des efforts au sein d’un comité sont en cours en matière d’allègement, il faut mettre en œuvre un véritable « cran d’arrêt » à la surréglementation, tout comme le gouvernement a pu le faire pour ses dépenses de programmes – actuellement, le cadre réglementaire au Québec fait malheureusement partie des plus volumineux et des plus complexes en Amérique du Nord. Cette situation paralyse non seulement les entreprises dans leurs activités, mais occasionne des délais importants dans les prises de décisions dans presque tous les domaines réglementés au Québec, en passant par l’environnement, les ressources naturelles, la délivrance d’autorisations diverses, etc.

Imputabilité et reddition de compte : le CPQ fait sienne la volonté de doter le Québec des meilleures pratiques d’éthique et de transparence, par contre, là encore, la quantité ne fait pas la qualité. L’appareil étatique du Québec et de ses municipalités est en train de s’emmurer dans une superposition de mécanismes n’ayant pas tous une valeur ajoutée, qui occasionnent des dysfonctionnements non acceptables, tout particulièrement dans la gestion des contrats publics et pour le paiement des fournisseurs.

Dans tous ces domaines, le CPQ estime que d’« en ajouter plus ne signifie pas faire mieux ».

Par ailleurs, sur le plan de l’adéquation formation-emploi-compétences, chacune des initiatives économiques gouvernementales devrait être accompagnée d’un plan d’action spécifique touchant la main-d’œuvre, incluant des ressources budgétaires nécessaires pour leur réalisation et des obligations en matière de collaboration entre les ministères, les réseaux et autres organismes concernés, de manière coordonnée, afin de mieux répondre aux besoins du marché du travail.

Enfin, il faut faire de la culture économique, un ciment à la base de notre éducation générale, pour faciliter la compréhension du citoyen des enjeux économiques, fiscaux et financiers, tant sur le plan personnel que sociétal, et pour inculquer également, une culture de l’entrepreneuriat forte.

Bref, il faut s’affairer à rendre l’environnement d’affaires beaucoup plus concurrentiel au Québec, sans quoi, nous pouvons craindre que les efforts consentis par le gouvernement aux chapitres de la rigueur budgétaire et de la relance économique n’atteignent pas les objectifs visés.

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