Lettre d’opinion du président-directeur général du Conseil du patronat du Québec, Yves-Thomas Dorval.
Le Soleil (Québec), p. 30 – 27 septembre 2015
Le Journal de Montréal, p. 28 / Le Journal de Québec, p. 14 – 29 septembre 2015
Les entreprises ne votent pas et sont perçues par certains comme une cible facile pour aller « chercher de l’argent » sans déplaire aux contribuables. Pourtant, il faut le rappeler, taxer davantage les entreprises, c’est s’attaquer à la création d’emplois, aux investissements et à la prospérité des citoyens.
Au lendemain d’un premier débat en français et à moins d’un mois du scrutin, le CPQ souhaite rappeler de manière non partisane cette vérité économique primordiale et invite tous les partis à prendre des engagements visant à améliorer l’environnement d’affaires au Canada. Il est d’autant plus important pour le gouvernement fédéral de maintenir un climat stable et positif pour les entreprises, dans le contexte d’incertitude qui pèse actuellement sur l’économie canadienne et mondiale.
Les employeurs canadiens que nous représentons sont préoccupés par le maintien d’une fiscalité et d’une réglementation concurrentielles tant en Amérique du Nord que sur le marché mondial. Nous croyons non seulement que l’impôt des sociétés ne devrait pas augmenter, mais que le prochain gouvernement devrait se pencher sur le coût et le financement de différents programmes payés par les cotisations sur la masse salariale. Celles-ci constituent en effet un fardeau important qui nuit à la création d’emplois.
C’est notamment la raison pour laquelle le CPQ émet ainsi de sérieuses réserves en ce qui a trait aux différentes propositions de bonification du Régime de pensions du Canada (RPC/RRQ). Rappelons que, sur le plan international, le Canada se classe relativement bien en ce qui a trait à l’épargne-retraite. De plus, une telle bonification n’encouragerait pas le prolongement de la vie active, objectif sur lequel l’accent devrait être mis dans le contexte du vieillissement de la population, ni l’épargne personnelle dans d’autres investissements comme la propriété d’une résidence.
Le CPQ espère aussi que le prochain gouvernement maintiendra la diminution annoncée du taux de cotisation à l’assurance-emploi de 1,88 $ cette année à 1,49 $ par 100 $ de gains assurables en 2017. De plus, l’introduction d’un crédit de cotisation à l’assurance-emploi pour les dépenses de formation, notamment celles liées à l’implantation de nouveaux investissements, permettrait de contribuer à maintenir et à créer des emplois.
Dans un domaine plus spécifique, le CPQ tient à signaler que les changements récents apportés au programme des travailleurs étrangers temporaires rendent le processus d’embauche de ces travailleurs beaucoup plus complexe et coûteux. Malgré leurs objectifs louables, ces changements risquent d’avoir des répercussions négatives sur plusieurs employeurs aux prises avec de véritables problèmes de recrutement, comme c’est présentement le cas pour les pomiculteurs québécois. Les employeurs québécois espèrent que le prochain gouvernement rendra les règles plus flexibles et prévisibles.
La maximisation de la création d’emplois passe enfin par l’ouverture et la diversification des marchés. Le CPQ souhaite que le prochain gouvernement poursuive les efforts en vue de la ratification de l’Accord économique et commercial global avec l’Union européenne, de même que la conclusion d’une entente de Partenariat transpacifique, tout en assurant aux agriculteurs concernés par les mécanismes de gestion de l’offre, des conditions qui tiendront compte de leurs préoccupations légitimes.
Entretemps, il serait utile de mettre en place des programmes pour mieux préparer nos entreprises à tirer profit des nouvelles occasions d’affaires qui se présenteront à elles, notamment par la formation et l’information. Plusieurs programmes peuvent avoir un effet de levier structurant sur la productivité, l’innovation, la commercialisation et la réduction de l’empreinte environnementale des entreprises.
Nous encourageons tous les partis à prendre position sur ces questions et à expliquer clairement, d’ici le 19 octobre, comment ils amélioreront l’environnement d’affaires au Canada.